MAHARASTHRA : Sea, sex and sun !

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MAHARASTHRA : Sea, sex and sun !

La série “Nathalie et Jérémie vous montrent comment c’est super l’Inde à vélo” continue pour un 6ième épisode !
Vous pouvez retrouver tous nos articles, photos et vidéo sur le site internet :
http://inde-a-velo.jeremiebt.com

(Ecrit le 18 novembre, à Goa)

Sampa ! (« Bonjour » en Marathe, langue indo-aryenne du Maharashtra).

Nous sortons d’un petit restaurant Marathi, réputé pour ses assiettes généreuses.
Nous avons nettoyé nos plateaux jusqu’à la dernière lentille, sous les regards respectueux d’une tablée de ventrus qui calaient.
Nous avions faim, certes, mais d’aventures plus encore que de thalis.

Comment vous faire partager au mieux notre expérience, nos joies, nos peines, nos états d’âmes… après toutes ces Indiennes joyeusetés.
Depuis l’Himalaya du Ladakh, les rizières humides du Penjab, les caravanes de chameaux du désert du Thar, les traversées en pirogues dans les mangroves, la mer à 20 degrés bordée de palmiers…

Que d’émotions vivement ressenties depuis que nous avons commencés ce voyage.
Moments déraisonnables, instants volés au monde moderne, dépaysement naturel qui nous ramène vers l’autre et vers nous-mêmes.
L’imagination s’emballe, l’euphorie nous gagne au fur et à mesure que la prochaine étape se dessine.
Nous nous enrichissons de multitude de rencontres humaines (et pas humaines aussi).

Accepter qu’une journée ne se passe pas comme prévu, que la pâtisserie pourtant bien méritée après cette longue journée soit complètement rance, admettre que le bivouac ne soit pas aussi idyllique que celui de nos rêves, que nos muscles ne soient pas à la hauteur cette fois-ci, et que notre tête ne suive pas le lendemain, ne pas faire grise mine quand il y a panne ou casse… C’est tout cela que l’on apprend avec l’itin-«érence ».

Y arriver, c’est laisser la place à l’émerveillement d’une belle journée, un vendeur de jus de canne imprévu au détour d’un virage perdu, du mot d’encouragement hélé depuis la fenêtre d’un camion qui nous double, cette rencontre qui n’aurait pas eu lieu si nous n’avions pas crevé… et une famille parfaite qui nous accueille au creux du soir…

On ne perd pas le sud, nous descendons vers Goa à travers une côté superbe: prés verts, petits villages pittoresques, des enfants vont à l’école, une vieille femme qui promène sa chèvre, des pêcheurs qui ramènent de quoi nourrir leur famille, des hommes qui partent travailler à bicyclette… C’est ça, le charme de l’Inde.

La glande attitude nous gagne. Nous parcourons parfois à peine 20 km le matin pour rejoindre la prochaine plage et s’affaler dans le sable.

Jérémie n’est pourtant pas un ayatollah de la plage et généralement s’ennuie après trois jours dans ce petit coin de paradis où il ne se passe pas grand-chose à part des concours de saris mouillés, quelques pannes d’électricité et des petits cochons se sautant l’un sur l’autre (comprendre des chiens errants et aboyant à tort et à travers, et ce principalement la nuit).
Mais, la, il faut quand même le dire, la route côtière incite à la grève générale. Des vacances dans les vacances.

Le vol de notre compteur par un gamin (le seul vol que l’on ait subit depuis 4 mois) fut la seule chose palpitante qui se produisit durant la première semaine.
C’est dire comme rien ne se passe.
ON ADORE !

Mais l’Inde c’est aussi autre chose.
Daniel Mermet décrit le voyageur en constant équilibre entre contemplation et consternation. Au Maharachtra, nous sommes en plein dedans, comme vous le verrez dans ce reportage.
Le ton change quelque peu du tableau idyllique de l’Inde que nous avons dressés jusqu’alors.

Après trois mois dans la solitude des montagnes et des déserts du nord de l’Inde, nous avons eu du mal à nous habituer aux regards fixes et incessants des indiens. Le sentiment d’être en permanence observés, étudiés finit par être pesant. Nous avons été frappés par les regards vides, par l’absence d’expressions sur le visage, seuls des yeux scrutateurs et immobiles.

Un dicton dit ici « L’Inde est un éléphant docile qui marche lentement mais que rien ne peut arrêter. Si par malheur le cornac lui demande de changer ses habitudes, il peut se fâcher et le désarçonner ». Nous comprenons le message, et nous gardons notre position d’observateur circonspect.

Grimpez sur notre porte-bagages pour un nouvel épisode de « Nathalie et Jérémie vous montrent comme l’Inde c’est trop bien ! «
Chalo les amis ! (Formule hindi qui veut dire « let’s go »…)  http://inde-a-velo.jeremiebt.com

Et n’oubliez pas de jouer à nos quizz pour gagner des aquarelles ! : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/jeux/

Mowgli et Mowglette

PS 1: Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/

PS 2: Même si on préfère « Tu m’enivres » qui vaut mieux que « Tu m’énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.

PS 3: On aime beaucoup avoir de vos nouvelles nous aussi, alors n’hésitez pas à nous envoyer un mail ou à laisser des commentaires tout en bas des pages du site. Nous lirons ces lignes goulûment !

PS 4: Merci divinement à Alex’, Phil et Xav’ qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.

PS 5: Merci aux personnes qui nous ont donnés un toit le temps d’une nuit… à Hary et Tamara de Bombay, aux bons plans de Haschich à propos de la route côtière, à Anthony et Deep pour le tour de Bombay caméra à l’épaule, à Trupti pour le « bird watching », à Madhu et Ana pour leur brochette de délicieux contacts, à tout ceux que l’on oublie… on vous aime.

PS 6 : Kikadikoi ? « Kuf Kuf Tous Tous, Pouahhhh, j’ai gobé un moucheron ! »

PS 7: Les genoux de Nathalie vont mieux, elle a reprit des sacoches pour le plus grand plaisir de Jérémie 😉

ECHAPPÉE CÔTIÈRE

Nous vous avions laissés après une belle brochette de villes côtières au sud du Gujarat, villes gangrenées par une urbanisation aussi chaotique que galopante.

Nous échappons à l’asphyxie en prenant les petites routes côtières. Une trêve de quatre jours avant Bombay. Nous apprécions grandement après ces longues journées de Nationales. La verdure fait du bien au moral.

Nous arrivons le dimanche, jour de marché. Ce petit village devient un bazar chatoyant. Des femmes de toute la région y vendent leurs produits. Nous sommes très impressionnés, grosse animation, densité de foule immense, étals de marchandises de chaque coté de la petite rue où continuent à circuler inlassablement piétons, vélos, rickshaws………..
Les cartes mémoire des appareils photos chauffent, dommage qu’en ce milieu de journée la lumière du soleil soit aussi crue.

Il est connu jusqu’ici dis donc !

Vous la voyez ? ?

Elle est là ! Vous pouvez retournez la chercher 🙂

Quelques dessins que vous avez peut-être déjà croisé sur facebook !

DES RIVAGES SCULPTÉS PAR LA MOUSSON ET L’HISTOIRE

La vue de la mer nous galvanise soudain malgré le goudron épouvantable et la poussière avalée en chemin. La terre ingrate distille des parfums d’herbes aromatiques, de poissons séchés, ou des cadavres de chiens en putréfaction.
Au choix.

Entre nous, on préfère les herbes. Quel délice de découvrir des nouvelles odeurs ! C’est aussi un des avantages du vélo. En voiture, vitres fermées, seule la clim peut titiller les narines.

Des ilots baignés d’azur, des rivages sculptés par la mousson et l’histoire, une page de l’Inde aux parfums d’encens sur laquelle s’est écrite l’extraordinaire et méconnue romance entre l’Inde, l’Afrique et l’Arabie, et dont les Dows, magnifiques bateaux en bois, sont les derniers héritages traditionnels.

Un tremblement de terre a secoué la côté en 2001. Terrible secousse qui a officiellement fait quelques 20 000 victimes. Les bâtiments portent les stigmates de cette commotion. Les façades sont fissurées, les toitures fragilisées sont colonisées par les perroquets et les écureuils.
Après le tremblement, l’état qui a financé la reconstruction d’urgence à remplacé la terre traditionnelle par du béton et des parpaings, et les toits coniques de branchages par des tuiles qui meurtrissent des siècles de construction traditionnelle.

EN QUÊTE DE SENS

Si le voyage sans essence ressemble à une quête de sens, les nôtres (de sens) ne manquent pas d’être sollicités.
Voici quelques réflexions de comptoir (comptoir Français, cela va de soit en Inde !) :

LA VUE, OMNIPRÉSENTE ET OPPRESSANTE

C’est d’abord avec notre regard, imprégné de nos expériences, nos habitudes visuelles, que nous arrivons en Inde. L’œil est notre organe sensoriel chargé d’assurer la protection et notre survie au sein de notre environnement naturel, et de nous permettre de constater que… nous y sommes.

