PENJAB : où pousse riz, moustache et bonnes manières

(((FOR ENGLISH SPEAKERS: we apologies for some of our readers who don’t speak French. This newsletter and our website will be only in French because it’s to many time for us to translate everything. We apologize, you’ll only be able to see the pictures 😉 )))

PENJAB : où poussent riz, moustache et bonnes manières.

(Ecrit le 10 septembre 2014, à Bikaner – Rajasthan)

La vie courante rythme les bruits et les odeurs.
Un ferronnier jouxte un restaurant de rue.
Plus loin, un barbier s’acharne sur son client.
Au milieu du chemin, les transporteurs de ballots de toutes sortes tirent sans broncher leurs cyclo-pousses chargés, bien que suants et luisants.

Il y a comme des allures de far-west par ici.

Ciao Bella (ah non c’est pas ça, loupé) !

Sat sri akal ! (« Bonjour » en Penjabi, langue officielle du Penjab).

Voila, nous y somme, dans ce qu’on pourrait appeler le continent Indien.
La «  vraie Inde ».
Celle qui baigne dans son jus. Celle qui sue, qui sent l’homme, la friture et les pots d’échappements.
Plus on avance, plus on voit le « bordel » ambiant s’intensifier : poubelle à ciel ouvert, circulation à défier les lois de la pesanteur, marchés le long des routes, quelques vaches et buffles par ci par là, …

Pieds nus sous le ventilo, de la mangue encore coincée entre les dents, nous vous envoyons un petit message tout chaud, concocté entre la jolie bourgade de Hanumangarh et la capitale des Rajputs dans le Rajasthan, où le mercure a du mal à atteindre le 40°C tellement il a chaud lui aussi. Seules quelques averses de sieste rafraichissent un peu l’air.
Internet marche à fond, et croyez moi, c’est une denrée aussi rare qu’un kilo de Comté au fin fond du Congo.

L’Himalaya est dans notre rétroviseur. Devant nous, le chaos rupestre de la route et l’Inde surpeuplée nous attendent. La «Mother India » qui fut la porte de sortie des britanniques.

La découvrirons-nous à travers les images d’Epinal, les visions exotiques des voyageurs d’antan ?
Viendra-t-elle à nous sous la forme d’un pays fabuleux, avec ses maharajahs, ses chasses au tigre dans les jungles fabuleuses peuplées de perroquets et d’éléphants, ses temples baroques et les sages méditant sur des planches à clou, ses vaches sacrées, les lépreux et autres mendiants qui meurent devant les touristes sur les trottoirs?
Nous ne manquerons pas de vous le faire savoir.

Nous avons quitté le Penjab il y a quelques jours, et comme de coutume, nous vous proposons notre cyclo-reportage en photos et en dessins. Nous sommes donc déjà au Rajasthan à l’heure où est envoyée cette newsletter. Et oui car pour écrire, il faut bien attendre d’en avoir fini avec ledit état.
Les suivants risquent aussi d’arriver au compte-goutte, on est donc un peu a la bourre. MAIS EST-CE QUE VOUS EN FAITES, VOUS, DES SITES INTERNET POUR NOUS RACONTER VOS VACANCES ???
Non, alors ne la ramenez pas trop… 

En plus les ordinateurs ici marchent à la rame, et même en pagayant ça n’avance pas, car y a pas d’eau en période sèche. Et qui plus est, quand ya quand même de l’eau, y a des coupures d’électricité.

Pour revenir à nos moutons Indiens, les sacoches s’entassent toujours sur le velo de Jérémie pour laisser tranquille le genou de Nathalie, mais c’est comme un rickshaw, il reste toujours de la place ! Alors, embarquez ! On vous emmène pour un nouvel épisode de “Nathalie et Jérémie vous montrent comment c’est super l’Inde à vélo” http://inde-a-velo.jeremiebt.com

Et n’oubliez pas de jouer à nos quizz pour gagner des aquarelles ! Le 2 ème va bientôt s’arrêter pour laisser place au 3 ème : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/jeux/

