KARNATAKA ET TAMIL NADU, le livre de la jungle

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KARNATAKA ET TAMIL NADU, le livre de la jungle

La série “Nathalie et Jérémie vous montrent comment c'est super l'Inde à vélo” continue pour un 8ième épisode ! Vous pouvez retrouver tous nos articles, photos et vidéo sur le site internet :
http://inde-a-velo.jeremiebt.com

(Ecrit le 30 décembre, à Thrivandrum, Kerala)

Namaskara ! (« Bonjour » en Kanada, langue dravidienne parlée par 65% de la population de l'état du Karnataka).

Des Sadhous, mi ermites-mystiques, viennent fumer du hash.
Des femmes aussi belles que leurs saris sont sales attendent leurs maris qui déjeunent.
Non loin, des cuves remplies d'eau servent de baignoires communes.
D'énormes femmes y lavent des linges écarlates.
Nous nous reposons quelques heures dans ces cavanserails des temps modernes.

Nous attirons des ilots de foule au milieu de la foule.
On s'y trempe délicieusement.

Pour se fondre un peu dans la masse, Jérémie se demande s'il doit aussi se gratter les couilles en public.
Ici, tous les hommes se grattent les couilles, se les repositionnent dans la culotte à longueur de journée. Bien sûr il y a la chaleur, la transpiration qui colle les bonbons, mais ce manque de retenue nous semble être aussi le désir de s'affirmer dans une société phallocentrique.
On est un mâle ou on ne l'est pas ?
Comme dit Christian dans la réponse à nos jeux, ces niaiseries ne valent peut-être pas une aquarelle, on ne dit pas ça à dessein.

Le Karnataka sera pour nous l'avant dernier acte d'une pièce de théâtre qui se joue depuis juillet 2014, sur les planches d'un monde fait d'hommes, de femmes et d'enfants très différents… et puis au fond… pas tant que ça.
Alléluia, Inch'Allah, Bouddha, Shiva, Adriana, chabadabada ou taratata, qu'à cela ne tienne.
Même nous, finissons par avoir la foi. La foi en nous avant tout !
Car traverser un pays comme l'Inde n'a rien de facile et d'ordinaire mais a plutôt tout d'extraordinaire et d'extrême…

D'extrêmement déroutant pour des cyclos pourtant déjà un peu aguerris des situations cocasses, dangereuses, angoissantes, parfois violentes, mais là on n'avait pas encore tout vu…

En Inde, plus qu'ailleurs, la réalité est complexe, et la société composite.
L'Inde nous semble être un miracle géopolitique.
Les situations qu'on y rencontre tourneraient dans n'importe quelle autre civilisation en guerre civile sanguinaire.
Quels sont les secrets de cette « instabilité stable » ?
Peut-être la réponse se trouve dans les villes, alliance de modernité et de tradition…

Dépassant les régions, nous essayons de savourer les nuances de faciès depuis le début de ce voyage.
Les Indiens ont la peau chocolat, avec des nuances allant du chocolat blanc ou noir, en passant par le chocolat au lait.
Il existe des pâles, surtout dans le nord, mais dans le sud, la majorité sont foncés.
Le nez plus épaté, les cheveux plus frisés…
Un ersatz africain sans doute.

Avant de partir, dans un train reliant Lyon à Nice par la côte, nous nous étions aperçus que la vue de la mer turquoise ne nous faisait presque ni chaud ni froid.
Surpris de constater qu'un peu blasés, nous venions d'être rattrapés par la monotonie et l'accélération du monde, et que nous voulions changer de décors et pas seulement de fond d'écran.
C'est peut-être un peu ce qui nous est arrivés dans le Karnataka, où les kilomètres de ville, de bruit, de camions, sont vécus comme autant de turbulences monotones dans notre voyage.
On rêve au cap sud, à la fin où l'on mettra le pied à terre au Cap Comorin, rencontre exacte de trois océans.

Etant bisounours sur les bords, on décide que finalement on aime bien les Indiens…
Allez, même ceux qui mettent la clim à fond et qui jettent tout par terre (c'est dur vous en conviendrez) !

Dixit mon amis Charles, nous sommes encore plus que renforcés dans notre admiration de l'œcuménisme Indien : le croisement de l'Hindouisme, l'Islam et des autres trucs de l'Asie est magnifique de paix et de respect, son enrichissement par les cultures chinoises et arabes d'une valeur sans bornes, et la présence de tant de religions et de peuples aussi différents au sein d'une même nation devrait être un modèle pour nombre de pays se targuant d'une tolérance et d'une laïcité imaginaires (on ne peut pas faire plus évident, comme allusion !)…

Le voyage avance ses pions.
Plus que jamais notre carburant pour arriver en bas est notre détermination, la force humaine et la force mentale.
Le chemin enseigne, l'aventure est la pour nous réconcilier.

Après avoir respiré la pollution de Goa à plein poumons, nous gagnons la jungle, les plantations de thé, et entre tout ça les villes de 2 millions habitants.

Bienvenu dans le Karnataka, avec des éléphants, des araignées, des singes, et des hindous qui croient que faire brûler de l'encens devant des statues, ça aide.
Nous passons des journées à échanger des regards, fugaces mais saisissants, avec une faune sauvage toute en vitalité… Les singes nous racontent des trucs (ou se foutent de notre gueule de blanc-bec), la forêt a gratté nos sacoches, la nature est farceuse. La prendre par le bout du nez, et le tordre un peu, pour voir.

Nous moulinons des jambes, mais aussi à l'intérieur de soi, les grumeaux de pensées qui souvent grommellent et parfois trouvent leur sens: LE SUD !

Alors si vous voulez savoir si le vélo à survécu à l'éléphant qui voulait monter dessus, ou alors comment qu'on fait pour traverser la jungle Indienne à moitié nu sur un vélo, ou encore quels sont les dommages collatéraux d'un repas de riz trop épicé avec de l'eau croupie, si vous voulez comprendre le titre de ce reportage, si vous vous demandez si nous sommes des traitres à nos valeurs et à la nature, si on a pédalé 5.000 kilomètres pour rien ou pas grand-chose, si nous sommes en pleine remise en cause existentielle: « mais késkonféla ??? » agrémenté d'un refus de coopérer avec les autorités sanitaires: «Non, on se lavera pas les pieds » … cet article est pour vous.

Même si on n'a pas assez de place dans les sacoches, on vous emmène pour un nouvel épisode de “Nathalie et Jérémie vous montrent comment c'est super cool (mais pas zen) l'Inde à vélo”-> http://inde-a-velo.jeremiebt.com

Et n'oubliez pas de jouer à nos quizz pour gagner des aquarelles ! : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/jeux/

Nathalie et Jérémie, Mowgli et Mowglette

  • PS 1 : Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/
  • PS 2 : Même si on préfère « Tu m'enivres » qui vaut mieux que « Tu m'énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.
  • PS 3 : On aime beaucoup avoir de vos nouvelles nous aussi, alors n'hésitez pas à nous envoyer un mail ou à laisser des commentaires tout en bas des pages du site. Nous lirons ces lignes goulûment !
  • PS 4 : Merci divinement à Alex', Phil et Xav' qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.
  • PS 5 : Kikadikoi ? «A raison de 3-4 par jour, ce voyage, ça m'aura fait aimer la banane… !».
  • PS 6 : Le premier vomi de Jérémie arrive début décembre ! Belle perf ‘
  • PS 7 : Notre petit ordinateur portable nous lâche, la camera embarquée sur le vélo de Nathalie aussi, trois des quatre batteries de l'appareil numérique de Jérémie rendent l'âme… Il reste 3 semaines de voyage… tenons bon.
  • PS 8 : La roue arrière de Jérémie fait de siennes, 5 rayons cassés en trois jours ! Du coup, c'est Nathalie qui récupère le maillon faible car elle est moins chargée.
  • PS 9 : Qu'on se le dise ! Notre fête de retour se fera dans notre ancien/nouveau chez nous le vendredi 23 janvier !
    Demandez le programme ! Ecrivez nous en privé pour les détails.
  • PS 10 : Kikadikoi ? « J'ai un truc qui est rentré, qui a tapé contre mes dents, rebondit dans ma bouche et qui est ressortit… »
  • PS 11 : Appréciez tout au long du reportage la nouvelle chemise de Jérémie…
  • PS 12 : C'est dans le parc « Indira Gandhi «  que nous accomplissons notre 5 000 ème kilomètre !
  • PS 13 : Kikadikoi ? « On s'habitue à se faire servir, nan ? J'avoue, passer 1h à cuisiner pour un truc qu'on va manger en 15min … »
  • PS 14 : Il est amusant de constater la répartition spontanée des tâches qui s'est organisée entre nous.
    L'Homme gère la carte routière et l'entretien des vélos. La femme installe l'intérieur de la tente, et s'occupe de la nourriture. Pourtant, nous n'avons pas forcément un élan naturel à l'éducation dite traditionnelle ! RHAAAAAA damné société va !

Nous vous avions laissez à Goa, pays des cocotiers et des plages de sable fin, et nous nous rendons dans le Kerala en passant par le Karnataka et le Tamil Nadu.
Peur ceux qui n'ont pas prit l'option « Géographie Indienne » à l'école, on est par là :

Et ça ressemble à ça :

Quelque anciens dessins de Jérémie sur le Rajasthan, enfin terminés pour vos beaux yeux.

Comme vous le voyez, Attilio est toujours de la partie, et les scorpions aussi 

De suite croqué par Jérémie avec d'autres rencontres, notamment une menthe religieuse !

Entre paradis marins ourlés de palmiers, jardins d'épices mélangés aux plantations de thé et jungles urbaines parsemés de vieux temples hindous, l'Inde du Sud promet de nous offrir d'innombrables merveilles.