Tout ce que nous voyons est différent. Les rues sont différentes, elles ne ressemblent pas aux nôtres. Elles sont en terre, sales, bondées d’une diversité infinie d’êtres. Nous ne trouvons pas que des hommes, mais des animaux : chiens, vaches sacrées, singes, rats, paons, serpents… On vous la déjà expliqué, certes. Ces êtres se côtoient naturellement dans une ambiance qui nous semble incroyable. Au milieu de tout ça, quelque chose nous saute aux yeux… les couleurs ! Omniprésentes, variées, sublimes. Tissus, plats, étals, temples, et bien sûr dans le sourire et les yeux des indiens.

Quel émerveillement devant cette beauté !

Surtout à Mumbay, le ciel indien est aussi différent. Lourd, chargé, rarement un rayon de soleil perce les nuages de pollution. La brume matinale nous entoure très souvent, la visibilité est réduite dans les ruelles. Ce sentiment d’oppression pèse lourd sur nos épaules.

Les maladies sont courantes et exposées aux yeux de tous. Mais contrairement aux idées reçues, les mains qui se tendent dans le but d’obtenir un peu d’argent sont très rares.

Les habitudes ne sont pas les mêmes que les notre. Il existe une réelle pudeur vestimentaire ; les femmes se baignent toutes habillées et pourtant les hommes se lavent dans les rivières à la vue de tous et peuvent uriner sans gène dans la rue. Autant d’informations qui nous déstabilisent.

Nous constatons très vite qu’il n’existe pas de regard socialement correct pour eux. C’est ainsi que l’on se retrouve entourés systématiquement par des yeux qui nous scrutent. L’intrusion est pour nous le sentiment qui surgit en premier lieu. Très vite, nous les observons à notre tour, et nous constatons que leur regard n’est que curiosité. Certain n’ont jamais vu d’homme blanc de près ailleurs qu’à la télé, voilà tout. Paradoxalement, ceux sont souvent eux qui nous demandent de les photographier. La relation ainsi établie n’est plus à sens unique et ces innombrables yeux deviennent alors moins menaçants. Puis au bout de quelques jours, un phénomène intervient : l’habituation. Nos regards se sont fait à tout cela, et nous n’y prêtons plus la même attention. Cette adaptation est indispensable si l’on veut survivre psychiquement en cette terre lointaine.
Nous les ignorons tout simplement, par respect pour notre santé mentale.

Mais nous aussi des fois nous bloquons dans la rue :

LES ODEURS SE MÉLANGENT ET SE DISTINGUENT

Dès notre arrivée à Delhi, une odeur nous interpelle, et va nous suivre presque tout le séjour. D’où vient cette odeur de brûlé, omniprésente dans les villes. Le fantasme des corps incinérés parcourt notre esprit. Mais ce n’est pas cela. En Inde, tous les déchets sont brûlés et on fait beaucoup de charbon.
Ici, l’encens côtoie l’urine, les épices se mêlent aux excréments, les parfums de fleurs à ceux des animaux. Tout se mélange et se distingue…

LES GOÛTS

L’Inde est une terre de saveur. Les épices sont présentes dans tous les plats : cumin, tamara, clou de girofle, gingembre, masala… Chaque repas est une découverte de saveurs. Même si la chapati, appelée aussi roti, le riz et un mélange de lentilles sont toujours présents, on ne s’en lasse pas ! On adore ! !

Parfois, nous ressentons le besoin de saveurs connues, alors on se met à cuisiner nous même. On en profite lorsque l’on est quelques jours chez la même personne, en guise d’échange culinaire. Les fruits cuits comme la compote est toujours une réussite et complètement méconnue par nos hôtes !

L’OUÏE

Le silence du Ladakh nous manque. Il a été aboli dans le reste de l’Inde. Nos oreilles sont mises à rude épreuves dans les villes aussi bruyantes que bondées. Sur la route, les coups de klaxons sont monnaie courante. Dans la rue, les gens parlent au milieu d’une effervescence indescriptible. Où que l’on soit, les haut-parleurs abondent et déversent leur flot de variété. Dans les temples, ça chante et ça joue pour vénérer des heures durant. Dès 5 heures du matin, il nous est impossible de faire abstraction de l’Inde qui se réveil : que ce soit l’Imam, le même version Hindoue, le haut-parleur pour accompagner les travailleurs du bâtiment à côté, les chiens qui expriment à plein gosier leur joie d’être des chiens, ou simplement le branlebas de combat matinal de la famille qui nous héberge…
Ce volume PERMANANT nous use, nous excite, nous fatigue, nous rend dingue.

Quel bonheur d’être alors sur le vélo le long d’une petite route peu fréquenté et d’entendre juste le chant des oiseaux…

De nombreuses personnes nous avaient déconseillés l’Inde comme destination car de leur avis, c’était un pays trop bruyant, trop peuplé pour y voyager en vélo. Oui, pour les spots touristiques et les grosses villes. La traversée du Gujarat, une fois le Great Rann of Kutch traversée a été éprouvante à cause de cela. Pour le reste, nous n’en avons pas vu la couleur. Notre itinéraire nous a plus souvent mis en face de petites routes avec très peu de trafic, notamment maintenant sur la côte, que l’inverse.

L’Inde à vélo, c’est possible et c’est même fort agréable !

Le vélo n’est pas une voiture, le trajet doit donc être réfléchi et anticipé en conséquence. Peut-être certains « spots touristiques » devront être mis de côté au profit d’autres endroits moins remarquable que ces « spots » si on y venait en voiture mais qui gagnent leur charme par leur tranquillité pour le cycliste.

LE TOUCHER : REDÉFINIR NOS EXIGENCES CORPORELLES

En Inde, ce qu’on appelle les distances relationnelles sont bien différentes de celles auxquelles on est habitués en France. En occident, on prend souvent comme référence l’image de plusieurs cercles autour d’un individu. Un 1er vers 30/50cm définissant l’espace intime, un 2ème jusqu’à 1m20 pour l’espace personnel d’une conversation, et un 3ème jusqu’à 3m pour l’espace social. Au-delà, c’est l’espace publique. On prend pour principe que l’espace intime n’est franchi qu’en cas de réelle complicité ou en cas de très forte affluence.

Ici, on nous approche de très près, on nous touche, on fouille nos corps avec les yeux. L’espace intime est quasi inexistant, surtout dans les files d’attentes ou à la caisse pour payer. Il faut jouer des coudes pour ne pas se faire passer devant. Ils n’ont aucun scrupule à se mettre à côté de nous pour passer devant. Mais si on leur en fait la remarque, ils s’excusent comme s’ils découvraient notre présence et nous laissent passer… des fois… . Nous devons nous adapter, redéfinir les limites de nos corps et modeler une nouvelle carapace pour supporter ce trop-plein de sensations tactiles.

C’est là tout le paradoxe de l’inde : les femmes sont plutôt bien couvertes par leur sari ou leur tunique, les relations amoureuses sont plus que tabous, mais les contacts dans l’espace public, surtout masculins, sont très présents. Nombre d’hommes se tiennent par la main ! ! Est-ce parce qu’ils ne peuvent pas prendre celle de leur femme car socialement non accepté ? On ne voit aussi quasi aucun geste affectif au sein des couples.

Pour marquer leurs liens affectifs nous dit-on… Entres hommes, cela est donc toléré. Montrer l’amour au sein d’un couple est par contre nettement moins habituel voir même proscrit. L’homme se sent-il peut-être plus proche d’un ami qu’il aura choisi que de sa femme que ses parents auront choisi pour lui, si c’est le cas d’un mariage arrangé… ? ?

Un constat est sur : le corps en tant qu’individu potentiellement sexuel est tabou, particulièrement celui des femmes. Aucune n’est touchée volontairement.

Le corps en action est par contre assimilé à une masse. Ses limites sont celles de l’espace social. Pour doubler, se faufiler, les corps se touchent sans distinction et sans gêne.

Dans la rue nous sommes aussi scrutés constamment, et comme on ne peut pas dire que la grande qualité des Indiens est la discrétion, c’est parfois un peu gênant. Ils nous dévisagent en restant plantés devant nous sans bouger ou alors viennent carrément à 30cm de nous pour faire une photo avec leur super téléphone portable hi-tech ! ! Et puis repartent. Ni bonjour, ni au revoir. Espérer qu’ils nous demandent le droit de nous photographier est alors bien bien loin de l’esprit dans ces cas là… !

Encore heureux, ce phénomène reste anecdotique ! (ça c’était pour rassurer les Indiens qui utilisent google traduction pour lire nos articles ;))

Découvrir un pays, c’est vivre avec ses habitants et leurs traditions. Et l’observation semble faire partie de ces us et coutumes. Alors on se laisse observer, des pieds à la tête, avec un petit stop sur le derrière et le niveau de la poitrine de Nathalie. C’est aussi bien d’être à vélo, on file plus vite !

Les us et coutumes ont vous dit.
Soit.

A propos de sens, les femmes doivent bien aimer avoir leur sari mouillé qui leur colle à la peau…

A l’eau !

Ca évite, puis ça finit pas y aller carrément !

Quelques offrandes au passage :

(ne pas oublier le sac plastique qui contenait les offrandes ; il y a fini lui aussi !)

LES MAINS DANS LE PLAT

Je mange Indien (c’est bon), je respire Indien (c’est pas bon).