Nathalie et Jérémie, vagabondage vélosophique en terre Sikh

  • PS 1: Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/
  • PS 2: Même si on préfère « Tu m’enivres » qui vaut mieux que « Tu m’énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.
  • PS 3: Pensez aussi à nous donner des nouvelles de vous… et n’oubliez pas que sur les pages vous pouvez laisser tout en bas des commentaires que nous lirons goulûment !
  • PS 4: Merci divinement à Alex’ et Xav’ qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.
  • PS 5: Merci aux personnes qui nous ont donnés un toit le temps d’une nuit, …
  • PS 6: Kikadikoi : « En pédalant on dirait un métronome, le haut de ta raie fait gauche/droite/gauche/droite… »
  • PS 7: Kikadikoi ? « C’est cool d’être tout le temps en sandales ! »
  • PS 8: Kikadikoi ? « Can I snap you ??» (En Français dans le texte : «Est-ce que je peux te prendre en photo avec mon téléphone portable hi-tech ? »)
  • PS 9: Kikadikoi ? « Paneer ça veut dire fromage ? Ca doit être bon alors ! »
  • PS 10: Kikadikoi ? « C’est la mode du coin la petite boule au-dessus du front ? »

Un peu en retard … il fallait le temps d’imprimer les photos

Réalisé il y a un mois mais il ne plaisait pas à Jérémie jusqu’au rajout de la ligne bleue

Nous écrivons à l’ombre d’une bâche tendue où milles petits yeux épient nos moindres faits et gestes. La curiosité est à son comble.

Dans un sens comme dans l’autre.

Le pays aux turbans est tout autour de nous.

LE PUNJAB pour les nuls

En entrant dans le Punjab, nous avons déjà parcouru la même distance qu’entre Marseille et Lille. Mais avec l’Himalaya au milieu.

Cela nous a toujours fasciné de voir à quel point les changements sont rapides lorsque l’on franchit une frontière, même régionale. Le Punjab est comme on nous l’a annoncé, plus prospère que la région d’où nous venons. D’abord étonnés par l’état des routes, puis par l’abondance des cultures, des arbres. Une beauté spéciale nous attend ici, après la saison des pluies, qui se révèle être une songerie végétale verdoyante pleine d’intuitions et de rêves.

L’histoire récente du Punjab est mouvementée et douloureuse. La province a été divisée entre l’Inde et le Pakistan en 1947 au prix d’un lourd tribut de violences et d’exodes. La plus grande partie du Punjab se trouve au Pakistan, tandis que le Punjab indien est 5 fois plus petit.
Le Punjab n’est donc plus un mais deux.

RUPNAGAR, premier pas en Inde

Notre premier contact avec le Punjab, c’est Rupnagar.
Il faut vraiment avoir une âme de poète pour trouver du charme à cette ville. Il y règne une puanteur insoutenable parfois. Sous un soleil de plomb, l’air vicié ne semble pas affecter d’autres personnes que nous.

Les faubourgs sont semblables à tous les autres : un conglomérat harassant de ruelles encombrées.
Dans un mélange d’inconscience et d’audace, nous nous jetons dans ce tumulte comme des gladiateurs dans une arène.

Nous inaugurons ici notre sonnette plus qu’utile dans ce pays de sourds. Le cri est pour l’urgence. Les klaxons nous inondent. Nous voici donc lâché en plein milieu de l’orgie urbaine à essayer de se faufiler entre les voitures, bus, motos, vaches, charrettes, rickshaws, passants, mendiants.

Et au milieu de tout ça, un turban capte notre attention, un voile coloré, un visage, un sourire… On se laisse prendre au jeu du premier qui s’engouffrera passera. Le championnat de l’audace et du culot au sang froid. Un concert de klaxons.

Nous commençons à regretter les montagnes….
Fort heureusement, le reste du Punjab nous réserve de belles surprises…

ET AU MILIEU COULE UNE RIZIERE
Ou
LE PUNJAB, Grenier de l’Inde

Nous quittons les immenses étendues désolées, montagnes nues travaillées par l’érosion, pour les vertes prairies du Punjab, combinaison des mots indo-iraniens: panj (cinq) et āb (eau).
Pendjab signifie donc (pays des) cinq rivières.
Ainsi l’économie pendjabi est avant tout agricole : il s’agit d’une des régions les plus fertiles au monde et l’État est souvent surnommé le « grenier de l’Inde ».
Le Pendjab est le plus gros producteur de blé en Inde (20% du pays et 2% du monde !), mais aussi riz, coton, canne à sucre, millet, orge…

Saison de récolte du riz, saison des coupures d’électricité. Les rizières sont pleines d’eau de la mousson ou pas assez justement. Alors priorité au riz et coupure d’électricité ailleurs pour une, deux, trois heures. Générateurs et batteries prennent alors le relais.