Des milliers de kilomètres de côte bordent des plaines fertiles et des collines, auxquelles la double mousson annuelle confère une beauté luxuriante. Danses cocoteraies, rizières étincelantes, jardins d'épices parfumés, verdoyantes plantations de thé…

Encore un beau spot de camping sauvage ;)

UNE HISTOIRE DE CANNE A SUCRE

Dans les campagnes alentours, les locaux s'agitent pour la coupe de la canne a sucre, si important dans le régime alimentaire des buveurs de thé.
On aperçoit des dizaines d'hommes et de femmes qui crient à tue-tête et accumulent les cannes le long des champs.
Solidarité, entre-aide ou simplement ouvriers mal payés ?
Peut-on dire qu'il s'agirait d'un aperçu de l'effervescence qui régnait dans nos campagnes avant la révolution verte ? Certains, les plus riches surement, ont quand à eux optés pour le travail rapide, la moissonneuse batteuse. Pour info, la mécanisation de l'agriculture fait parie des objectifs de la politique agricole indienne.

Après la moisson, les hommes passent avec les bœufs pour déchaumer les cannes et préparer la culture suivante...
Ici, la monoculture n'est pas un souci, tant que ca rapporte !
Sur les chemins entre les champs, des campements qui semblent nomades sont installés. Ces bergers assurent l'entretien des digues entre champs en y faisant paitre leurs troupeaux de chèvres et de vaches une fois la récolte terminée.

UN VOYAGE QUI REPREND UN PEU HAUTEUR

Apres un mois de route côtière, on se dit que changer de décors nous ferait du bien.
Alors faisons comme les colons anglais, et nous nous réfugions loin des moustiques dans la fraicheur des montagnes du Nilgiri.

Apres quelque milliers de kilomètres de plat, nous nous refamiliarisons petit à petit avec la grimpette.
C'est dur, mais ce n'est qu'un avant goût de ce qui nous attend pendant 3 semaines.

L'avantage, c'est qu'il fait plus frais, on dort sans ventilateur, il y a moins de moustiques, nous remettons des chaussettes et un pantalon, Jérémie achète même un pull…

Le paysage dans les campagnes du centre de l'Inde change, la terre devient rouge ocre, celle-ci est riche et parfaite pour tout type de culture. Nous traversons une région où les collines sont faites de milliers de rochers empilés les uns sur les autres.
Le vélo est aussi le moyen de rencontrer (brièvement) beaucoup de monde en bord de route, les villageois partant travailler dans les champs, le vendeur de coco sur le bord de route, mais aussi les bergers suivant le troupeau de chèvres.

En trois jours nous sommes littéralement explosés.

On a besoin de siestes … alors que Attilio lui gambade !

Il prend de l'avance pour aller chercher Jeanny son amoureuse qui vient passer un mois en Inde avec son velo.
Le voilà partit pour 260 km de montagne en 2 jours, alors que nous on s'effondre dans une guest house 20 km plus loin pour récupérer. On est complètement mort, et lui c'est sur, Il n'est pas  humain (ou alors bien amoureux) !
On les retrouve dans une semaine à Mysore.

Ca fait longtemps qu'on vous en avez pas mis, mais il y en a toujours des temples ! Partout !

Puis de quoi les fleurir et les décorer :

Les musulmans ne sont pas mis de côtés non plus, il y en a pour tout les goûts et les couleurs (enfin surtout le noir)

Ces femmes invisibles passent ensevelies de haut en bas dans une housse noire percées d'un trou pour ne pas qu'elles se prennent les murs. Si ce n'était pas le cas, sûr que ces femmes en seraient privées, en plus du reste.

Et puis pour tous les autres …

Longue route triste et monotone à travers les paysages bucoliques du Deccan…

On mange, on dort, on roule, et Jérémie s'est dit : « Et si je goûtais une tartine de piment ? »

Ca pique … !!

Quelques poussins à acheter …

Vous vous rappelez le Paan ? La feuille à chiquer toute sucrée ou pleine de tabac suivant les goûts.

A Shimoga, une chouette équipe qui a réparé le vélo de Jérémie en un tour de main ! Sa roue arrière avait fait des siennes, 5 rayons cassés en trois jours !

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, un contact chez qui nous devions aller dormir finit par nous dire le midi de notre arrivée qu'il habite à 40km de Chikmagalur, la ville prévue, et 40 bornes pas dans la bonne direction pour la suite de notre chemin forcement … logique Indienne typique. Ils ont toutes les informations nous concernant mais ne communiquent qu'au dernier moment les leurs …

Mais fonctionnement aussi complètement Indien, il y a toujours une solution !!! Une déconvenue est très souvent synonyme de bonne surprise, il nous met en contact avec un bon ami à lui, Nisa, propriétaire terrien et manager d'une école privée réputée de 1500 élèves, chez qui nous passerons deux nuits. Le paysage autour de chez lui est magnifique, merveilleusement dangereux aussi. Bien nous en a prit de ne pas se dire « Et si on plantait la tente ce soir ? »

Pas si loin que ça à vol d' oiseau de la ville, 11 tigres ont été recensés sur 30km autour du pic montagneux. 30 km, c'est à peu près la surface habitable pour un tigre. Des fois, il va un peu plus loin, comme 10 jours plus tôt. A 7h30 du matin, un tigre de cette réserve a tuée une femme allant travailler dans une des plantations de café de Nisa. A 7 km de sa maison, à 1 km de la route où nous sommes passés. L'attrait de Nathalie pour la grasse mat' nous a peut-être sauvés d'une rencontre en tête à tête avec un de ses copains !

Nisa nous raconte aussi qu'il a vu il y a quelques années des éléphants défoncer son jardin, un léopard manger un chien sur le parking de la maison de ses voisins…

Finalement, on est plus si sur que ça d'avoir envie de voir des tigres …

TO SCHOOL OR NOT TO SCHOOL

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, un contact chez qui nous devions aller dormir finit par nous dire le midi de notre arrivée qu'il habite à 40km de Chikmagalur, la ville prévue, et 40 bornes pas dans la bonne direction pour la suite de notre chemin forcement … logique Indienne typique. Ils ont toutes les informations nous concernant mais ne communiquent qu'au dernier moment les leurs …

Mais fonctionnement aussi complètement Indien, il y a toujours une solution !!! Une déconvenue est très souvent synonyme de bonne surprise, il nous met en contact avec un bon ami à lui, Nisa, propriétaire terrien et manager d'une école privée réputée de 1500 élèves, chez qui nous passerons deux nuits. Le paysage autour de chez lui est magnifique, merveilleusement dangereux aussi. Bien nous en a prit de ne pas se dire « Et si on plantait la tente ce soir ? »

Pas si loin que ça à vol d' oiseau de la ville, 11 tigres ont été recensés sur 30km autour du pic montagneux. 30 km, c'est à peu près la surface habitable pour un tigre. Des fois, il va un peu plus loin, comme 10 jours plus tôt. A 7h30 du matin, un tigre de cette réserve a tuée une femme allant travailler dans une des plantations de café de Nisa. A 7 km de sa maison, à 1 km de la route où nous sommes passés. L'attrait de Nathalie pour la grasse mat' nous a peut-être sauvés d'une rencontre en tête à tête avec un de ses copains !

Nisa nous raconte aussi qu'il a vu il y a quelques années des éléphants défoncer son jardin, un léopard manger un chien sur le parking de la maison de ses voisins…

Finalement, on est plus si sur que ça d'avoir envie de voir des tigres …

HAND IN CAP

Expression anglaise utilisée jadis pour rééquilibrer un troc entre deux personnes : mettre de l'argent dans un chapeau pour rétablir une égalité de valeur ; transformée ensuite dans le domaine sportif pour donner autant de chance à tous les concurrents en imposant des difficultés supplémentaires aux meilleurs.

En Inde, discrimination et stigmatisation sont le quotidien pour les 40 à 80 millions de personnes en situation d'invalidité mentale et/ou physique. Les familles cachent cet être considéré comme un poids, une tare, d'autant plus si c'est une femme.

Violences domestiques, abus sexuels, abandons, stérilisations et avortements forcées sont choses courantes.

Handicap est synonyme de marginalisation. Ces enfants ne peuvent être mariés, les familles ne veulent même pas du frère ou de la sœur, de peur d'avoir des petits-enfants dans le même état. Pour les femmes, si elles arrivent à être mariées, une sœur sera donnée à titre de compensation pour aider le mari …

Et souvent ces enfants sont nés hors mariages, les normes sociales ne permettent pas à la famille de les garder … ils sont alors abandonnés pour une grande partie.

Petits, ils peuvent se retrouver déposés pendant une nuit devant un orphelinat pour personnes handicapés, recouvert d'une couverture pour passer la nuit …

Après 18 ans, il n'existe quasiment aucune institution capable de les accueillir. Soit les familles se sentent capable de les garder chez eux, soit les parents donnent de l'argent à un domestique pour qu'il s'en charge … libre à sa conscience alors d'en prendre soin ou de le fourrer dans un train pour s'en débarrasser … ce qui arrive assez régulièrement apparemment.

Trouvés par les locaux, la police, errant dans la rue, attendant devant la grille d'un centre, … c'est ainsi que la plupart des jeunes et moins jeunes du centre pour handicapés de notre hôte sont arrivés ici.

42% de la population vit encore en-dessous du seuil de pauvreté. Le handicap vient alors accentuer la pauvreté et l'exclusion. Et le nombre de personnes en situation de handicap ne cesse d'augmenter à cause de la mauvaise nutrition, des mauvaises conditions de vie et de travail, de l'accès limité aux soins, du manque d'hygiène et d'assainissement, de l'accès limité à l'information … et de la consanguinité.

Consanguinité pour conserver le même statut, la même caste et surtout par peur de l'étranger, même s'il est Indien. Pour les communautés musulmanes se sera entre cousins alors que les Hindous vont plutôt unir oncles et nièces.

Et tout le monde sait que consanguinité peut rimer avec malformations cardiaques, retard mental, paralysie, … rien n'est sur à 100% mais les risques sont nettement augmentés. Et ce n'est qu'en faisant des examens pendant la grossesse que l'on pourra savoir. Mais connaitre le sexe de l'enfant avant sa naissance est interdit en Inde. On peut se douter alors que faire d'autres examens prénataux ne doit pas être chose courante …

BELURU ET HALEBIDU, deux sites idéaux pour les fans de vieux cailloux bien agencés!