Les indiens nous invitent régulièrement chez eux, nous faisant découvrir leurs plantations et leurs animaux (chèvres, buffles, vaches). Le repas est un moment privilégié d’accueil et de partage. La nourriture est à chaque fois très différente autant d’un repas sur l’autre que d’une région à une autre. Même si toujours à base de lentilles (le fameux dhal ou purée de lentilles qui accompagne le riz), l’ « aloo dum » ou curry de pommes de terre, de pois et de sauces, nous ne mangeons jamais deux fois la même chose. Chacune se décline selon son origine régionale plutôt que de se réduire à une cuisine uniforme et unique. Ici, littoral oblige, les saveurs à base de lait de coco sont reines. Et de poisson aussi.
Nous découvrirons les rites liés à ces moments en plus des goûts si particuliers : nous mangeons la plupart du temps seuls sous leur regard observateur. Une marque de respect importante en Inde qui nous déstabilise mais à laquelle nous nous habituons.
Les indiens n’utilisent pas la fourchette ou la cuillère durant le repas, ils mangent directement avec la main, la droite, tout en poussant les aliments avec la galette locale (chapati/roti). En guise de plateau, le repas est parfois servi sur une feuille de bananier, surtout dans le sud où nous allons.

Le repas est présenté sur un plateau circulaire avec tous les aliments en même temps, soit dans des petits bols, soit directement sur le plateau : plats en sauce, riz ou galette, yoghourt, dessert, compose en général un repas complet.

Dans les familles aisées nous avons droit à un dessert, la plupart du temps composé à base de lait, mais aussi des confiseries, une multitude de fruits tropicaux, des glaces… On ne se prive pas !

Petit déjeuner, ma foi, fort bon !
Tout d’abord, Pohe ou Poha, suivant le village : mélange de riz soufflé, revenu avec des oignons, des graines de moutarde et du sucre. Puis une autre mixture très sucré mais très bonne aussi !

Et partout, tout le temps, de partout
Des COCOS ET DES PALMIERS ! ! ! ! !

Ah, et des bananes aussi !

Les épices sont nombreuses et omniprésentes dans les plats préparés : moutarde, cannelle, gingembre, coriandre… c’est un délice !

EPICES AND LOVE

Pour ceux qui sont allés en Inde, le souvenir des odeurs d’épices est sans doute aussi prégnant dans leur esprit que celui du bruit, des couleurs et de l’indicible atmosphère, à la fois sereine et survoltée, de ce pays incomparable.

Piment, gingembre et muscade, cannelle, cumin ou curcuma, safran et coriandre, sésame et aneth, sans compter les mélanges, comme le garam masala, qui associent entre eux plusieurs de ces éléments. Dans la cuisine tandoori que nous avons découverte plus au nord, les plats sont cuits dans un four en terre cuite chauffé au feu de bois, (appelé tandoor), et servis avec des épices marinées dans du yaourt avant d’être cuites…
Délicieux.

La cuisine de la côte quant à elle offre des saveurs plus douces mais tout aussi aromatiques : on y met un peu moins d’épices, on utilise beaucoup le yaourt et le lait de coco en y ajoutant des amandes, ce qui donne une note plus suave aux différents plats. Les noix de cajou sont aussi très présentes ! Il faut aimer le sucré/salé mais un plat de légumes marinés avec des noix de cajou est quand même un sacré régal !

MAMAN LES PTITS VELOS

qui vont sur l’eau, ont-ils des jambes ?

Mais oui, mon gros béta, pour traverser, sont obligés !

Au bout de la presqu’île, il y a une plage

Au bout de la plage, il y a l’eau

Et pour traverser comment qu’on fait nous qui n’avons pas de pédalo ?

Ferry du gouvernement, barque de pécheur, petit bateau à un flotteur, ou… pont quand nous avons de la chance.

Sinon, il faut faire demi-tour et revenir en arrière de quelques kilomètres pour prendre le détour que nous voulions éviter…

Nous avons parfois du mal à comprendre les locaux. Soit ils veulent tellement nous faire plaisir qu’ils nous disent ce que l’on veut entendre, soit ils ne comprennent rien et répètent juste nos mots…
Cette fois là, nous avons eu de la chance, il y avait vraiment un bateau !

Incontestablement nous changeons d’Inde. Le climat est différent du nord. La chaleur est humide, nous transpirions beaucoup. Les premières journées de vélo sont rudes, la chaleur est intense et nous sentons les gouttes couler le long de notre corps.

Près d’un pont justement :

Et il faut se dire que ces bateaux, ils les repeignent et… retournent à l’eau !

Ha ha ! ! ! Jérémie a creuvé ! 2 partout !

CES FEMMES PÊCHEUSES

« Venez comme vous êtes ! » qu’ils disaient.
Alors elles y vont, toutes habillées, par pudeur, ne pas se dévoiler.

En route (à cause d’un réglage de frein à faire sans tarder), nous sommes invités pour un Tchai…

Petites bicoques de bord de mer…

KOIKONAPADIOPARENTS : HIGWAY TO HELL !

Des fois c‘est « chaud patate » sur l’autoroute.

Depuis le début du voyage, nous nous rendons compte du luxe d’avoir échappé pendant 3 mois au bruit, au monde, aux odeurs…
Mais depuis notre entrée dans le Maharachtra, nous avons l’impression de rentrer dans l’Inde que nous redoutions, et vivons par moment ce pays comme un étau.
Ces moments sont assez « rares », mais intenses, conséquence d’une surpopulation non contrôlée qui nous atteint de plein fouet, nettement lorsque nous pédalons, ce qui, entre nous, est le plus clair de notre temps ici.

On vous en a déjà parlé mais vu qu’on le vit tous les jours, on vous en remet une couche.
Il faut le vivre pour le croire.
Pas de feux, pas de priorité.

Au croisement, tu croises les doigts, et puis t’y va.
T’imagines le bordel ?

Aucun feu, aucun panneau. Ici, les gens descendent de leur véhicule pour faire la circulation !

Le plus parlant fut une course en taxi-rickshaw au cœur de Bombay.
Après 25 points perdus en même pas 10 minutes montre en main, Jérémie a arrêté de compter. Nathalie préfère ne plus regarder.
Grillage de feux systématiques, pris un sens interdit, et constamment en excès de vitesse.
A Vadodara, le conducteur nous avait dit que pour lui, les feux sont une règle routière trop dangereuse en Inde. Car s’il est vert et que tu passes « sans réfléchir », tu t’exposes à cartonner une personne qui elle n’a pas respecté son feu.
S’il est rouge alors qu’il n’y a personne et que tu pourrais passer, c’est une perte de temps inutile.
Il en conclut que les feux ce n’est pas bon pour la circulation.

On se marre à n’en plus finir (rire jaune tout de même), on abandonne de le convaincre.

Et quelle inconscience !
Jamais de casque en moto, ou alors à la main, idem pour les enfants assis sur les genoux ou devant le conducteur sur l’autoroute, pas de ceinture bien entendu en voiture…

Il est assez fréquent de voir un jeune enfant, voir de quelques mois à peine, endormi sur une moto qui passe à toute vitesse… Soit la maman le tient à l’arrière s’il est vraiment trop petit, soit il tient entre les bras du papa conducteur, en 1ère place après le guidon…

C’est indéniable, les listes de naissances coûtent moins cher ici ! Pas de siège bébé, pas de casque à changer régulièrement avec la taille de la tête, pas de couches, pas de poussette, pas de chaussure jusque vers 2 ans (c’est d’un autre registre d’accord).

Et quand une voiture, une fourgonnette passe, notre grand jeu : deviner combien est-ce qu’il y a de passagers ! Une basique voiture peut aller jusqu’à 10 personnes, une fourgonnette à 9 places doit pouvoir en contenir une petite vingtaine. Tout dépend du nombre d’enfants qui seront sur les genoux. Les voitures sont larges, nous comprenons pourquoi…

Ils ne ralentissent qu’au dernier moment, après avoir klaxonné pour qu’on leur laisse le passage, essayé de passer par la droite, la gauche. Si ça ne marche vraiment pas, alors peut-être vont-ils se décider à ralentir. La plupart du temps ça passe. On n’a pas encore assisté en direct pour les fois où ça ne passe pas. Seuls les carcasses ou les restes de verres brisés sur les bords de la route nous le confirment.

Il n’est pas rare qu’en ville, Jérémie donne des coups de tatane aux portières de rickshaws qui approchent de trop près et qui testent la résistance de nos sacoches.

Quelle imprudence…

Ceci est notre avis d’occidentaux. Pour eux, ce système est tout à fait normal et ils n’en n’ont pas peur. Mis à part l’usage trop excessif du klaxon que certains abhorrent, le reste n’est que peu remis en cause. Le constat est juste énoncé : les Indiens sont dangereux sur la route. Pourquoi ? Comment est-ce que l’on pourrait changer cette réalité ? Même auprès de personnes assez cultivées et critiquant ceci, aucune « solution » ou autre règle n’est proposée. C’est juste comme ça, ça fait partie du pack de vouloir se déplacer sur les routes. La ceinture, pas besoin, faire en sorte que des leçons de conduite soient obligatoire pour tout le monde, pouaaahh trop compliqué, trop de backchich pour que ça se mette en place…

Résultat : c’est la jungle.