Les parcelles de riz su succèdent inlassablement sur des milliers de kilomètres carrés, l’irrigation est partout.

Les arbres déploient avec arrogance un ramage verdoyant malgré la poussière qui les recouvre : bananiers, manguiers, acacias.

La mousson est passée lorsque nous étions haut perchés. Nous découvrons la plaine enchanteresse, belle et radieuse ; gorgée de chlorophylle, enceinte de vie.
Le Penjab Indien n’en finit plus de dérouler sous nos yeux enchantés ses trésors de culture vert cru, sa richesse et son opulence.

Récolte du fameux « Chili » ou piment, utilisé comme du sel chez nous

RENCONTRE DU TROISIEME SIKH

Le Punjab est un foyer culturel et religieux très important. Il est associé au Sikhisme (60 % des Pendjabis sont sikhs), cette religion très célèbre et pourtant si mal connue. Les territoires des sikhs étaient disséminés entre l’Inde et le Pakistan, mais, depuis la partition de 1947, l’immense majorité des sikhs se trouve en Inde. Et inversement, la majorité des musulmans sont partis au Pakistan.

Le Sikhisme est une religion monothéiste contre la hiérarchie des castes. Datant du XVème siècle environ, un « vrai » Sikh (affirment eux-mêmes s’ils sont des « purs » ou non) se distingue par 5 éléments, « 5 K ». Ils doivent porter un poignard en bandoulière sur leur épaule (Kirpan), un bracelet d’acier symbole de l’égalité (Kara), porter une culotte large (kacheh) et surtout ne pas se couper la barbe et les cheveux (kesh). Pour être propre, ils doivent donc porter un peigne (kangha).

Sans oublier bien sur, l’élément le plus flagrant : le turban ! Se cachent parfois 6 à 8 mètres de cheveux jamais coupés! Ils sont à l’origine un moyen de se protéger la tête des coups de sabre. Seuls les soldats se différencient par un turban noué d’une manière spéciale autour de leur tête (plus en hauteur) et permettant de cacher leur cheveux longs. Les couleurs n’ont pas d’autre vocation qu’à être beaux. ET pour être beau, ils le sont ! Et fiers aussi !

Mais pourquoi cette boule sur le front ?

Les filles comme les garçons se laissent pousser les cheveux. Ils ne les couperont jamais. Selon la tradition, les jeunes sikhs doivent savoir comment enrouler le turban lorsqu’ils arrivent à l’adolescence. Une grande cérémonie appelée « dastar bandi » au cours de laquelle le turban est appliqué sur la tête des jeunes garçons symbolise le passage à l’âge adulte, une tradition qui s’était perdue mais qui revient apparemment. Avant cela, ils portent un tissu avec les cheveux noués sur le devant du front.

Mais que se cache-t-il sous la robe austère du Sikhisme ? (Haaa, Pierre D., tu nous manques…)

D’une carrure bien plus grande que les indiens, les sikhs sont réellement impressionnants. Les femmes ne portent pas d’attributs spécifiques. La religion sikh est très tolérante et conçoit la religion comme un lien pour unir les hommes. C’est une manière d’être, de rendre service à l’humanité et d’engendrer tolérance et fraternité vis-à-vis de tous. Les Gurus Sikh ne demandent pas le retrait du monde pour atteindre le Salut. Il peut être atteint par chaque personne qui gagne honnêtement sa vie et mène une existence normale.

Les Sikhs ne reconnaissent pas le système de castes ; de même, ils ne croient pas en l’adoration des idoles, dans les rituels ou les superstitions.

Sur notre route, on croise temples Sikh, Hindou et Mosquées. Le chant de l’Himam se mélange aux tablas Sikh. Mixité retrouvée dans les rues.