Jolie expérience en milieu touristique dans ces temples de la dynastie Hoysala, souverains qui régnèrent entre le XIe et le XIVe siècle.

Le monument principal de la ville est le temple de Chennakesava, dont la construction débuta en 1116, pour s'achever 103 ans plus tard. Elle fut initiée pour célébrer la victoire des Hoysala sur les Chola.

Halebidu est à une portée de pédales. Beaucoup plus que Hampi qui était peut-être 100 fois plus grand, plus beau, plus impressionnant, mais aussi nettement plus loin pour nos pauvres petites jambes !! Sur 6 mois, il faut faire des choix. Revenons donc à Halebidu.

La construction de son temple Hindou, Hoysaleśvara, dédié à Shiva et à la déesse Pârvatîa, dura 80 ans, et ne fut jamais achevée. Comme vous pouvez le voir, le temple a une valeur historique indéniable pour ses sculptures très détaillées.

Les deux temples sont de plans comparables, en forme de croix, reliés entre eux, chacun étant gardé par un taureau (Nandi). Ils sont richement décorés de sculptures de dieux et de déesses, comme de scènes mythologiques tirées du Mahābhārata (allez sur Wikipedia, nous on sait pas ce que c'est).
L'architecture y est fantastique et surpasse grandement tout ce qu'on peut voir en Inde et qui fut construit plus récemment.
Ces photos représentent un peu l'ambiance incroyable qu'il y avait ici, dans un décor digne d'un des plus grands royaumes des Indes.
D'énormes rochers couleur anthracite se dressent parmi les palmiers et les bananeraies.
Les temples somptueux, dominent le paysage.

Avant la nuit, nous laissons derrière nous ce temple minéral figé parmi les siècles...

Spectacle ambulant retraçant magistralement pour la foule ébahie des épisodes de la vie de Shiva par l'intermédiaire de marionnettes en carton-pâte, de transistors grésillant ainsi qu'un jeu de lumière saisissant qui relève avec brio tout le drame de cette scène divine.

On retrouve des rizières !

MYSORE : LA MAJESTUEUSE VILLE PARFUMEE

Nous lisons :

« La ville doit son nom à l'endroit où une courageuse déesse tua un féroce dragon. Au delà du mythe, Mysore est une cité charmante et flâner parmi les bazars qui embaument le santal, les fleurs fraîches et l'encens est enivrant. »
Ha bon ?
En tout cas c'est ce que disent les guides, nous on trouve que comme partout ailleurs ça pue.
Il y a des moments où tout est laid. Les bruits, les odeurs, ce que l'on voit. Ouvrir la fenêtre ? Ca pue. Fermer la fenêtre ? On étouffe.
C'est ça l'Inde, où tout peut basculer dans l'insupportable, l'insoutenable.
Nous pensions y faire une pause, nous ne ferons que jeter un œil à son palais et reprenons la route des montagnes !
On y retrouve Attilio accompagné de Jeanny, son amoureuse venue pédaler un mois avec lui. Nous logeons tous ensembles chez une très charmante famille où les petites filles parlent bien mieux l'anglais que nous !

MYSORE PALACE, ou la démesure des Maharadjhas

Le Mysore Palace est l'un des palais les plus extraordinaires de l'Inde. Il donne une idée de la folie des grandeurs des maharajas d'antan. Chaque pièce est une extravagance nouvelle. Miroirs, plafonds en teck de Birmanie sculpté, portes en argent massif, mosaïques de fleurs, marbre incrusté de pierres précieuses, couleurs folles.
Il est difficile d'imaginer plus grandiose, plus délirant, plus baroque, plus kitsch que le Mysore Palace.
Le palais est magnifiquement orné et on reconnaît l'influence britannique, et même européenne, dans sa conception.
C'est un agencement de plusieurs dizaines de grandes salles au plafond très élevé. Il n'y a malheureusement plus beaucoup de meubles puisque ce palais est une reproduction de l'ancien qui a brûlé au début du XXe siècle.

Des fidèles tout souriants, sauf devant la photo

Notre sortie de Mysore se fait par les plantations de cannes à sucre. En bord de route, de petites usines en briques rouges transforment les tiges des cannes dégageant alors une forte odeur sucrée et fermentée.
Les fermiers s'activent, coupent les tiges et les entassent dans des carrioles de bois ou de petits tracteurs.

APPARITION PACHYDERMIQUE au parc de Madumalai

Nous entrons dans la réserve naturelle de Madumalai, où une multitude d'animaux sauvages peuvent vivre en marge de l'homme.
Quel privilège de le traverser à vélo, c'est un des rares endroits au monde où il est encore possible d‘approcher d'aussi près sur nos biclous la faune sauvage…

La réserve fait quand même 6 000 km carrés, et seule une petite route ouverte de 6h30 à 21h la traverse.

Planter la tente ? On y a pensé, mais se retrouver nez à nez avec un troupeau d'éléphant ou encore mieux, un tigre ne nous a pas paru une riche idée. Et puis de toute manière, c'est formellement interdit ! Mais nous avions quand même bien envie d'aller les voir de plus près de toutes ces petites bébête, alors frais comme des gardons à 5h du matin, nous voilà partis pour une mission safari en bus gouvernemental !

A cette heure-ci, les animaux sont tranquilles, il n'y a pas encore eu beaucoup de bruit. Mais s'approcher sur un circuit qu'ils doivent connaitre par cœur avec un moteur de bus n'est pas l'idéal pour passer incognito !

A défaut de tigre, on aura quand même vu des biches, buffles, des lapins et un hibou perché en haut de son arbre ! Le tout enveloppé d'une brume magnifique du petit jour.

Après cette excursion touristique, c'est parti pour un safari vélo à travers le parc.

Interdiction de s'arrêter, de nourrir les animaux et de prendre des photos qu'ils nous disent ! Un comble !

Surtout quand quelques dizaines de mètre plus loin, on aperçoit un premier éléphant, suivi de deux autres !!! Difficile de ne pas s'arrêter alors. Irrésistible même ! Jusqu'à ce que des gardes arrivent en Jeep et nous demandent de partir. C'est vrai qu'ils peuvent charger ces bougres, nos vélos nous paraissent bien fragiles en comparaison.

Des neznez ! Des neznez ! Des néléphants !!! Vous les voyez ??? Il faut grossir grossir l'image ou prendre une loupe mais ils sont làààààà

Ils sont là !

Nous continuons notre chemin et rencontre à nouveau avec une famille de pachyderme. Le vélo permet d'arriver discrètement, à petits pas. Ils s'avancent, passent au milieu des branchages au grès de ce que leur trompe trouve à manger, calmes, l'air de rien mais ils nous sentent, ils savent que nous sommes là et dès que les voitures disparaissent, ils s'en vont.

On vous laisse les admirer …

EN ROUTE POUR OOTY, “ So Britsh”!

Nous découvrons l'Inde de la fraicheur.

Comme vous avez vu, les plaines et les plages frangées de palmiers sont certes magnifiques, mais la chaleur côtière peut être écrasante. Pour fuir la fournaise l'été, les princes Indiens et les colons britanniques se réfugiaient dans les villes de montagne telles qu'Ooty, nous faisons pareil.

Finis la poussière et le parfum de la bouse de vache. Voici les senteurs végétales des forêts, l'air vivifiant des collines couverte de plantation de thé, la mousse des vielles pierres.

Des fougères tapissent les pieds de ces immense eucalyptus dont la cime se perd dans un brouillard mystique.

Il nous fait deux jours de grimpette pour gagner le point culminant, Ooty.

Le second, nous faisons 1 000 m de dénivelé positif en 30 Km ! Si ces chiffres ne vous disent rien, sachez que ça fait BEAUCOUP !
Il nous aura fallu 5 heures pour venir à bout des 15 derniers kilomètres…

LES GALERES D'UN JOUR DEVIENNENT DES BONS SOUVENIRS …

Pas de montre, le soleil et la fatigue nous indiquent l'heure de planter la tente, sur l'humus confortable des forêts où l'herbe épaisse d'un pré.
Cependant, à cette altitude, il fait froid, et lorsque nous demandons un endroit sympa dans un temple ou un jardin, on nous annonce la couleur : les températures descendent sous zéro en ce moment. Et le village n'est qu'un lieu de transitoire. Pas d'hôtel ni de restaurant, malgré ce que nous avait assurés les locaux de la ville précédente … ils nous avaient même assures un cybercafé. Une sardine aussi grosse que le port de Marseille je vous dis !

Que nenni ! Rien.

Commence alors presque deux heures de négociation avec un policier zélé. Une famille du village vendeuse du Tcha- omelette local nous offre très gentiment l'hospitalité chez eux puis un groupe de jeunes dans leur cottage, sorte de guest house qui se trouve à quelques km de là. Et pour cela il faut prendre une voiture et laisser les vélos dans le bureau des policiers. Un des flics se met alors en devoir de nous protéger contre tous ces jeunes malfrats inconnus « Non, je vous interdis d'aller avec eux, vous ne les connaissez pas. Vous n'irez pas non plus dans la famille. Sil vous arrive quelque chose, je serai responsable. C'est trop dangereux. Vous allez laisser les vélos ici, prendre un bus pour Ooty, dormir dans un hôtel et revenir demain pour récupérer vos vélos » !! Mais bien sur !! On discute, on parlemente, les jeunes indiens nous aident à négocier dans la langue locale et puis … nous faisons semblant de partir. Hors de question pour nous de prendre un bus pour faire un trajet que l'on peut faire a vélo. Nous irons donc à Ooty de nuit par 5 degrés.

Tout du moins pour Monsieur le policier. 5 min après, le voila partis, nous pouvons revenir.