Et nous y sommes tous les jours confrontés !

Une bonne étoile veille sur nous.

Nous avons appris aussi à anticiper les situations et à s’en écarter avant que le danger ne soit vraiment réel.

Certains arrivent à conserver leur calme quoiqu’il se passe !

BOMBAY, LE SANCTUAIRE DE VOITURES, forêt de métal et d’immeubles…

Ah la la, depuis l’Indépendance, on dit MUMBAY, pas Bombay !
Faisons passer le message. L’Inde étant indépendante depuis, quoi ? 1947, une paille, il est temps de rendre à l’hindi ce qui n’est plus anglais. C’est vrai que c’est un peu le bordel linguistique, ce pays, avec mille dialectes et des mélanges hindi-anglais permanents dans les conversations…

Mumbay donc.
Reprenons.

MUMBAï, LE SANCTUAIRE DE VOITURES, forêt de métal et d’immeubles…

Depuis 30 km nous entrons dans Mumbay.
Nous n’en finissons pas d’entrer dans Mumbay.
Sans mentir, nous devons faire 20km de ville dans son sen plein et entier pour aller chez Sajid, notre premier hôte, au nord de la ville. 20 autres pour aller chez Hari et Tamara qui habitent en centre ville, puis 20 autre en ligne droite plein sud pour prendre le ferry qui nous extirpera de ce monstre.
60 Km au total de jungle urbaine ! C’est à ne plus en voir le bout. D’ailleurs au bout, c’est un bras de mer. Victoire quand on y arrive !

Nous plongeons dans ce monstre de 22 millions d’habitants, énorme et surpeuplée, nous sommes pris d’un étrange sentiment de panique. Ce grouillement d’hommes autour de nous, cette forêt de métal et d’immeubles, de tonnerre de décibels… nous en avions perdu l’habitude. Les particules cendrées en suspensions dans l’atmosphère cachent le soleil derrière un épais voile gris et donnent une impression de nuit en plein jour.
Une chaleur collante, insupportable, que même le vent n’arrive pas à chasser nous submerge.
Les ventilateurs brassent l’air chaud.

On dirait des bidonvilles, mais ils ont quand même tous le satellite !

Des fleurs pour le temple du coin

Nous sommes, après 3 500 Km de pédalage, dans Mumbai, dont tant de personnes vantent son ouverture sur le monde.
Quand nous disons «  monde », il faut comprendre l’occident bien sûr.

Nous, nous avons commencés par y voir plutôt une babylone asphyxiée par les embouteillages et la pollution (pour changer), une mégalopole ou l’on ne perçoit pas bien l’organisation (pour changer), un vacarme permanent (surprenant non ?), une ville Indienne plus tape à l’œil, des boutiques à la pointe de la mode, ainsi qu’à des établissements branchés totalement sur le vingt-et-unième siècle.
De l’ouverture sur l’occident, nous y avons vu une plus large garde robe pour les femmes : les jupes et les shorts sont tolérées ! ! ! Notre hôte en met même pour aller travailler ! C’est bien la première fois depuis notre arrivée en Inde que nous côtoyons une femme Indienne en short. Ça peut paraître risible, mais c’est un fait exceptionnel 😉 Elle nous confirme quand même que quand elle sort de Mumbay, c’est assez mal vu donc elle évite…

Si nous ne devions retenir que deux mots de Mumbai, ce serait « excessif » et « hétéroclite ».
Ici aussi, la richesse la plus insolente et la plus extrême misère s’affichent côte à côte de la façon la plus crue. La misère la plus noire y côtoie les commerces climatisés.
Nous sommes en sandwich entre les deux, et cette position nous inconforte.

Il y a tellement de monde qu’ils ont créé deux zones pour les vacances scolaires pour ne pas que tout le monde bouge en même temps : Mumbay nord et Mumbay sud ! ! !

Sans conteste, notre plus gros choc des extrêmes. La surpopulation fait cohabiter l’ultra-pauvreté et le monde des affaires.

Il n’est pas rare de boire un tchaï sur un banc à côté d’un mec en costard et d’un autre en haillons, expérience inoubliable qui nous renvoie à notre place. A notre place de Français ayant suffisamment de moyen pour partir voyager et ne pouvoir que constater cela. La misère en ville est l’une des choses les plus dures de notre voyage. Incontestablement.

Bien souvent, la taille des poubelles est proportionnelle à la taille de la ville…

On s’en doutait, l’Inde est très TRES sale, que ce soit en ville ou en campagne, les poubelles ne sont pas regroupées, le papier et le plastique sont jetés partout ! Et il n’est pas rare de voir un hôtel assez propre de première apparence et de constater par la suite que tous les déchets sont jetés de l’autre côté. Celui qui est invisible depuis la rue…

Du rouge et du noir, on y comprend pas grand-chose, mais ça doit surement nous plaire !

Les burkas sont toujours de rigueur…

LES FOUS DU VOLANT

Enlèvement, agression, braquage, bandits de grands chemins, serpents, palu, encéphalite japonaise, typhus, la peur du noir, des fantômes, que sais-je encore ?…
L’imagination est sans limite quand la peur nous gagne. Non, le plus gros danger pour le cycliste c’est l’engins à quatre roues sans cerveaux… et plus il est gros, et plus il est dangereux (…con aussi !)…

Malgré toutes les rencontres impromptues, les hôtes chez qui nous logeons, les amis des amis, c’est quand même sur la route, là où nous passons le plus de temps, que nous rencontrons le plus grand nombre d’Indien et avec la plus grande variété. A chacun son style, sa vitesse, sa manière de nous aborder…

Nous essayons de comprendre leur code de la route ; c’est dur.

Une règle est quand même commune à tous… c’est qu’il n’y pas de règles ! Pas de priorité, pas de panneau (ou tellement peu !), pas de feu tricolore, pas de cédez le passage… Ça nous arrive assez régulièrement de traverser une ville de la taille de Lyon sans voir une seule signalétique !

A chaque croisement, chacun s’avance, klaxon si c’est inutile, et… force le chemin ! ! !

C’est la jungle.

La loi du plus gros est de mise ou celle du plus culotté.

Camions, voitures, puis accessoirement vélos, piétons, puis les chiens. Sans oublier les sacrés vaches qui passent avant tout le monde.

C’est un véritable art que de conduire ici, et cela peut s’apprendre tout seul, aucune heure de conduite avec un professeur n’est requise. A croire que le permis s’achète dans une pochette surprise ! En vrai, il s’achète au backshish. Il faut payer.

Conducteurs et piétons sont des professionnels de l’imprévu et de l’adaptabilité. Une vache peut surgir à tout moment, ils sauront l’éviter ou piler à temps ; pour un vélo, c’est moins certain, il sait qu’il est plus faible, alors qu’il bouge. Au bout de quelques mois, nous commençons à comprendre le système et à se frayer un chemin sans perdre notre sang froid. Quoique.

Le Maharachtra est véritablement l’état le plus peuplé que nous ayons rencontré. Des essaims de mouches nous suivent, et les villes sentent les égouts et l’urinoir. Nous n’exagérons pas, partout les gens pissent debout ou accroupis, là ou l’envie leur vient, sans se cacher et généralement près d’un mur. A la bonne franquette, les gros cacas s’évacuent de même. L’œuvre finit, ils se reculottent et suivent leur chemin. Le caca reste et enrichie l’odeur de l’urine, sous la chaleur, tout ce la fermente.
Nous qui voulons connaître et partager leurs us et coutumes, irons nous jusqu’à poser culotte en pleine ville ?

Nous regardons les estuaires, et la multitude d’embarcations qui y musardent.
Les gens s’y lavent. Ces ablutions emportent peut-être avec le courant les espoirs de salut vers l’océan mystérieux et lointain…

MUMBAI, fiévreuse et bourdonnante

Porte de l’Inde pour les étrangers venus y chercher du travail, énorme ville d’immigration, la plus grosse du pays, devant Delhi.
22 millions d’habitants !
Plus peuplée et plus cosmopolite qu’aucune autre dans le pays. Les premiers arrivés y ont bâtis des fortunes, les derniers vivent dans les bidonvilles, ou dans la rue. Les faubourgs sont surpeuplés des gens des campagnes venus chercher du travail, dans l’espoir de mieux vivre. Les foules prennent d’assaut les trains, s’agrippent aux autobus…

La densité de certains quartiers populaires bat tous les records.

On fait l’expérience du RER Mumbayien : comblé, dans tous les sens du terme ! Un peu comme à Paris en somme…

Même pas peur ! Le portable à la main, un pied dehors…

Mieux vaut pour Mesdames utiliser ce compartiment si elles sont seules

LA CITÉ DE DIEU

On nous avait prévenus pour la pauvreté, la crasse, le bruit, l’hygiène.
Mais peut-on vraiment être préparé ? Notre cerveau peut-il encaisser une telle expérience ?
Ce qui est sûr c’est que nous n’en ressortirons pas indemne.
Pas autant qu’eux, certes, mais nous recevons la misère en pleine face.
Autant la pauvreté africaine rencontrée par Jérémie était supportable, renforcée par le soutien de la communauté. Une vie démunie mais en plein air, avec le sourire et la famille.
Mais ici, en pleine jungle urbaine, nous sommes plongés dans une misère que nous ne pouvons décrire.
A quoi pensent-ils lorsqu’ils nous voient ?
La nuit tombée, des familles entières s’entassent sur les trottoirs, au milieu des chiens, des égouts, des excréments. Les enfants jouent, les femmes allaitent, les vieux meurent.
La mort vécue comme une libération, une nouvelle incarnation en espérant qu’elle soit meilleure.