Grande mosquée croisé sur notre route

Temple Hindou

Sikh, hindous et Musulmans cohabitent sans accros. Seule la frontière avec le Pakistan reste problématique. Des tirs ont lieu tous les jours. Tous nous disent que les peuples sont en bonne entente, que le souci est, comme beaucoup ailleurs, politique.
L’armée Indienne entretient un climat armé pour légitimer ses subventions auprès du gouvernement. Pareil en face…
Inutile de vérifier si les hommes sont circoncis pour savoir s’ils prient Mahomet ou Shiv. Musulmans et hindous se distinguent par la barbe et le turban. A noter qu’une grande partie des hindous panjabis entretiennent des liens spirituels avec le sikhisme et visitent des gurdwaras aussi bien que des temples hindous.

Vraiment nous nous sommes sentis bien en terre sikhs et plus particulièrement dans leurs temples qui respirent harmonie et tolérance. Fraicheur et hospitalité.

Ce symbole est celui du svastika, mot sanskrit dérivé de su (« bien») et de asti (« il est »), signifiant aussi Bonheur ou Prospérité en sanscrit. Retrouvé un peu partout dans le monde, et particulièrement en Inde, il est le premier symbole du jaïnisme. Pour les hindous il symbolise, parmi d’autres sens, le dieu Ganesh qui est fort populaire. C’est aussi un symbole omniprésent chez les bouddhistes. En Chine il symbolise l’éternité.

Il est parfois appelé croix gammée par sa forme d’un gamma grec en capitale.

Hitler l’a incliné de 45° et lui a enlevé toute sa signification positive pour lui en donner une toute autre : l’emblème du parti nazi et symbole du peuple « aryen ».

Pour plus de détail : http://adream.e-monsite.com/pages/religions/l-histoire-de-la-svastika.html

FATEGARD SIRHIND : Petit tour dans un gurdwara (littéralement « la porte du Gurū » : temple Sihk)

Trop à l’ouest, nous ne visiterons pas le temple d’or d’Amritsar, le principal lieu saint du sikhisme. Mais on trouve une gurdwara (temple sikh) dans pratiquement chaque ville et chaque village de l’État.

Commençons par celle de Sirhind.

L’arrivée se fait par un dédale de ruelles dans la pénombre de la nuit tombée.
Notre vélo déambule dans les ruelles de la ville en évitant les passants, les vaches ou tout simplement les monceaux de détritus.
Nous arrivons sur un gros axe, devant un grand portail où les sikhs enturbannés affluent. Il nous faudra se déchausser, se couvrir la tête, se laver les pieds dans un bassin à cette intention avant de pouvoir poser ses orteils sur le marbre immaculé. Quelques marches plus haut, nous découvrons des allées en arcades toutes en marbre blanc qui luisent à la lumière de la lune.

Les couleurs vives des saris scintillent et se reflètent sur le marbre blanc. Les orangés font la réplique aux turbans bleu nuit de ces sikhs si fiers.

Une musique émane du temple et accompagne nos pas. Une foule glisse en silence vers la passerelle qui mène au temple. Ça et là des gardiens en tenue orange au turban bleu nuit, portant une lance, et font les cent pas. Une fois le portique passé, nous poursuivons vers l’entrée du temple.

A l‘entrée, chaque personne s’agenouille et embrasse le pas de porte. De nombreux bébés sont ainsi posés au sol pour se prosterner eux aussi. Une fois la porte franchie, nous découvrons une splendeur de décor ainsi qu’une croyance et une ferveur contagieuse. Dans un coin de la salle, des musiciens accompagnent les prêtres. Tabla, cithare, et harmoniums bercent et encouragent à la dévotion. Un prêtre à longue barbe et enturbanné psalmodie des incantations.

Les sourires des fidèles nous dissent “bienvenus”.

Les hommes et les femmes ne sont pas séparés et tout autour de la salle unique de ce temple, les croyants sont accroupis sur le marbre travaillé.

Dehors il y a un bassin. Partout la musique nous berce, le miroitement de l’eau sur le lac nous transporte.

Plus loin les cuisiniers s’activent aux fourneaux tandis que les femmes dégraissent au sable noir des milliers d’écuelles.
Ici de la nourriture est offerte à tout le monde.