Alors même si la tente est une liberté fabuleuse, une liberté sauvage, un moyen d'avoir la plus belle chambre du monde chaque soir, au sommet d'une montagne, dans une forêt profonde, un bord de falaise ou de mer... on se la joue grand seigneur, et on accepte l'invitation de cette chouette famille qui nous accueil au creux du soir à mi-distance de Ooty.

Malgré leur vie modeste, rien n'a entamé leur nature généreuse. C'est avec une chaleur et une gentillesse sincère et spontanée qu'ils nous accueillent, et nous offrent pour la nuit l'hospitalité qui une nouvelle fois, retrouve son sens plein et entier.
Cela commence par la toilette des mains et du visage, se poursuit par quelque chose à boire, se prolonge par un repas et se termine par une nuit douillette dans la plus belle chambre de la maison.
Ils nous posèrent mille questions.
La France est en Europe, oui.
Et là bas, il y a quatre saisons, n'est ce pas ? Qu'y cultive-t-on ? Y a-t-ils seulement des agriculteurs d'ailleurs ?
Surtout, y a-t-il la guerre là-bas ou bien y vit-on en paix ?
Coupure de courant, on alluma une bougie pour rompre l'obscurité et partager une assiette de haricots charnus.

Le lendemain, frais et dispo, avec quand même un rhume carabiné pour Nathalie ; son système immunitaire a moyennement supporté les deux heures à bavasser par 5 degrés avec un maigre pull agrémenté d'une bonne fatigue.

Mais bref, nous disions frais et dispo par cette nuit passée au chaud, nous gagnons enfin la ville d'Ooty.

Depuis quelques jours on nous sert de l'eau chaude à boire! Comme du thé mais nature. Ce sera le cas ainsi plusieurs jours avant de regagner les plaines.
Ca fait bizarre au début, mais on s'y fait, surtout quand on se gèle les bonbons.

Ooty

Ici, l'ambiance est très anglaise du fait du passé colonial. Au 19e, les britanniques séjournaient à Ooty pour prendre leur repos estival. On y trouve des cathédrales, des églises, des maisons en briques et d'autres aménagement "so British". Dans le marché, les Indiens font du shopping. On y trouve quelques une de grandes marques occidentales que les locaux n'hésitent pas à s'arracher au détriment du costume trad.

Dans une vieille papeterie, Jérémie trouve son bonheur pour enjoliver ses aquarelles

Apres presque 4 semaine de route commune, c'est ici que notre route avec Attilio se sépare.
Il poursuit son chemin avec Jeannie plein sud.
Son visa expire avant nous, et il a 2000 km à parcourir en un mois alors que nous n'en avons plus que 700 pour arriver au cap sud.
Nous nous disons au revoir un pincement au cœur, heureux de s'être fait un ami en cette terre étrangère, et on se promet de refaire croiser nos routes un jour.

Après Ooty c'est 30 km de pure descente !
Le plaisir est de courte durée, car nous arrivons dans un autre type de jungle, urbaine cette fois.

Il fait gris ce qui n'est pas super pour les photos, mais croyez-nous, la pluie réveille les odeurs et c'est un délice que de zigzaguer entre les plantations. Nous contemplons les oiseaux qui volent autour des montagnes brumeuses.

Ils vendent leurs murs pour quelques roupies au publicités diverses et variés, ce qui crée des lotissements avec charme et caractère …

Ceux-là, soit ils sont encore complètement utopistes ou alors ils sont payés pour faire bonne figure par le gouvernement

L'aventure est en péril !

C'est la première fois où l'on voit écrit un panneau avec notre destination finale !

QUELQUES SINGERIES AU COURS DE LA DESCENTE

Passage de train .. euh de chèvres !

CES GROS GATEAUX QUE LES INDIENS APPELLENT DES TEMPLES

Vu que c'est notre quotidien, nous vous en remettons une couche !
On dirait des manèges de fête foraine, ornées de belles fresques usées et habillées de varangues en bois sculpté d'où s'élève parfois des prières.
A l'entrée, les cloches martelées par les fidèles résonnent.
A l'intérieur tout est paisible, la lumière illumine l'ocre des murs.
Parfois, des brahmanes en dhoti (tunique masculine) rentrent d'ablutions.

Parfois, on a l'impression que ces temples sont des attrapes touristes plus que de vrais temples.
Mais c'est ça l'Inde, il y a un dieu pour chaque chose existante sur Terre et pour un non-croyant comme nous, ces temples sont plus des œuvres d'architecture qui se ressemble parfois un peu trop d'un endroit à l'autre.
C'est comme nos églises ou nos Mc Donalds, elles ont toujours été construites selon un même pattern.

LE KARMA, LA REINCARNATION et autre fondamentaux pour comprendre l'hindouisme

Voici un truc dont on ne vous a pas parlé et qui est essentiel dans la compréhension des hindous.
Là où le temps est linéaire en occident, il est cyclique ici. Et croyez nous, cela change beaucoup de choses !
Les hindous croient en la réincarnation d'un individu dans telle ou telle caste en fonction de son « karma », le solde de ses actions bonnes ou mauvaises.
Celui qui se réincarne en Brahmane a eut une conduite exemplaire dans ses existences précédentes. Au contraire, celui qui a commis de graves fautes se réincarne en intouchable. Pour beaucoup d'intouchables, l'injustice du castéïsme n'existe pas, ils vivent dans un système de récompenses et de punitions.

L'Inde est une terre de spiritualité. Elle n'a pas de religion d'état, et pourtant, la religion est un élément vital, une composante essentielle de son histoire. Les quatre principales religions pratiquées en Inde sont l'hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme, et le jaïnisme. Les trois dernières sont issues de la première apparue il y a plus de 5 000 ans.

Voici un résumé des croyances fondamentales de l'Hindouisme :

  • Le BRAHMAN est une conception abstraite, l'absolu au-delà duquel il n'y a plus rien.
  • Le DHARMA définit l'ordre universel cosmique (rien que ça). La loi éternelle, la morale, le devoir, la vertu … le fondement sur lequel bâtir sa vie et ses idées.
  • Le KARMA est la réincarnation, la conscience d'appartenir à un cycle, la croyance que les actions accomplies favorisent une meilleure renaissance.
  • Le VEDA est un ensemble de textes qui font autorité. On y parle de paroles à prononcer, de gestes à accomplir…

Le sacré, le pur et l'impur sont omniprésents dans le quotidien des Indiens.

Les brahmanes représentent la caste la plus élevée, la plus pure. Ils doivent donc se préserver de la pollution des castes inferieures (contacts, repas partagés, …). Leur repas est soumis à de nombreux codes : nourriture bouillie et pas frite, strictement végétarienne. Les émanations corporelles sont impures (salive, cheveux, urine, excréments…). Il fut un temps où l'ombre d'un intouchable pouvait même polluer un brahmane !

Dans la société Indienne, tout est symbolique, rituels, langage du corps, voies de l'esprit.

Les rituels ont une importance capitale et rythme la vie (et la mort …) des croyants.

LES ABLUTIONS, nombreuses et intégrales éliminent les excrétions impures du corps (sueur, peau morte…) C'est dans cet esprit de pureté que la mort est recherchée. Elle est salvatrice, la vie sur terre est orientée vers le but de mourir. Pour cela la vie terrestre est investie dans tout ces rituels qui marquent le corps, le percent, le remplissent, le vident, pour s'en purifier et s'en libérer. Le corps prend un statut de déchet, d'enveloppe qu'il faut briser pour s'en débarrasser et libérer l'esprit pur. La fusion avec les éléments, la transcendance avec l'Univers… L'individualisme laisse place à l'universel.

Le TIKA est l'ornement rouge appliqué sur le front, témoignant de l'engagement spirituel de la personne. Il symbolise le troisième œil de Shiva et éveil la conscience.

Revenons à notre karma.
Dans son quartier, chacun sait qui est brahmanes, barbier, laitier, balayeur. Mais en ville, personne ! Nous nous demandons donc pourquoi les castes défavorisées ne feintent pas leur identité ?

Pour leur Karma bien sûr. Pour bénéficier d'une bonne réincarnation, il faut avoir un bon karma, avoir marqué des points en se comportant « bien ». La croyance au système de caste est liée aux croyances religieuses, et on ne ment pas à Dieu. Ce qu'il y a de pervers, c'est qu'une personne de haute caste marque plus de point en humiliant un intouchable, qu'en l'ignorant. Pour le punir de sa mauvaise vie précédente qui l'a fait se réincarner en Indien de basse caste…

Nous ne pouvons nous résigner, croyant ou pas, à voir en ces inégalités une origine divine, mais plutôt une coutume crée par les puissants pour se maintenir, génération après génération, au pouvoir.

Pour briguer un emploi ou améliorer sa réputation, certains Indiens peuvent mentir sur leur caste. A la campagne impossible de tricher tout le monde se connait, d'autant plus que les villages sont même divisés par castes, pour éviter mélanges et pollution. En ville, c'est possible de tricher, mais ceci n'arrange pas du tout leur karma. Et comme ils croient dur comme fer que la caste est le choix des dieux, une récompense ou une punition d'une vie antérieur, cela n'est ni bien ni mal. Ni à changer ni à entretenir. Ni à améliorer ni à critiquer. C'est comme ça, ils y croient.

L'intouchabilité reste une injustice scandaleuse. Comme le racisme. Indélébile, fondée sur l'intolérance, et ses victimes ne sont pas responsables des tares qui leur sont reprochées.

Dans cette immersion Indienne, nous sommes profondément troublés de l' l'intérieur. Un déroutement, une déconstruction puissante, personnelle et universelle à la fois. En d'autres termes, l'Inde nous semble être l'inconscient de l'occident. Un miroir où se reflètent les origines de nos angoisses existentielles. Ces questions qui nous ont poussés, enfants, à construire nos défenses au fur et à mesure que nous nous sommes développés. En Inde, nous luttons constamment contre nos certitudes. Nous sommes en questionnement perpétuel. Ces questions qui nous renvoient aux sources, à l'universel, à la transition entre la vie et la mort, au fantasme de la réincarnation, notre lien avec le sacré …

Ce voyage peut donc être considéré comme initiatique, comme une quête de soi.