Au nord, à mesure que l’on pénètre dans la ville, on constate que l’autoroute sur laquelle on roule passe à travers un immense bidonville qui n’en finit plus, un patchwork de quartiers ou même les chauffeurs de taxi se perdent.
Ça nous prend au moins une heure pour en sortir et arriver plus au centre de la ville. Sans le savoir, nous venions de traverser le plus grand bidonville d’Asie et le deuxième plus grand au monde après celui de Mexico.
Les tristement fameux « slums », ces bidonvilles à ciel ouverts où la population s’entasse.
Près de la moitié de la population du grand Mumbaï vit dans ces bidonvilles, soit près de 10 millions de personnes.

Chaque espace est habité, notamment sont les ponts.
Nous nous interrogeons sur ces gens. De quoi vivent-ils ? Que font-ils ? Sont il différent des Indiens que nous croisons dans les campagnes ?
Pour témoigner de ces questions Jérémie veut prendre une photo en vue d’illustrer ce paragraphe, et comme d’habitude demande la permission.
Avec un grand sourire, ces deux jeune fille dont l’une maîtrise assez bien l’anglais nous accoste, nous question, nous accompagne « chez elle ».
Le tout avec le sourire.
Elle « vit » là, tout simplement, comme si c’était normal.
Avec ses enfants, son mari, sa sœur.
Cela n’a rien de temporaire, c’est sa vie, elle a l’air « heureuse ».
Elle ne mendie pas. Rien dans son attitude ne suscite la pitié si l’on fait abstraction du lieu ou elle habite.
Sous leur demande nous faisons quelques photos. Ils posent avec fierté et entrain.
Nous discutons un peu.
Nous leur disons au revoir. Un « au revoir » qui sonne comme un « bonne chance ».

Souvent nous voyons des mamans caresser la tête de leurs enfants. Plus exactement, elles les épucent.
Cela nous gène de l’écrire, mais nous les trouvons repoussant avec leurs morves, leurs crottes, leur saleté. Et très certainement, leur poux ou puces, voir tiques vu le nombre de chiens errants.

L’INDE DES TROTOIRS

Il est cinq heures.
Déjà à l’aube, le Muezzin a réveillé les hindous, les hommes de passage, et ceux des trottoirs. Comme très souvent, le volume est réglé au maximum pour que tout le monde puisse en profiter.
La nuit, on ne marche pas sur les trottoirs. Ils sont habités.
L’étranger ici marche au milieu de la rue, avec les bicyclettes, les vaches et les voitures.
L’Inde des trottoirs vit des excès.
Des excès de pain, de beurre, de thé, de riz. Beaucoup ne mendient plus.
Parfois, un gosse vient nous demander une banane. Cette banane mendiée est le fruit de son statut d’«Indien des trottoirs».
Ce serait bien, que ce soit vrai, que ces trottoirs soient arrivés par le plaisir d’une banane, d’une banane sucrée comme les joues d’un enfant.

Nous avons envie de partir, c’est la première fois que ce sentiment de rejet nous gagne en Inde.

Vous l’aurez compris, Mumbaï est pour nous comme pour d’autres Européens pas assez authentique, pas assez exotique. Elle est snobée par beaucoup d’étrangers éprit d’Hindouisme sacré, et d’Indien éprit de pureté…

Heureusement, nous sommes hébergés chez Hari et Tamara, qui malgré ce cadre, ont réussit à rendre très agréable nos 5 jours passés dans le « sanctuaire des voitures ».

Ils nous présentent Deep et Anthony, des amis vidéastes. Enthousiasmés par notre projet, ils décident de faire un petit film sur notre venue à Mumbay : interview, prises de vue quand Jérémie dessine et quand nous partons de la ville à vélo. On attend avec impatience leur montage !

Focus sur Jérémie :

Quand il a fini, il fait nuit !

Voilà l’œuvre :

Séance photo sur la croisette de Mumbay !

Vous savez ce que veut dire cette marque ?

A voté !

Un bon coup de Karsher pour nettoyer les restes de sel du Great Rann of Kutch…

Tellement gentils, qu’ils ne veulent pas que l’on paye !

QUAND HARI RENCONTRE TAMARA

Chez Tamara et Hari, nous avons pu observer un phénomène très répandu ici et assez fascinant qui s’appelle le Dabbawallah.
Il s’agit d’un livreur de repas. Ce n’est ni un restaurant, ni une personne qui cuisine chez l’habitant. Ce système propre à Bombay s’est développé à cause du rythme effréné et du temps perdu dans les transports pour aller travailler, mais aussi parce que de nombreux indiens ne mangent pas souvent à l’extérieur de chez eux et consomment souvent que des plats que leur épouse ont cuisiné.

Or, dans cette grande ville cosmopolite, nombre de femmes travaillent et n’ont plus alors le temps de cuisiner à la maison. Plus d’hommes vivent seuls aussi.

Par exemple, nos hôtes partent vers 9h30 de la maison pour entamer à 10h leur journée mais ne la finiront que vers 20h30 voire 21h ou même 22h s’ils doivent finir un projet. Le retour s’effectue alors plutôt entre 21h et 22h30… Pas question donc de se mettre à cuisiner un plat à mijoter ! ! !

Bref, le Dabbawallah, une livraison de plat « maison » à domicile est né pour qu’ils puissent manger bien, pas cher et comme si c’était maman qui avait préparé ça.

Nous rencontrons chez eux un Indien dont nous adorons le prénom : Ashish.
Un cycliste aguerrit qui nous donnera 1001 conseils sur la route jusqu’à Goa, nous parlant de chaque village et de chaque plage que nous ne devons pas rater. Il nous indique les lieux précis et précieux des différents ferries qu’il nous faudra prendre. Informations qui peuvent paraître dérisoires mais qui sont parfois presque de l’ordre de l’impossible à avoir jusqu’au moment de se retrouver le bec dans l’eau. Et s’il faut refaire un détour de 20km pour rattraper l’autre route, ça fait râler…

– « There is a boat, a ferry to cross the river ? ? Yes, yes ! » (demandé à 3 personnes différents à plusieurs centaines de mètre de distance)

ou alors

– « There is a bridge ? Yes, yes, bridge, you can go ».

Et ben non, il n’y a rien du tout à part un petit bout de plage, des crabes et nous…

MUMBAI , PATCHWORK NÉO-GOTHIQUE ET INDO -VÉNITIEN

Métropole de tous les excès, bâtie sur 7 îles autour d’une baie en demi-lune, l’ancienne « Bam Bahia » des Portugais mélange d’improbables styles architecturaux, vibre au rythme effréné des comédies Bollywood, et affiche sans complexe la réussite insensée de quelques magnats fortunés au milieu des bidonvilles.
Ville côtière oblige, Mumbaï a toujours su mêler des influences disparates en un tableau d’une exceptionnelle richesse. Sur le plan architectural, la cité doit sa beauté flamboyante à un mélange de bâtiments Art déco, de tours modernes et d’éclectisme Victorien.

Dans le quartier Victoria, dont la gare porte le nom de cette reine colonialiste, les monuments Art-déco se mêlent à une architecture coloniale, vestige du Raj britannique.

Gateway of India : Porte de l’Inde pour les Anglais, édifiée en 1911, monument symbolique de Mumbaï, une sorte d’arc de triomphe situé face à la mer, vieux et décrépit depuis lequel Gandhi à clamé sont premier texte de non-coopération non-violente non-dénuée de sens, avec l’occupant Anglais.

Tout le monde se prend en photo comme s’ils étaient des stars Bollywoonienne. C’est très drôle, ils font tous la même !
Alors nous aussi !

Dans ces quartiers subsiste encore de vielles habitudes anglaises, 65 ans après la décolonisation, comme les clubs et les cercles où la bourgeoise locale noue des relations amicales, d’affaires, ou de futures unions familiales.
Ou les parties de criquet le dimanche après midi.

Mumbaï by night depuis Marine Drive : une route splendide qui longe la mer d’Arabie, qui est à couper le souffle à la tombée de la nuit, lorsque le soleil se couche sur l’océan et que les lumières de la ville commencent à scintiller tout autours…

DIWALI : La fête des lumières (mais surtout des pétards)

Nous arrivons à Mumbai durant les trois jours de Diwali, la fête des lumières.
C’est une sorte de nouvel an, qui célèbre le retour du dieu Ram sur le démon Ravan.
Pour s’y préparer, les gens lavent leur maison, mettent leurs beaux habits. Après le crépuscule, des milliards de lampes à huile sont allumées du Cachemire au Cap Comorin pour indiquer à Ram le chemin de son royaume.