A la sortie du temple, au bout de la passerelle, un préposé nous offre un morceau de pâte. Devant ce garde imposant, à la tunique orange et au regard perçant, comment refuser de tendre les mains pour recevoir cette sorte de bouillie d’un beige indéfinissable et bien grasse ? Sous son regard mi-gêné, mi-curieux, nous joignions nos mains à la manière indienne et engloutissons un morceau de cette pâte. Qu’elle ne fut pas notre surprise de constater qu’en fait de bouillie contenue dans des feuilles séchées, cette pâte n’est autre que de la semoule, du beurre et du sucre. Pourtant alléché par les premières bouchées, cette pâte se transforme vite en guise de ciment au fond de notre ventre… point trop n’en faut.

Comme vous le constatez, c’est une petite ville à l’intérieur de la ville. Un temple, un énorme bassin, un 2ème temple secondaire, des habitations, des cuisines. La vie fourmille à l’intérieur. Et des fidèles venus prier pour quelques minutes, heures ou jours. Certains dorment à même le sol en attendant la reprise des prières à 4h du matin.

Le défilé de turbans nous offre toute la gamme de verts, la palette des bleus, le spectre des rouges, le kaléidoscope des jaunes, les mosaïques d’oranges, et quelques touches de carmin. Chaque turban est une pièce unique dans cette atmosphère bigarrée. Nous dirions un magnifique tableau impressionniste.

Le grand temple Sikh de Fatehgarh offre gracieusement l’hospitalité pour les voyageurs de passage, dont nous faisons parti.

Jérémie a cassé le lavabo… à peine vétuste le machin. Vu la réaction du préposé à ce genre de problème, ça doit lui arriver plusieurs fois par jour. Il l’a simplement pris et jeté dehors contre un mur…

Apres une nuit au frais, bercé au petit matin par les tablas côté temple Sikh et par des chants provenant d’une mosquée côté opposé, nous refaisons une visite à la lumière du jour. Elle nous permet de nous imprégner des lieux mais surtout d’admirer la beauté des gens qui nous entourent. Ils ont fière allure avec leur turban et leur barbe. Ils ont des regards amusés à nous voir déambuler parmi eux. A la différence des hindous, aucun encens, aucune fleur, tout est dans la gestuelle. Tout cela pour regrouper une dignité et une fierté si chère à ce peuple sikh.

Il y a des moments, comme celui-ci, que l’on voudrait graver à jamais dans sa mémoire.

Le lendemain, une petite douleur pointe son nez au genou de Nathalie. Nous décidons d’écourter les futures journées.

UN GURWARA PEUT EN CACHER UN AUTRE

Chaque ville, chaque village ou presque possède un Gurwara. Nous en visitons plusieurs, et demandons dans certain l’hospitalité pour la nuit. A chaque fois l’accueil et la tolérance seront les mêmes.
En habitués des lieux, nous nous déchaussons, nous nous couvrons la tête et lavons nos pieds. Ce rituel accompli, nous nous précipitons à la découverte des ces temples scintillant sous le soleil.

Tous sont différents. Mais toutes inspirent calme et bienveillance. A chaque fois c’est une tout autre ambiance, parfois moins fervente mais plus mouvementée en activités diverses.

En quête d’une hospitalité du même genre que celle de Fatehgarh, les rencontres nous conduisent à être invités chez le responsable du temple de la « petite » bourgade de Khana. Riches moments partagées avec cette famille déjà bien ouverte vers les contrées extérieures. L’ainé est déjà marié avec une australienne, le 2ème fils, Rajinder, se mariera en novembre avec une allemande.

Grand Schtroumph

Vous le reconnaissez au loin devant ? Il nous conduit chez lui !

Autre standing que celui des travailleurs des champs… Cuir, clim et internet illimité sont de circonstance. On découvre les mystères de l’enturbannage. Jérémie a tenté l’expérience, ça lui va très bien ! Petite leçon pour prendre le coup de main. Vidéo à l’appui, il va pouvoir s’entraîner !