En occident, le corps est idolâtré. Nous lui vouons un culte et avons le fantasme de le rendre immortel. Nous « nions » en quelque sorte la mort. Alors qu'en Inde, le corps est l'objet du renoncement, du détachement matériel et pulsionnel. La mort est ici une renaissance. Ces oppositions font que nous investissons nos corps différent, entrainent un choc profond pour les occidentaux qui voyagent en Inde.

Malgré tout, ce voyage nous procure un sentiment immense de liberté et de bonheur tout à fait paradoxal. Si le sens donné à la vie et les moyens pour le sublimer sont diamétralement opposés, ces angoisses sont similaires aux notre.
Seule la réponse est différente.

Si vous avez tout lu sans bailler, vous avez gagnez un point de karma.

Il semble que l'air de ce pays génère les extravagances. En tout cas il est propice aux mysticités et aux illuminations de l'âme. Des milliers d'années de spiritualité orientale, de vapeur d'encens et de mystère jettent encore sur les routes du XXIème siècle toute une armée d'anachorètes ivres de Dieu. L'inde entière respire au rythme des offices religieux.

UNE VIE DE CHIENS

Les chiens nous aboient dessus juste pour prouver à leur maîtres qu'ils méritent leurs croquettes. Pour ne pas en avoir peur en voyage, essayons de les comprendre. Déjà, c'est un descendant du loup (on sait, quand on voit un caniche ça ne saute pas aux yeux). C'est un dominant "territorial". Il sera d'autant moins agressif qu'il ne sera pas "chez lui". Face à un chien agressif, il faut donc ni essayer de le dominer, ni se comporter comme une proie. Le chien aura l'impression d'être dominé quand (vous verrez, c'est à peu près pareil chez nous autres humains) on le regarde fixement dans les yeux, on montre les dents et fronçons les sourcils, on lui pique un truc, on s'approche de ses femelles potentielles ou de son maître, on se position de face ou au-dessus de lui, on passe devant lui sur son territoire... Tout ceci est à éviter, ainsi que ce qui fait de nous une proie :

En langage "chien", ceci se traduit par fuir devant lui (comme le font hélas les enfants). Inutile d'essayer d'inventer une nouvelle discipline olympique: le sprint sur 35 m suivit d'un fosbury flop avec atterrissage sur la branche d'un arbre... mieux vaut ne pas fuir du tout. Mieux vaut reculer sans tourner le dos, regarder "à côté du chien", ne pas faire de gestes brusques, et espérer ne pas avoir un t-shirt à l'effigie d'une tête de chat.

Pour se rassurer, quand le chien aboie, c'est qu'il est encore en mode "ultimatum", même s'il nous fonce dessus. S'il n'y a ni grognements, ni réflexion, et que le chien charge, c'est qu'il n'est pas très humaniste et qu'il vient pour nous bouffer. Là il faut faire face, hurler, et si besoin... combattre, ou être totalement inerte. C'est dur, mais ainsi on ne l'intéressera plus.

LE BRUIT ET L'ODEUR….

Le respect du sommeil des autres est une donnée absente en Inde (Nathalie dirait même inconnue).
En exemple, le soleil n'est pas encore levé, que nous sommes réveillé par une symphonie de rots, crachats et autres sons désagréables, sans aucune retenue, produits par une personne qui sait manifestement que nous dormons dans la même pièce que lui.

Cela ne gène que nous, car en termes de volume sonore, l'Indien fonctionne comme un bouton. ON ou OFF.

Au milieu de la nuit, même si plusieurs personnes dorment dans une pièce, chacun peut débarquer, allumer la lumière, répondre à son téléphone de la même manière que s'il était au milieu de la journée.
C'est INCROYABLE !

N'importe où et n'importe quand, chacun peut mettre la musique ou la télé à fond, klaxonner comme s'il était au milieu d'une foire.
A 6 heures du matin, une personne de l'hôtel tambourine à notre porte pour demander notre passeport.
MAIS BORDEL, TU NE PEUX PAS ATTENDRE QUE L'ON SOIT REVEILLE ET QUE L'ON SORTE DE LA CHAMBRE ?????

Attilio nous raconte que lorsqu'il dormait dans un dortoir, une personne lui tape sur l'épaule à 2h du matin pour lui demander de quel pays il vient…

On n'en peut plus. Il est où le respect du sommeil et du silence des autres !!!! Et faut dire, que le sommeil c'est sacré.

Jérémie a vécu la même chose durant une sieste où un Indien voulait demander l'autorisation de nous prendre en photo. MAIS BORDEL, TU NE VOIS PAS QUE L'ON DORT ????

Durant la nuit, un chargement de roche a été vidé dans la cour arrière de l'hôtel à bras d'homme durant près d'une heure. Le comble, après une heure de silence total, un groupe d'Indiens a quitté l'hôtel dans un vacarme incroyable vers les cinq heures du matin. Sans oublier bien sur, lorsque vous êtes dans votre chambre, vous devez toujours fermer à clé votre porte, sinon on viendra vous faire une petite visite impromptue dans votre chambre : une porte non close est un message de bienvenue en Inde. Si vous voulez la paix, ce qui est difficile à avoir dans ce pays, fermez bien votre porte.

Tout ce vacarme, tout le temps, associé à la pression des regards nous rend parfois irritables, mais notre sens de la communication développé par notre expérience du vélo nous permet (la plupart du temps) de sortir de cette souricière sans sombrer dans une colère aveugle.

Le vélo, une philosophie, un mode de vie, avec la route pour école, les rencontres et les épreuves pour tableau noir.

LES GROS VENTRES ET LES VENTRES CREUX

C'est comme ça qu'Aravind Adiga dans son livre « Le tigre blanc » (magnifique si vous avez l'occasion …) nomme les deux types de castes qu'il reste à l'heure actuelle. Avant la date fatidique de 1947 où Gandhi et ses acolytes ont libérés, tout du moins légalement, l'Inde du système des castes, chacun avait sa place. Les artisans dans un coin, les propriétaires dans un autre, les fermiers et bouviers rangés un peu plus loin. On ne se mélangeait pas et il n'y avait pas d'histoire (tout reste relatif). La caste déterminait le destin. Depuis cette date, plus aucun ordre n'existe. La loi de la jungle règne, celui du plus fort, du plus corrompus. La police en premier lieu. Il n'y a pas de justice.

A la place des milles et une caste qu'il existait autrefois, il n'en reste plus que deux : les gros ventres et les ventres creux.

Les premiers ont des chaussures fermées, sont voués dès leur plus jeune âge à devenir des ingénieurs ou des docteurs et se font servir des plats crémeux pour garder leur image de noble grassouillet. Ils sont les clients des grands centres commerciaux, des cinémas et des hôtels de luxes.

Les autres portent des sandales ou se promènent pieds nus, un bout de tissu en lambeau sur le dos. Les dures journées de labeur sculptent leurs formes en corps squelettique, un thali de base dans le ventre. Ils sont domestiques pour les plus chanceux, conducteurs de rickshaw ou travaillent à la sueur de leur front dans les champs, les mines, les ateliers. Pour se détendre, ils achètent des paâns au coin de la rue et chique le bétel.

Il y a deux destins : « Manger ou être mangés ».

Dans les restaurants, on voit le plus souvent des bedonnants. A croire qu'ils s'en foutent ou qu'ils travaillent leur image de repus.

Le canon de la beauté en Inde est probablement aussi différent du notre.

Fesses gonflées, bras de la taille d'une cuisse, poitrine volumineuse, ventre potelé… On calcul et c'est marrant, la moitié de la planète apprécie ces formes voluptueuses : Inde, pays arabes, Afrique, Amérique Latine. L'autre les minces.

AU DELA DU POINT DE SATURATION

[MODE RAS-LE-BOL ON]

Nous sommes fatigués et tombons en fin de journée dans le restaurant d'une ville dont on a jamais su le nom.
Les dieux, pourtant nombreux en Inde, auraient ils désertés cet endroit ?
Seuls les drapeaux colorés apportent un peu de gaité au tableau.

Nous commandons de la nourriture.
Pourtant affamé, nous ne sommes pas capable d'en manger la moitié tellement le goût est répugnant et surtout extrêmement épicé.
On trouve une guest house infâme et hors de prix pour le confort proposé, on se lave un peu à l'eau glaciale et on se couche dans nos sacs de couchage pour ne pas toucher les draps noirs de crasse.

On se prépare pour une nouvelle nuit dans ce pays qui nous en a déjà montré de toutes les couleurs, et ce en moins de 12 heures. On sent un vide que nous n'avions jamais ressenti auparavant, et pour la première fois on est totalement dépourvu de nos moyens. Cela fait plus de trois jours que nous n'avons pratiquement pas dormis et la tristesse monte à nos esprits.

On arrive à saturation.
On a envie de jeter des briques sur la tète de tout ces chauffeurs qui nous mettent la tète comme des pastèques, et de tous ces cuisinier qui ne savent pas ce que SANS CHILI veut dire, et tout ceux qui font inutilement du vacarme comme s'ils avaient besoin de cela pour se sentir exister.

Les 3 premiers mois dans l'Himalaya, le Penjab et le Gujarat, on rencontrait des grosses villes toutes les semaines et encore, maintenant c'est tous les 20 Km, soit 2 ou 3 fois par jour.
On se refugie dans les guest house.

L'excès de bruits, de chaleur, de poussière nous pompe toute notre énergie pour partir à la recherche d'une famille avec laquelle on pourrait partager une soirée. A cela, on préfère la simplicité luxueuse (malgré la crasse souvent synonyme d'hôtel peu cher) d'une chambre où l'on peut retrouver un minimum de calme et d'intimité.