Plus au Nord, nous avions vu les familles le préparer en dessinant devant leur maison de jolies rosasses à base de poudre de couleurs. Des petites bougies reflètent à la nuit tombée leurs couleurs chatoyantes. Certains font même eux-mêmes leurs bougies en fabricant la cire.

La tradition veut aussi que les familles préparent d’importantes quantités de biscuits et autres sucreries pour aller les distribuer aux voisins. Mais aussi, pour en envoyer si une partie de la famille ne peut se les concocter. Ils se mettent aux fourneaux au moins une semaine en avance, c’est dire les quantité !

Mis au fait par les différentes familles chez qui nous avions logés au nord de Mumbay, nous nous attendions à voir des dessins et des pâtisseries de partout en ville mais la grosseur de Mumbay a prit le pas sur ces festivités. Seuls les pétards ont été conservés. Et pas les petits que l’on trouve dans des bonbons.

Des gros, qui font un énorme BOUM dans tes oreilles quand tu passes à côté. De quoi, perdre quelques décibels. Toute la nuit, sans relâche.

BOUM, BOUM, BOUUUUUUUUUUUUUMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM

Un réveillon du nouvel an où l’horloge est restée bloquée à minuit pendant 3 jours !

BOLLYWOOD : UN GRAND MOMENT D’INDIENNITUDE

On nous l’a dit : IL FAUT VOIR UN BOLLYWOOD.

Et pour en voir un vrai, il faut être à Mumbay.
Alors on va voir un Bollywood.

Pour voir un film Bollywood, on a dû aller au centre commercial.
Un immonde conso-complexe climatisé où tout est cher, brillant et à la mode.
Deux heures quarante-cinq de danse-en-rang-et-en-rut-mais-on-ne-peut-pas-se-toucher.
Nous en sommes arrivés au point où l’on se dit que la notion d’art est subjective, et que ce que l’on considère comme un bon film ferait snobement ricaner un connaisseur de Bollywood, qui pourrait nous parler avec exaltation, pendant des heures, des fines variations dans la manière de simuler un baiser sans se toucher pendant qu’une petite armée de chorégraphe-figurants sautille autour du couple d’acteurs.
En gros, un film hindi est une diarrhée de sons et d’images, dont le scénario est articulé selon le principe perdu-retrouvé, avec deux thèmes invariants, l’amour et l’injustice.
Scénario 1 : Deux frères se perdent de vue, vivent des expériences contraires et finalement se retrouvent.
Scénario 2 : Une personne est volée et déshonorée, et finalement après de multiples péripéties retrouve son honneur.
Etc. Le schéma est archi simple, mal écrit et mal joué, et le plus idiot des spectateurs sait à l’avance ce qu’il va se passer. Pendant plus de deux heures trente, le format « standard », va s’enchainer sans queue ni tête, sans règles cinématographiques du raccord d’image, de l’unité de temps et de lieu respecté.
Tout est en hindi, et on a compris le scénario, c’est dire !
Le film que l’on a vu ressemble à un clip pour bonbons et pour feux d’artifices, mixé avec quelques scènes d’action et un show de danse type « boysband » … et ainsi de suite pendant presque trois heures.
Le budget pyrotechnie, projecteurs et feux d’artifice doit être colossal, car il y en a à chaque scène ou presque.
A chaque regard échangé entre le héro et l’héroïne, c’est un mur de flammes qui jaillit, et puis tout le monde se met à danser, et puis tout se transforme en château, et tout le monde danse, il y a des ralentis à n’en plus finir, et des « selfies » à tout bout de champ, et puis, et puis, et puis…
Le budget paillette, gel, et huile pour recouvrir les torses nus doit valoir celui des costumes qui s’enchainent à une vitesse folle dans une même scène.

Au milieu il y a une pause pour acheter du popcorn et des sodas.
Le plus dingue, c’est que les acteurs de film, pendant l’entracte, font de la pub pour coca et pour les barres de chocolat en vente ! ! ! !

Les gens dans la salle applaudissent à n’en plus finir, expriment leur joie comme si les acteurs étaient devant eux.
Dans le film chacun est à sa place.
Les héros ont la peau claire, font de la moto, se battent et dansent.
Les héroïnes montent à l’arrière de la moto, font à manger et dansent.
Les méchants font de la moto, sont métissés, bronzés ou noir, un peu bête et dansent.
Les gros font rire, les blancs sont riches.
Le héro pleure à un moment ou deux, l’héroïne se rend compte qu’il a une beauté intérieure, tout le monde danse, etc. etc. etc

Bref, vous l’aurez compris, Bollywood c’est le cinéma de toutes les démesures où l’on rit, où l’on pleure, où règne l’extravagance, le mauvais goût et le mélo.

Mais c’était bien drôle.

Nous quittons Bombay par le ferry. Hors de question de contourner la baie avec 60 autres kilomètres de voitures comme à l’arrivée.
Nous croisons des véritables épaves flottantes.

Et des plate-formes pétrolières.

De l’autre côté, sur les quais, une vingtaine d’énormes bateaux en métal sont en chantier et le travail se fait essentiellement à la main.
Comment de telles poubelles peuvent être rejetées à l’eau ?

UN OCÉAN DE ZENITUDE, UNE VAGUE DE SPIRITUALITÉ

Nous avons pédalés 800 Km dans les collines du Maharastra (et tu pousses, tu pousses, tu pousses…)

Trois semaines à être reçu chez tout type d’individu : du vieux pêcheur retraité, au riche Brahmane (plus haute caste indienne), en passant par les jeunes musulmans déguisés à l’américaine, le tout souriant ‘chai wallah’ (vendeur de thé)…

On regarde, on découvre, on analyse, on écrit, on photographie, on dessine, on apprend à être…
Nous leur contons notre société et ils s’étonnent de notre individualisme contrastant avec nos contacts physiques dénués de pudeur et d’intimité.
Ils n’arrivent pas à croire que chez nous des couples du « premier soir » peuvent s’embrasser sur la bouche le premier soir en public !
On évite de trop choquer en limitant les détails. On échange deux civilisations bien différentes.
Nos journées sont rythmées par des poses chai, d’immenses plats de riz épicés à souhait, des plantes farfelues, des fruits aux saveurs édéniques, des siestes pour échapper au sadisme solaire, des plages, des plages, des plages.

Il y a des moments dans la vie où l’on se laisse exister. C’est tout.
Notre moyenne journalière n’en sort pas indemne. 20, 30 ou 40 Km/jour maximum.

Un ancien fort du temps des colonies portugaises :

Il s’teak caché le bougre !

Qu’il est bon de pédaler au soleil, sans but précis, dans des chemins bordés de cocotiers, les cheveux (et la barbe) au vent, humant des bouffées d’encens de-ci de-là, de voir des yeux tout ronds s’ouvrir et rester fixés à notre venue.
Ca étonne beaucoup de voir Jésus à bicyclette portant de grosses, bien trop grosses lunettes de soleil, avec une presque blonde derrière, et deux immenses sourires aux lèvres.
Ce sourire qui se reflète sur les visages que nous croisons. Nous amusons les villageois et tant mieux…
Nous sommes en somme le train des vaches normandes, le client d’un pompiste du bush Namibien, bref un court moment de distraction dans une vie bien monotone. Alors, on les laisse se rire de nous, et même parfois on s’arrête pour leur laisser le temps de rire plus et se joindre à eux.

Notamment dans ce petit marché de bord de route…

Un autre type de marché ! On est bien contents d’être végétarien ! !

La mode du string 😉

Les Indiens, soucieux du dharma (éthique de vie) ont toujours une place pour les animaux qu’ils aiment nourrir. Ici, ce sont les poissons. Le bassin dispose de 4 entrées pour symboliser l’universalité des choses.

L’Inde est capable du bruit le plus assourdissant, comme du silence le plus méditatif.
Les temples sont parfois des refuges, des asiles, loin du bruit, de la poussière.
Avant de rentrer nous ôtons nos chaussures et lavons nos pieds. Ainsi allégés, nous nous sentons bien à l’intérieur, pour écouter le chant calme et enjoué de ces femmes dévotes.

Chambre avec vue.
Au petit matin, après une nuit fraîche et humide, sur les rives de cette mer d’Arabie, l’Inde nous offre son plus beau visage dans une ambiance de commencement du monde féerique. Un pur moment de grâce et d’émerveillement. Baignade décontractante le soir en arrivant et calme le matin au réveil.

Nous voulions dormir sur la plage… mais il parait que la marée monte ! Alors on a finit sur les pilotis, à dormir d’une oreille pour veiller sur nos fidèles sacoches…

Au petit matin, les voila partis pour la pèche

Quand ils nous aperçoivent, les enfants fendent leurs joues rubicondes d’un large sourire et d’applaudissements frénétiques.

Un temple, une fontaine, un bassin, une mosquée… partout apparaissent les signes d’une longue histoire.
Un monde à deux vitesses, où le moyen-âge côtoie le XXIème siècle, où les chars à bœufs passent devant les centrales nucléaires, où les villages sans électricité entourent les pôles hightech…
Une improbable nation, où se côtoient le paysan « dalit » (intouchable) et le médecin Brahmane.
En dépit de cette diversité, s’exprime une forte identité, une impression d’unité perceptible qui maintient malgré les malheurs et les régimes politiques ce peuple et ces frontières.
A l’évidence, la spiritualité, la quête de l’absolu et du sacré, n’est pas l’opium du peuple, mais un exercice de philosophie quotidien.