Plus de ville, moins convivial, moins ethnique, moins familial, des gens étrangers qui travaillent, moins de famille isolées, plus (a prononcer sans le « S ») de dabbas calmes en plein air, que des resto fermés oú les gens sont speed, des cantines remplies, moins de contacts avec la population, moins de maisons et de familles isolées chez qui planter la tente, moins de fermes avec jardin animaux et feux de bois, que de la ville.
On se renferme sur nous et cherchons les guest house.
Plus d'indifférence, moins accueillant et nous sommes aussi moins dispo.
Perdu dans la masse contact avec les indiens moins agréables. Pas de parc, pas de terrasses.
En apnée, comme une chape de plomb, les boules quiès comme compagnons de nuit, nous traversons l'Inde dans une cocotte minute.

[MODE RAS-LE-BOL OFF]

LE ROAD « TRIPES » EN INDE, on en remet une couche !

Faire du vélo sur les routes d'Inde, tout un poème !
On vous en a déjà causé, mais nous ça nous fait plaisir de l'écrire, un peu comme une thérapie 
Bin oui, après 5 mois, lecteurs assidus de votre état, vous êtes un peu nos confidents, pour ne pas dire nos psys 
Nous disions donc « le road tripe (oui, tripes!) »
Ro putaing, ro putaing, ro putaing !
Ce chauffeur roule à cheval sur la ligne blanche de l'autoroute !
Et là plus loin ; c'est une vache que je vois qui fait la sieste !
Commence ainsi le jeu de tétris de voitures, scooters, vélos, piétons, veaux, vaches, cochons, queues de poissons, et nous au milieu !
Ça klaxonne en doublant à gauche, et ça pouet pouet en déboitant à droite !
Que ça passe ou pas, on s'en fout, puisque le véhicule a klaxonné, ça passe forcément !
Sur le cul de certains véhicules, notamment les rickshaws (ou les tuks tuks, véhicule à 3 roues qui, si vous regardez sur le permis de conduire français, on a le droit de conduire en Inde! On hésite à s'en acheter un ), il est même écrit a l'arrière « klaxonner s'il vous plaît » (enfin, "horn please")
Il y a des gens qui descendent en marche des autobus, d'autres qui checkent leur moteurs en plein milieu de la chaussée, d'autres qui papotent, d'autres qui marchent, font la sieste, certains balayent des trous sur la chaussée !

A chaque croisement de route, on ferme les yeux.
Pas trop car, qu'il y ait des voitures ou non, on doit passer nous aussi !
On se dit que c'est pour ça que tout le monde croit en quelque chose en Inde, surtout quand on est à un croisement de route!
Un peu plus loin, un panneau (le seul depuis des kilomètres) indique que nous entrons dans une zone où il y a une forte concentration d'accidents !
Lol !
Il paraît qu'il y a un dicton qui circule parmi les chauffeurs routiers sur la circulation en Inde selon lequel, si tu veux conduire en Inde, il faut avoir de « good break, good horn & good luck », c'est pas faux !

CYCLO DES VILLES OU CYCLO DES CHAMPS ?

Les souvenirs parmi les plus agréables que nous gardons en mémoire, sont les expressions de ces groupes d'enfants qui nous entouraient. Mélange de curiosité, d'hébétude, d'incompréhension, d'agitation, de joie et de crainte. Certains, en nous voyant, restent bouche bée, stupéfiés. Un tel devient incapable de servir du thé, la théière en suspend, un autre nous regarde en souriant au milieu de son activité, incapable de faire quoique ce soit.

Certains quartiers de centre ville ont du charme, assez propres, sous d'immenses arbres, avec leurs bâtiments coloniaux vieillissants. Ca contraste avec les tours modernes tout confort des quartiers périphériques.
Autour de ça, des bidons-ville, la pauvreté, des familles qui vivent sur les trottoirs, des ordures qui trainent... La ville est bondée, ça grouille de partout, c'est plein de vie.

Nous fuyons les villes.
Le vacarme est assourdissant. Klaxons, sifflets de policiers, cris des hommes qui s'interpellent, aboiement des chiens, bourdonnement des groupes électrogènes, musique stridente des tambours et trompettes échappés des temples…

Et pour couronner le tout, il fait une chaleur infernale.

Puis viennent les ruelles des vielles villes, labyrinthe sombre et étroit, dans lesquelles on doit raser les murs pour céder le passage aux buffles, où les mendiants dorment à même le sol, où l'on chemine entre la crasse et les odeurs d'urine.

Nous avons vu des mendiants nus, des squelettes à demi-crevés sur les trottoirs, des monstres atteints d'éléphantiasis, approchés des enfants aveugles, sourds, muets, tout à la fois.
Caisse guenilles, cartons, toiles plastiques. Voilà la maison de ces hommes troncs aux visages et aux membres rongés par la maladie.
Jérémie garde en mémoire l'image de cet homme sans jambes qui traverse ''l'autoroute'' devant nous en se déplaçant sur ses mains, il prend le temps de s'arrêter de nous sourire et de nous saluer, tout ça au milieu des voitures!

Nous avons connu tout ça lors de ce voyage.
Cela nous donne la nausée.
Nous avons considérés comme ordinaire cette misère qui ne peut jamais être ordinaire.

BABU, une touche d'occidentalisme wifi comprise

Vous l'aurez comprit, on a besoin d'un bol d'air, d'une bassine d'air, d'UNE PISCINE d'air !
La volonté de la route (et de couchsurfing) nous dépose 5 jours chez Babu.
On peut dire qu'il arrive à merveille !

Nous arrivons asphyxié par 100km de ville ininterrompu depuis que l'on est redescendu des hauteurs d'Ooty et Mysore.
Pollachi, ville connue par tous, et surtout des Français, d'après ce que l'on a comprit, va savoir pourquoi car elle n'a rien de plus qu'une autre grosse, enfin petite pour eux, ville Indienne !

Babu a vécu aux USA et travaillé en Europe. Sa terre natale lui manquait donc même s'il préfère l'occident à son pays, il se sent mieux au entourés des siens. Il a monté alors un restaurant à l'occidentale, nommé « The slaves » (les esclaves en français, vous comprendrez au prochain paragraphe pourquoi): décoration, musique pop, plats italiens.

Comble du luxe, il nous dit partir le lendemain pour 3 jours, en nous demandant de jouir du restaurant et de sa guest-house comme bon nous semble !
On ne se fait pas prier, à base de lasagnes au fromage, de brownie au chocolat, de glaces, de jus de fruit, et d'Internet.

Pendant que l'unique pantalon de Jérémie sèche, il est préférable de ne pas sortir le zozio à l'air. Babu lui fait tester le lunghi local.

Nous vivons à huis clos quelques jours dans cette bulle occidentalisée, et c'est la que Chloé et Olivier arrivent ! Nos copains français qu'on avait loupés à Bombay ! (Mumbay pardon).

CHLOE ET OLIVIER, des « comme nous » mais sans vélo

Leur projet c'est Eco-logis : voyager à travers le monde pour découvrir et transmettre d'autres manières de construire en pensant à notre planète. Sur un périple d'au moins (au moins, car ils sont déjà à la bourre, alors sait-on jamais ce que peut nous prédire l'avenir, mieux vaut ne pas mettre de date fixe), donc sur un périple d'au moins 2 ans, cela fait déjà 7 mois qu'ils serpentent les routes !

Vous pouvez aller voir leurs articles ici : www.eco-logis.org

Super surprise de se retrouver là, on en profite pour se raconter nos meilleurs et croustillantes anecdotes, farnienter, un bosser un peu quand même et le tout en français ! Quel plaisir !

L'INDE, juxtaposition improbable du passe, présent et futur

Comme vous avez vu plus haut dans les champs de canne à sucre, on voit des agriculteurs travailler la terre avec leurs bœufs. La modernité est complètement absente dans cette région. On retourne au Moyen Âge, dans un royaume datant du XVIe siècle.

Par ailleurs, en ville, en plein milieu d'un grand boulevard, on peut voir encore un chariot tiré par des bœufs et tout à côté un homme d'affaire en habit-cravate chauffer sa voiture toute neuve.

Durant la soirée, on discute avec Babu de ces grandes disparités qui existent en Inde, et de ses extrêmes qui se côtoient au jour le jour.
Il nous explique que tout près d'ici, à moins de dix kilomètres, on retrouve quatre villages où le style de vie est toujours le même depuis des millénaires. On n'y retrouve pas de télévision, ni d'autres objets électroniques. On mout toujours les céréales à la meule de pierre. Les habitants de ces villages viennent vendre leurs produits aux marchés de Coimbatore tous les jours et puisqu'ils n'ont pas beaucoup d'argent, ils voyagent à pied ou en chariot à bœufs matin et soir.
Il est vrai qu'en Inde, on côtoie le passé et le présent tous les jours. On est aussi témoin à tout moment de petites fêtes locales et ce même dans les plus grandes villes du pays.
Le voisin, au contraire de chez nous, est une personne très importante qui sera toujours là pour nous aider.

ESCLAVES D'INDE

La pression sociale, tout le monde connait ça.

Ici peut-être plus qu'ailleurs.

Y échapper, oui, mais à quel prix ?

Pour le pékin lambda, donc pour 80 à 90% de la population, presque dès sa naissance les parents réfléchissent à quel sera son compagnon de vie. Ils décident de son métier, et dès ses 18 ans, le/la mari(e) à celle/celui promu. Les élus des parents s'envolent alors en lune de miel. Débute pour ce jeune couple leur première expérience de vie commune.

Curiosité, découverte, relation, … lâchez les fauves, faut tout donner et en même temps ne pas se louper !

Généralement, une naissance est célébrée dans l'année qui suit. Puis une deuxième un peu plus tard. Puis, ils finissent par faire chambre à part, ou appartements séparés.

C'est un peu comme un nouveau jouet ; tu l'apprivoise, le tourne dans tous les sens, joue un peu avec et puis … finit par s'en lasser. Pas si excitant finalement, pas de passion.

Une dose d'affection survivra probablement.

Et si je suis homosexuel ? Oh mais tu peux dormir avec ton copain, ça ne pose pas de souci, tu dors bien avec ton cousin, non ?

Mais non, enfin, c'est pas tout à fait ça, c'est pas juste un copain, c'est …

Non, ça dépasse l'entendement. Tu finiras marié avec celle que tes parents auront choisie pour toi. Point à la ligne.

Une femme homosexuelle ? Vous n'y pensez même pas.

Et si je n'ai pas envie d'avoir d'enfant ? Comment ? Tu as un souci médical ?

Vous êtes bons pour une crise inter-parentale du genre « tu vois que c'est un nul, même pas capable de faire un enfant à ma fille/mon fils ! ». A proscrire si vous dormez encore tous sous le même toit (ce qui est le cas pour le pékin lambda comme énoncé au début).

Et si j'avais envie de choisir ma femme, mon mari, mes études, mon métier ??? Tu peux, on peut toujours a-t-on envie de dire, mais au péril d'avoir toute ta famille liguée contre toi, tes amis qui ne te comprennent plus, au risque d'être rejeté par les tiens.

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?

La plupart pensent que non, d'autre sont nés dans des familles où cela est plus toléré …

Espoir, espoir, tu nous fais vivre. Demain sera meilleur qu'aujourd'hui.

Déjà, grâce, ou à cause d'internet, des reflux d'occident parviennent aux grandes villes telles Mumbay ou Goa, où les saris sont troqués pour des jeans.

On imagine sans problème dans les années à venir, des adolescent(e)s en crise contre leurs parents tenant encore les reines de leur vie : « J'me marie si j'veux, quand j'veux, avec qui j'veux et j'aurai des enfants si j'veux d'abord ! Et puis, quand je serais grand(e), j'aurai des passions ! Pleins ! Je ferai du saxophone, du crochet et du saut à l'élastique ! D'abord !»

LA VIE DE COUPLE EN INDE

Héhéhé désolé, on ne va pas parler de nous ici 
Diantre nous ne sommes pas sur Facebook !
Nous partageons avec vous une discussion que nous avons eue avec Babu.

Babu et sa femme sont un bon exemple de ce que la pression sociale et familiale peut créer. Leurs parents respectifs se connaissaient bien avant leur naissance, et coup de bol ils ont fait, l'un une fille et l'autre un garçon, mais c'est parfait ! Leur union était déjà prévue depuis leur plus jeune âge donc … Et dur de dire non. Malgré leur vie à l'étranger, ils n'ont pas voulu décevoir et déshonorer leurs parents. Ils se sont donc mariés et les deux premières années de vie commune ont apparemment été un enfer. Deux modes de vie différentes, des gouts, des envies diamétralement opposées. Ca chauffait à la maison ! Aujourd'hui, ils ont trouvé un bon compromit : ils ont chacun leur maison et se voient de tant à autre pour partir un week-end, aller manger un morceau, etc … Et surtout, pas d'enfant, leur plus grande volonté ! On peut comprendre qu'ils n'ont pas envie de reproduire le même schéma de mariage forcé …

Babu nous raconte que très souvent les couples se découvrent pendant un an ou deux, période pendant laquelle naissent un ou deux bébés, puis plus rien, les partenaires se lassent de l'autre. Plus rien ne se produit le reste de leur vie. Contraceptif naturel par abstinence.

Forcement a-t-on envie de dire, sans amour, la vie est plus fade.

C'est triste, et c'est la réalité de l'Inde.

Il nous demande comment fait-on, nous occidentaux, pour être attiré sexuellement aussi longtemps par la même personne, voire toute notre vie pour certain ?

La passion, l'amour, l'affection.

Suffisamment ouvert d'esprit, il peut comprendre notre réalité, mais ne l'a jamais vécu.

Est-ce que l'on a alors la même définition en Inde et en France de ce qu'est « être amoureux » ? On n'est pas bien sur … malheureusement pour eux. C'est un peu notre constat à ce jour du voyage : ils n'ont que très peu de loisirs et de passions. Leur vie est dans l'ensemble assez monotone et fade. On comprend pourquoi se défouler sur un klaxon peut faire du bien. Ca au moins, ils peuvent le contrôler.

LE KOLLYWOOD, ou comment adorer un truc où on comprend que dalle !

Pour revenir à un truc plus joyeux, parlons cinéma parce qu'ils savent s'amuser les Indiens quand même, ceux sont même de grands enfants. La preuve, ya pas un adulte qui passe devant le vélo de Nathalie qui résiste à toucher son klaxon pour qu'il fasse « Pouet » ! Des vrais gamins ! Au moins, quand on mange, on sait toujours que les vélos sont encore là ;)

Après le Bollywood de Mumbay, on a voulu tester le Kollywood ; la langue n'est plus l'Hindi mais le Kolayam, le patois du Kerala.

Nous sommes maso ma parole ?

Nous voila repartit pour 3 heures de …, mais cette fois en compagnie de Chloé et Olivier.

Et ben, c'est du pareil au même ! On aurait pu vous copier/coller l'article de celui de Mumbay. Il suffit juste de vous imaginer les textes en Kolayam et non en Hindi. Mais vu qu'on ne comprend rien de toute manière, ça ne change pas grand-chose. Tout y est : appât d'argent, vengeance, honneur perdu puis retrouvé, les amis pardonnent et pleurent à la fin, une femme tombe amoureuse mais ils ne se toucheront jamais même s'ils se frôlent et se refrôlent, de quoi faire monter les hormones ! Un film sur un gars, un seul qui monopolise tous les espaces publicitaires disponibles : de face, de côté, sur fond rouge, fond bleu, avec des danseuses Russes, …

Et le public est à fond, surtout quand ledit héros saute en moto depuis une falaise sur une montgolfière piégée, rattrape une fille d'une main tout en désamorçant la bombe qui menaçait de tout faire exploser et atterri sur un pont où la foule l'acclame avec cris et pleurs, tout comme le public comme s'il était dans la salle de cinéma.

Et c'est drôle.

On est dans le Sud ! Les repas sont maintenant servis sur feuilles de bananiers, s'il vous plait.

LA PETITE BETE QUI MONTE, QUI MONTE, QUI MONTE …

Nous quittons Pollachi les batteries rechargées auprès de Chloé, Olivier et Babu, prêt à en découdre avec le reste de l'Inde qui nous fait face.

Les premières lueurs de l'aube arrachent la ville de sa torpeur alors que l'on se dirige tranquillement vers Valparai.
Tranquillement ?
Pas tant que ca, car 64 km de montagne nous attendent aujourd'hui.
On se laisse charmer par les teintes rougeâtres qui embrasent le ciel et les sommets visibles depuis la route.

Apres 30 Km de nationale, et une belle chute de Nathalie plus tard, nous arrivons rapidement au milieu de montagnes.

Et oui, on avait voulu faire un super vidéo pédalant cote à cote, mais ziouplaboum, kataplan et scrrrroucccchhh ! On a chacun dévié du mauvais coté. Jérémie s'en est sorti indemne, l'air de rien, et Nathalie s'est vautrée de tout son long. Injustice des genres dit-elle … !

15 minutes plus tard, un chocolat dans la bouche et c'est reparti !

Valparai : la destination du jour. 37 km dont à peu près autant de montée.

Efficace non ? Une prière pour M. le bus et tu peux conduire comme un taré sur la route ! Pas de souci, Dieu nous protège …

40 lacets sur 30 km nous regardent en ricanant.
C'est dur.
Comme pour nous rappeler combien il va falloir encore pousser, chaque virage est numéroté de 1 à 40 jusqu'en haut !

Nous grimpons à un rythme modeste, mais d'une seule traite.
Que nos cuisses nous pardonnent, nous mettons le seuil de résistance à la douleur à rude épreuve.
Notre perception du temps, soudain, se modifie.
Le sablier refuse de s'écouler.
Nous sommes prisonniers de la pente.

On va là :

Il nous faut 25 minutes pour faire les deux premiers lacets ! A ce rythme la, il faut 7 heures de pédalage, et on a déjà 30 km dans les pates depuis le matin !

Heureusement certains lacets sont plus courts, et nous arrivons à 17 virages pour le repas de midi (enfin il est déjà 14h).
Le thali englouti, on reprend presto la route pour arriver avant la nuit (ce qui n'arrivera pas.. les derniers kilomètres se feront à la frontale).

Nathalie test un nouveau désinfectant : le café.

A l'assaut !
Nous libérons notre esprit des contingences physiques et matérielles en le laissant dériver comme un oiseau de proie autour des cimes majestueuses.

Toilette avec vue !

Les plantations de thé façonnent le paysage tandis que nous apprécions la fraîcheur en altitude.
Nous n'avons pas pu aller plus vite, et arrivons presque au coucher de soleil au col. Il nous reste 15 km de descente !

Le soleil tombe sur l'horizon. Il a perdu dans sa chute sa dureté qui brule la peau dénudée. Il caresse maintenant la mousseline qui encercle les collines de plantation. Le massif revit pour quelques minutes son passé turbulent, lors de sa création il y a de nombreux millénaires. Les pentes rougeoient entre les basaltes, c'est l'heure que nous avons choisie pour rouler sur lui.

Nous parvenons enfin à Valparai, où un ami de Babu nous accueille avec sa femme.
Nous dormons comme des bébés, PIRE NOUS ATTEND LE LENDEMAIN !

ESCAPADE DANS LA JUNGLE, avec des lianes, des bousiers, pas de serpents ni de dragons mais plein d'autres trucs jolis.

Sans le savoir, on se jette dés l'aube pour 85 km de montagne, au lieu des 50 que nous avions calculés.

Notre hôte devait partir à 7h et c'était une bonne idée finalement ! Dur au réveil, mais salvatrice pour la fin de la journée…

Heureusement, on se plonge dans la beauté et la grandeur du paysage comme dans un livre ouvert, de ceux qu'on dévore d'une traite dans un moment hors du temps, et nous avalons les kilomètres dans la douleur mais le moral gonflé à block !