Y A UN BUG

(Pour comprendre ce jeu de mot dont Jérémie a le secret, sachez qu’un « bug » est un moustique en anglais ;))

Ah ! Les joies des pays chauds avec leurs moustiques. Ce qui est bien dans tout ça, c’est le fait que c’est Nathalie qui se fait dévorer 😉 On pourrait lire le braille sur ses bras !

INSTANT PHOTO

Nous attendons souvent pour prendre des photos. Ne pas tomber trop rapidement dans le « prendre » et « l’avoir », au détriment de l’être » et du ressenti ». Troquer l’instantané pour l’expérience « au long cours ».
Certaines fois, un cliché peut briser le charme d’une rencontre. Cela peut apparaitre comme un sacrilège de capter, attraper, prélever, emporter, dérober, utiliser. Alors nous demandons toujours.
Même dans les endroits touristiques, ils semblent surpris que nous demandions.
Est-ce si peu commun qu’un étranger demande l’autorisation pour emporter avec lui un bout de ces Indiens ?
Certaines fois, nous ne demandons pas, comme les ambiances de foules, les paysages. Nous tachons d’être discret, et ne pensons pas gêner.
Si tel est le cas, il y a toujours une personne à qui nous pouvons demander une autorisation. Très souvent, ce sont eux aussi qui nous demandent de les prendre en photos, ravis de se regarder sur le petit écran.

Le paysage de collines est intégralement couvert de cocotiers, et la route traverse de nombreuses rivières à l’approche du littoral.
Quelques esquifs étroits portent des pêcheurs dans le courant, le lunghi remonté en haut des cuisses…
Un nombre impressionnant de gens marchent sur le bord de la route. Souvent des femmes qui travaillent sur les chantiers aussi durs que les hommes.

Miam miam, que c’est bon la fin de la coco !

RENCONTRE AVEC UN BELGE

On vous avait déjà parlé de lui, Attilio, un cyclo-voyageur qui s’est lancé dans un tour du monde à vélo. Nous avions partagé un repas ensemble au milieu de la grande descente qui nous éloignait des cimes à 5 000m et nous rapprochait de Manali, à seulement 2 500m d’altitude. Une soirée, et 3 mois plus tard, on le rejoint sur la route côtière entre Mumbay et Goa. Enfin plutôt, il nous rejoint. Car croyant que nous étions devant lui, il bourrine, bourrine et… fait demi-tour pour nous rejoindre ! 40 km en sens inverse + 40km à refaire dans le bon sens. Motivé le bougre ! Et nous qui justement, nous sachant en avance, profitions paresseusement de la plage et de ses cocotiers…

Bref, donc on s’est retrouvé et depuis, nous pédalons ensemble pour notre plus grand plaisir ! Un nouveau copain pour blaguer, papoter, rire des aléas du voyage, partager les beautés du paysages…

3 vélos à la queuleuleu : une petite caravane !

Pour vous remettre en mémoire, Attilio, âgé de 24ans, est parti il y a un an et demi de sa Belgique natale avec ses 5 sacoches bien remplies et a traversé pas moins de 25 pays pour arriver jusqu’en Inde en passant par tous les pays finissant en ISTAN, la Chine, le Népal et bien entendu l’Europe. Il écrit à peu près aussi souvent que nous (c’est-à-dire pas très souvent), c’est par là : attilioavelo.com

On a comparé nos cartes, et ce n’est pas tout à fait les mêmes en fait ! !

Plus besoin de filtrer l’eau ! Et hop, 20 min de gagnée tous les matins 😉
On a décidé que nos intestins étaient maintenant tout a fait d’attaque pour affronter la réalité Indienne !

Quelques jours après, on a pu tester ce fameux instrument, typiquement Indien, qui orne la plupart des musiques : un Harmonium. Cela ressemble beaucoup à l’accordéon sauf qu’il faut pousser d’une main le soufflet pendant que l’autre joue la mélodie. La maman de notre hôte nous berce de musiques religieuses…

LUTTE POUR QUELQUE MÈTRES D’ESPACE VITAL

La loi de la route est assez simple en Inde, nous vous en avons déjà touché quelques mots.
Sur la bande de goudron de quelque mètres de large se donne rendez-vous tout ce qui est en mesure de rouler.
Des bicyclettes disparaissent sous des cargaisons de paniers d’osier, des feuilles de palme, des charrettes à bœufs qui ne dépassent pas le 5 km heure, des tracteurs agricoles trainant des grappes humaines accrochées à des remorques, des rickshaws, de vielles voitures ambassadrices, des taxis rouillés, des bus surchargés, et même des ballons de football poursuivit par des hordes de gamins qui disputent une partie au milieu des bolides sans freins.

On se bat au klaxon, la puissance sonore de l’avertisseur est proportionnelle à la taille du véhicule. Inutile de dire que nos sonnettes de vélos sont dans la catégorie « poids-plume ». Et même si Nathalie a investi depuis peu dans un PouEt, il fait plus rire l’entourage que disperser les camions.

En inde, on ne saurait avancer sans maintenir le klaxon enfoncé en permanence.
Mais le klaxon le plus tonitruant ne décide pas seul de l’issue de la bataille. On combat également au bluff.
Chaque dépassement est un défi. Les machines lancées à pleine vitesse déboitent sans visibilité, à coups de Inch’ Allah ou de Inch’ Bouddah suivant les confessions du conducteur.
Au dernier moment, l’un des deux prétendant cède et dégage la place en mordant sur le bas côté.
L’issue des combats est parfois incertaine. Des bus coupés en deux gisent sur le bord de la route.
Parfois, un vrombissement qui couvre tous les autres domine magnifiquement la piétaille. Comme un dieu vivant régnant sur un panthéon motorisé, le Camion Tata déboule dans une tornade de fumée et de bruit, et alors la route se vide.
Aux abris !
Un éclair orange, une sirène stridente, un nuage de fumée.

La Tata est passée.

A peine si on a eu le temps d’apercevoir la figure grimaçante d’un dieu peint sur ses flancs.
Un Ganesa à la trompe éléphantesque, un Krishna plaqué sur un trône, un Shiva dansant sur la toile.

Les dieux se disputent les quelques centimètres carrés de tôle aux paillettes collées et aux guirlandes, aux lumières clignotantes, aux portraits de Stallone, mickey ou Che Guevara.
Ces camions sont des hybrides entre des fresques mythologiques et des sapins de noël.

Le manège s’opère plusieurs fois par jour, et nous sommes au milieu.

Nous échouons dans un petit restaurant où nous nous régalons de samossas et beignets de légumes fris.

Nous passons ensuite le reste de la journée sur une immense plage déserte à 6kms. Un petit temple entouré de 6 maisons constitue le village.

L’ANGLAIS D’INDE

« Possible drink water ? »
Voici l’anglais comme on le parle en Inde. Les hindous utilisent des expressions stéréotypées toutes faites qui reviennent avec la régularité des crues. La syntaxe fleurie, le lexique coloré, le verbe créateur… voici quelques uns des traits remarquables :
Basically : C’est ainsi qu’on commence les phrases en indo-anglaises. Ca fait gagner du temps dans les réponses.
Near about : Ca veut dire à peu près, ca s’utilise à toutes les sauces. Derrière on peut donc dire n’importe quoi. La prochaine ville ? heu… Basically… near about… 157 kilometers.
Combien d’enfants avez-vous ? Near about… 12. Or 17.
Purpose : Symbole de la curiosité Indienne. Purpose Bicycle ? Purpose Journey ?
After sometime, after one minute, please wait.
Expressions jumelles qui veut dire que tu vas rester planter la un bon moment, car l’indien à la faculté de repousser à plus tard toute action. On vit dans le perpétuel espoir de l’accomplissement des choses. Chaque action est le résultat d’un long murissement, dilué dans le temps et la longueur des siestes.

LES HINDOUS, CES INDIENS D’INDE QUI PARLENT HINDI…

Un « hindou » est une personne qui pratique l’hindouisme. Ce n’est pas un « habitant de l’Inde ».
Nous nous sommes rendu compte par nos échanges email que de nombreux francophones utilisent ce terme à tord quand ils voient une personne d’origine indienne.
Il faut savoir qu’un indien n’est pas forcément hindou. Il peut être de confession chrétienne, musulmane, juive, bouddhiste, jain, sikh… De même, un « indien » est une personne qui est originaire de l’Inde. A ne pas confondre avec les indiens d’Amérique que l’on appelle plutôt « amérindiens » ! Merci Christophe Colomb…
Au même titre, nous devons dire « A vélo », et pas « en vélo ».
On emploie « en » lorsqu’on est à l’intérieur du véhicule (en avion, en automobile, en train…) et « à » lorsqu’on est à l’extérieur du véhicule, et généralement dessus (à cheval, à bicyclette ou à vélo, à pied, à trottinette…).