Le jour nait, et nous avec.
6h00, nous nous réveillons et quittons la maison de nos hôtes dans le silence du jour qui prend son vol.
Nous commençons l'ascension des lacets qui nous séparent encore du Kerala sous les regards endormis de quelques chiens. Les vaches, ça commence à faire un bout de temps qu'on en voit quasiment plus.

Une ligne rose définit l'horizon. Nous partons par une petite route qui se faufile à travers la forêt imbriquée au milieu des immenses rochers ronds façonnés par l'érosion.
Ces collines ne semblent tenir qu'à un fil, un gros rocher en suspension au sommet.

Nous voici dans une nouvelle réserve naturelle, le parc Indira Gandhi, politicienne Indienne de renom.
La protection des espaces naturels est importante en Inde, 166 parcs au total !
Certains villages sont placés dans les parcs, cela pose un problème, les animaux viennent régulièrement manger les cultures des fermiers.

La récolte !

Nous mangeons ce matin là au Hilton restaurant ! La class quand même !

C'EST DANS LE PARC INDIRA GANDHI  que nous accomplissons notre 5 000 ième kilomètre !

Et de 5 000 !
La fin est proche, l'aventure est en péril !

Cette réserve ne repose pas sur une montagne mais sur une pyramide de cailloux sur laquelle on a tracé un vague chemin traçant au milieu de rochers…
Invisible, le sommet joue avec nos nerfs.
A chaque fois que nous croyons l'atteindre, une nouvelle dépression apparaît dans le halo de notre vision, limitée à une portée d'arbres.

Errant le long d'une rivière, entre bananiers, manguiers et cannes à sucre, au cœur de paysages de granit bleus et vaporeux, nous admirons la nature sauvage.

Elle nous prête son magnifique visage pour ces quelques heures passées en sa compagnie. Quasiment seuls sur cette route (ce qui est assez rare en Inde, vous commencez à l'avoir compris), nos deux roues ne faisant que très peu de bruit, nous partageons la vie des habitants pour notre plus grand plaisir.

Des singes hurleurs sautent de branche en branche, se pendent par la queue en poussant des grognements incompréhensibles. Numéro de voltige à grand spectacle qui en donne presque le tournis. Et soudain : le calme.... Il se passe quelque chose en bas, deux humains approchent à velo.
Trop tard pour les photos… ils sont déjà loin.

Avec un peu d'imagination, vous pouvez les voir au loin ….

Il est là le saligaud !

C'est passé à deux doigts de la tète de Nathalie !!

L'oreille à l'affut, les yeux qui scrutent, on guette le moindre bruit, la moindre feuille qui bouge, en bas, en haut, tous nos sens sont en alertes. Car on ne vous a pas encore dit, mais dans ce parc, il y a des éléphants. Pleins. C'est la jungle.

Et là sur nos petits vélos, quasiment seuls au monde, on ne fait pas les fières ! Une partie de nous a très envie d'en voir, et l'autre partie se dit que si on se retrouve nez à nez avec l'un d'eux mal luné, on risque peut-être de devoir renoncer au cap Sud.

Surtout que nous les sentons, ils ne sont pas loin : branchages cassés, petits chemins qui partent sur les côtés, bousent sèches, bouses humides, bousent carrément toutes fraiches en plein milieu de la route ! Ya pas de doute, ils sont passés par là et il y a peu de temps !!!

Et non, nous n'avons pas été chanceux cette fois-ci, ou si justement, nous sommes toujours en vie, ce qui est pas mal non plus.

15h : nous ne sommes toujours pas sortis du parc. L'estimation à l'Indienne et notre carte pas tout à fait à l'échelle nous a joué des tours. Ce n'était pas 35km de parc comme nous le pensions mais 65km de route vallonnée…. Le ventre commence à râler sérieusement (car du coup nous n'avions pas prévu de casse-croute), encore heureux, nous croisons une baraque de gardes forestiers qui nous offre très gentiment une mixture de riz soufflé au sucre qui passe comme une lettre à la poste !

Une trentaine de kilomètres plus tard, on s'écroule dans la première guest house potable que l'on trouve. Oufff ! Mais comme c'était beau !

Le lendemain, on se dirige vers Kochi. Deux routes sont possibles :

"Quoi, la route par la jungle à gauche est fermée ? Mais je veeeeux revoir des néléphants, les grosses souris grises là... vous voyez ?! On peut vraiment pas passer ?

- Euh… nan (le garde se dit sans doute que nous sommes tarés, y a pourtant que 4h de vélo dans la jungle, roooolala).

- Bon, d'accord, merci.

On s'en fout, on a mangé plein de trucs aux fruits et à la coco sur l'autre chemin par l'autoroute.

LES LUNGIS, couche culotte pour adulte

Non, les Indiens du sud ne sont pas tous incontinent, ils portent le lungi, longueur de tissu de coton porté par les hommes autour de la taille comme un pagne ou comme une jupe.
Un peu comme un dhoti (vous êtes spécialistes et je sais que vous voyez parfaitement ce qu'est un dhoti) mais porté différemment (ça vous parle hein ?).
D'une longueur de deux mètres de tissu environ, il est porte par les hommes dit « respectables ».
On n'a pas trop su ce que c'était qu'un homme respectable, mais on se dit que ce sont plutôt les personnes d'un certain âge, accompli par la vie. Ou les plus « trad ».

LA MENDICITE

La mendicité commence, la rage de ne pouvoir rien faire.

Doit-on racler nos poches pour leur permettre de ne pas mourir ? Au moins aujourd'hui ?

Bien plus rarement que nous le présentions, certains Indiens viennent nous quémander, avec des insistances variables, quelque pièces.
Au début nous nous excusions avec le geste universel des deux mains jointe qui demandent le pardon. Ensuite nous disions «non » en hindi (nahi ou neyi selon la prononciation) mais sans regarder la personne. Puis vint le temps où nous faisions comme les indiens et feignons l'ignorance.
Dans les grande villes, comme en Afrique, des siècles de colonialisme, des décennies de subventions occidentales et de touristes mettant systématiquement la main au porte feuille ont finit par leur donner le reflexe de la mendicité. Les occidentaux sont synonymes pour eux de touristes, et donc de revenus éventuels, ce qui fausse un peu les rapports.
Qu'on n'aille pas voir le moindre racisme dans nos propos.
Si nous refusons de payer, ce n'est pas par mépris.
Au contraire, c'est parce que nous les respectons trop pour les traiter comme des mendiants. Nous ne leur en voulons pas, nous en voulons seulement à nos prédécesseurs blancs qui ont crées cette situation que nous regrettons.

DU PUR ET DE L'IMPUR

Pour beaucoup d'Indiens, nous sommes dégueulasses car on se mouche dans des mouchoirs qu'on met dans notre poche. Pour eux, c'est comme chier dans son froc. Conserver ses matières impures ce serait fou ici.
Ils se servent de leur nez comme d'une mitraillette en pinçant l'autre et expulsent la morve à terre.

La notion d'hygiène publique est étrangère au pays.
L'important c'est d'être propre « en dedans ».
Une envie te prend ? Tu expulse urine et excrément hors de ton corps. C'est ça être propre en Inde. Pourquoi s'encombrer.

C'est ainsi que jamais nous ne tendons en premier la main à quelqu'un.

Parfois, nous avons vu des gens se nourrir ou se donner de la boisson par giclées envoyées directement dans la gorge pour éviter tout contact du sachet avec les lèves. Boire au goulot c'est sale.

Nous continuons notre périple vers cette Inde profonde qu'il nous brûle de découvrir. Nous sommes parfois déçus lorsque nous traversons des endroits trop occidentalisés, autant déçu que le serait un touriste Chinois venu découvrir l'Europe et se trouvant à la Guillotière, cette enclave asiatique à Lyon...
Maintenant il est l'heure de pointer la boussole vers les backwaters du Kerala.
Mais ceci est une histoire qui n'est pas encore écrite… enfin … pédalée…

Suite au prochain épisode, celui où nous allons atteindre le cap sud !

JéréNath (prénom d'un vrai Indien qu'on a croisé !)

6 Responses

  1. veronique Skomorowski,Mam'Edgar
    veronique Skomorowski,Mam'Edgar at |

    Il neige dans mes montagnes autrichiennes et depuis 2 hrs je suis « pendue » a vos mots ecrits , a vos photos . C’est magnifique. Je reve , je voyage, j’apprends par vos yeux.
    Vous en ferez un livre, n’est ce pas ?
    De tout coeur avec vous

    Veronique

    Reply
  2. Kanna Das
    Kanna Das at |

    Wow… That is very exciting and inspiring adventure trip. If I am younger I could have joined you as well. The world need determined people like you.

    Have a safe and enjoyable trip. Best wishes.

    Reply
  3. Adam Catt
    Adam Catt at |

    It is such a beautiful country, and you have captured it splendidly. I visited Mysore and Coonoor with my wife and her family two years ago, and wish I could go back on two wheels myself.

    Reply
  4. Vauris Michel
    Vauris Michel at |

    Super intéréssant et félicitations à vous, car la découverte de ce pays n’est pas toujours de « la tarte »
    It’s nice to be young
    @+

    Reply
  5. matias
    matias at |

    Bonjour, et merci pour toutes les infos formidables.
    Nous envisageons ma femme et nos deux enfants 9 et 12 ans un tour du monde en vélo.
    Auriez vous un ou deux itinéraires à recommander pour notre famille sachant que nous y seront en janvier et février.
    Permettez moi quelques questions en plus: avez vous pris un vaccin, quel sont les endroits à éviter ou à faire attention, le visa est il facile à avoir. Le côté Laddack est magique mais peut être trop difficile pour une famille, si possible doit on démarrer de Leh. Autrement le réseau de transport en train est il intéressant à partir de Delhi pour rejoindre la cote sud ouest?
    Merci beaucoup de vos précieuses infos. Philou

    Reply
    1. Jérémie Bonamant
      Jérémie Bonamant at |

      Je te réponds en privé 😉
      J.

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