Merci Steph 😉

LA PIEUVRE AMÉRICAINE

Nous nous rafraichissons presque tous les jours avec un Sprite, liquide de la marque Coca.
Ce nectar est une joie physique et une douleur morale. On s’y perd comme on plonge dans une piscine en pleine canicule.
Comment assister sans inquiétude au déferlement sur la planète terre de cette bouteille aux couleurs caractéristiques. Il ne doit pas rester beaucoup d’êtres humains à n’avoir jamais vu le sigle du mastondonte Américain, même dans les pays les plus reculés.
L’Inde a décidé de tout fabriquer elle-même. Les ersatzs sont nombreux : Thumbs up, Campa Cola etc. Mais la pieuvre Américaine veille, et a racheté les franchises Indiennes et contrôle actuellement tout ses concurrents.
Nous voila complices, une bouteille à la main, de cette colonisation qui affadit les traditions et donne des carries.
Ceux qui rêvent d’un village mondial marquent un point.
Mais qu’est ce que c’est bon !

Et pour notre défense (morale), c’est à peu près les seules boissons contenues dans des bouteilles en verre. Le plastique inonde le marché, les rues, les bas-côtés, les déchetteries, les rivières… Le verre au moins est consigné donc précieusement récupéré.

LE CHOC DES CULTURES

A coté des Saris Hindoue, se mêlent sans contraste les burkas. Mais aussi, fait surprenant, les mini-jupes des Indiens bien occidentalisés de Mumbay ou Pune, la grosse ville d à coté.

Sur ce même bateau, sans aucune explication, Jérémie s’est retrouvé avec un petit bout de chou dans les bras pour que le papa prenne une photo de nous tous ! D’habitude, c’était plutôt Nathalie qui héritait de ce genre de « cadeau » !

Un toilette pliable :

Une soucoupe volante ! ! Ah non pardon, un temple…

Un set complet pour la salle de bain : la bassine pour faire tremper les vêtements, la mini-table basse pour les frotter, le pichet pour se laver les fesses (avec la main gauche), et le seau pour verser l’eau après. Tout y est !

Quand on vous disait qu’ils n’ont pas les mêmes règles de sécurité que nous :

Ils étaient probablement assez surpris et étonnés de notre arrivée. Nous essayons toujours d’être au plus discret quand nous partageons un bout de leur terrain.

Au petit matin, nous découvrons les visages de chacun.

Pour la petite anecdote, cette nuit la, nous sommes réveillés à 4h30 du matin par les voisins : par le mari car ses ablutions tombent a 50cm de notre tente, et par sa femme car elle passe le balai a la frontale ! ! ! Complètement zélés des fois ! Vous en conviendrez, on s’est pas levé pour prendre des photos…

L’EAU REND, OU TEND…

Les zones rurales que nous traversons sont incroyables: vallonnées, verdoyantes, coupées de lacs et de rivières. On y croise très fréquemment, dans les villes comme dans les campagnes, des buffles, des chèvres, des chiens, des cochons, des écureuils, des singes, des oiseaux en tout genre…
Les conditions de vie sont spartiates: des petites maisonnettes de branchage sans eau courante, ou campements de fortune en bord se route. Les travaux agricoles se font encore sans aide mécanique. Tout le monde travaille, les enfants et les femmes font souvent les taches les plus pénibles, dans les champs comme sur les chantiers.

Mis à part la production du riz, la pèche fait aussi énormément travailler

Ou la vente de coquillage :

Ou pour faire traverser les rivières :

Un marché sur l’eau !

Si vous regardez bien, une partie du criquet est en cours :

De notre coté, on profite plus qu’on ne bosse…

Une petite bebeeeette :

Et là, vous voyez quoi ? ?

Robinson Crusoe ! ! ! !

Puis il s’en va chercher des bricoles pour ses futurs dessins

D’ailleurs en voila quelques uns :

Attentivement étudiées lors de notre escale à Kelshi, petit village de bord de mer :

LE TCHAI : un art de vivre

Le Tchaï que l’on boit ici est un mélange de lait, de thé noir, de sucre et d’épices. C’est sur ces dernières que tout se joue. Si certains « tchaiwallas » sont vite fait, d’autre mélangent subtilement la cannelle, cardamone, gingembre, poivre, muscade…

C’est bien connu, en Inde on paye de sa personne. La nourriture traîne sur le bord de la route dans la poussière et les mouches, tout est cuit dans une huile de cent ans d’âge, les aliments sont emballés dans des journaux et imprégnés du goût de l’encre… On s’habitue.

Ca c’est un wadapav, une spécialité du coin que l’on trouve à tous les coins de rue (ou des fois au milieu de la rue aussi) : un sandwich à la patate.

La nourriture a souvent l’allure de bouillie. On patouille, on malaxe, on tapote. Nous mangeons avec la main droite, rompant la galette en morceau pour s’en servir de cuillère pour saisir le ragout liquide.
En France on teste la température des aliments avec les lèvres, et leur texture avec la langue. En Inde on découvre avec les doigts avant la bouche. C’est perturbant mais amusant.
On se régale de ce bon repas. C’est quoi un bon repas ? Quand il satisfait l’estomac et la tête. Celui-ci en est un.

UNE VACHE PEUT EN CACHER UNE AUTRE
ou
MORT AUX VACHES

Comme un bus peut étouffer le bruit du suivant, une vache n’est jamais seule. Elle se promène avec son veau, avec ses copines, ses copains buffles, accessoirement avec son maître, et si possible au milieu de la route (la vache pas le maître).

Oui car, la vache promène le maître, et non le maître promène sa vache. Sinon, il ferait en sorte qu’elle ne soit pas sur la route, pas en plein milieu, pas à bifurquer au dernier moment, celui où juste pile tu arrives et tu penses qu’elle va aller tout droit, mais non, elle tourne vers là où tu es. Le maître ferait en sorte que les bus ne soient pas obligés de piler net car Madame humait l’air, ou pire de faire un crochet par le bas-côté, là où roulent naïvement les cyclo-voyageurs que nous sommes. Non la vache baguenaude, erre, musarde au grès de ses envies.

Les vaches sont partout sauf là où il faut.

En ville, à la campagne, sur les routes, sur les petits chemins, sur les autoroutes.

Les vaches sont multiples. Blanches, noires, rousses, à taches, bicolores, à cornes droites, à cornes en tortillon, avec de la bouse sur le museau, en train de téter maman…

SCÈNES DE MENAGE

En Inde, on lave son linge sale en famille ou celle des voisins.

Dans la rivière, l’étang, la canalisation, le tuyau qui passe par là.

Et vu l’état de l’eau, c’est plutôt la lessive qui lave l’étang que l’inverse !

Mais elles s’y attellent avec force et énergie. Et sourires.

Cette contrainte leur permet de se retrouver entres filles, d’avoir un moment pour papoter, malgré la dimension fastidieuse de la tâche.

Ensuite, le linge sèche… là où il peut !

Prés d’une pompe a eau :

SUITE AU PROCHAIN EPISODE

La côte, les plages, les cocotiers, les glaces, le sable fin à perte de vue…

Bon d’accord, on est quasiment en vacances.

La mer d’Arabie nous l’aurons vu de face, de côté, de dos, au réveil, après la sieste, au couché du soleil, pour le bain de minuit, sur du plat, en monté et en descente. Mais que dites-vous, une côte, c’est tout plat ! Que nenni, c’est du vallonné par ici ! Alors, on pousse et on ne rechigne pas.

Elle ne nous aura pas eus. On est quand même arrivé à Goa. Mais pour la peine, on va y rester quelques jours pour reposer nos gambettes, recharger nos batteries, faire le plein d’internet, et se goinfrer de plats occidentaux !

On vous retrouve pour le récit de « comment c’est Goa à vélo » dans le prochain épisode !

Ciao !

Nath et Jérem

3 Responses

  1. Gwenaël
    Gwenaël at |

    Salut Nathalie et Jérémie,
    depuis les vignes d’Alsace, c’est assez chouette de plonger dans une aquarelle. voire se promener dans un vieux rafiot ou arpenter les rues de Mumbai.
    je viens de m’envoler depuis la table basse vers vos terres d’accueil
    Bonne suite d’aventures là-bas
    Gwenaël

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  2. Mme B
    Mme B at |

     » aux bons plans de Haschich « ….
    … heu, ça a rapport avec ça ? :  » Mam ,si tu peux ,garde de la place dans ta valise pour ramener des trucs »

     » Les épices sont présentes dans tous les plats : cumin, tamara, clou de girofle, gingembre, masala… »…
    …Super! tout ça c’est bon pour moi, y’a que le piment que je crains ..y’en a pas trop, du piment ?

     » l’habituation », c’est pas un peu comme la conformitude?

    « On emploie « en » lorsqu’on est à l’intérieur du véhicule (en avion, en automobile, en train…) »
    … et quand on est lyonnais (en vélo )

    Pour le reste (et surtout Mumbai), c’est époustouflant, je ne sais que dire, je vais plutôt vous relire .
    Mme B impressionnée 🙂 🙂

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  3. gille"s gallo
    gille"s gallo at |

    je n ai pas pedalé…je n ai pas été a mumbay……vos photos et descriptions sont terribles….pathettiques épuisante s inquitantes…vous ee don bien vivant??

    bravo merci gie fa des dessins a jeremy…

    je pense a vous pesque tous les jours …4 de ses creations sont affichées dans mon bureau…salut salam shalom

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