Dans la salle de prière (désolé, aucune photo ne fut permise), un poster représente une belle fresque de bataille. Rajinder nous décrit la mort du premier chef spirituel Sikh, qui, se voyant perdu, se décapite lui-même, attrape sa tête d’une main et continue le combat de l’autre, mettant en déroute les musulmans effrayés. Balaise non ?

EN PLEIN DANS LE 1000

Le palier des 1000km est dorénavant chose du passé!

29 août 2014 : nous marquons d’une crois blanche ce jour du calendrier.

Plus rien ne sera comme avant à présent.

1000 km en 1 mois dont 3 semaines à plus de 35OOm d’altitude. 35km/jour en moyenne si l’on avait pédalé tous les jours. Une moyenne pas loin du double par jour si on enlève les 500m de dénivelé habituels. La barre est haute pour les prochains mois !

RENCONTRES PUNJABIQUES

Petit panorama de ce que l’on croise sur les routes….

Maintenant que c’est plat, nous nous sentons moins seuls. Des deux roues non motorisés apparaissent sur les routes.

Et des mêmes des magasins !

En guise de taxi, transformé en charrette, à 3 dessus, pour papys à turban, les vélos à une vitesse avancent cahin-caha sur les routes. Nous avons fier allure avec nos sacoches toutes colorées !

Et les Indiens sont fiers de parcourir quelques kilomètres côte à côte avec nous.

– « Hi my friend! Howaru ? Wheraru going ? Where do u comfrom ? »

Ou plutôt :

– « आप कहां से हैं? आप जीवन में क्या चल रहा है? »

– « Oui, je crois que c’est l’Allemagne qui a gagné. Mais sinon, une glace on dira pas non. Vous venez de Suède ?»

Ces voitures à 3 roues sont des « tempus », la version collective des rickshaws. En ville, le trafic est trop important pour eux. Seuls la campagne peut les accepter.

Et d’attroupements à tailles malléables. Nous apprenons à ne pas nous arrêter n’importe où, car en quelques secondes nous créons des embouteillages.
Alors on évite les carrefours, par exemple.

En même temps, si je vois un sikh en tenue traditionnelle dans la boulangerie en bas de chez moi, je ferais aussi une fixation…

Procession en l’honneur d’un dieu Hindou

Contrairement à ce qui nous a été décrit, nous trouvons depuis le début que les routes Indiennes en vélo sont plutôt sures. Certes, il est arrivé qu’un ou deux camtards (ou plus souvent des bus longue distance) débaroulent un peu près, mais de manière générale nous trouvons les conducteurs très attentionnés à nous. Le danger nous a toujours semblé prévisible grâce à nos rétros et notre ouïe de chacal (et oui, les chacaux ont l’ouïe fine)

La plupart de cyclistes Indiens ont, à notre approche, l’habitude de pédaler comme des dératés pour arriver à notre hauteur et nous dépasser. Nous rattrapons tranquillement la centaine de mètre qu’ils ont gagné, et à notre approche, même manège ils forcent l’allure comme des damnés. Ce chassé croisé dure plusieurs kilomètres, jusqu’à ce qu’ils abandonnent, lui ou sa monture. Quand on en voit un qui nous double, Jérémie, dans un large sourire, désigne la roue arrière de l’outsider. Celui-ci ralentit, et finit par s’arrêter pour ausculter sa roue. Lorsqu’il s’aperçoit de la supercherie, nous sommes déjà loin 😉

Des hippopotames ??

On a failli se faire avoir !

Entre deux maisons dans un petit village, nous apercevons des ados qui pratiquent le kushti, une forme de lutte traditionnelle indienne où l’on s’enduit le corps de terre.
Trop tard pour faire une photo, nous sommes repérés et le jeu s’arrête pour quelque chose de plus intéressant, venir regarder les blancs à vélo….

Des blancs parlons-en, nous n’en avons pas vu un seul depuis trois semaines… depuis… Manali et ses magasins babacools.

Cette famille nous explique le fondement de leur croyance, le Nirankari (ceux qui croient à l’Être sans forme), un mouvement (secte ??!) de réforme important dans le sikhisme au XIXème siècle afin de restaurer de l’essence religieuse à cette foi.

Leurs buffles

Collection de caca

Mini mante religieuse

Un charmeur de cobra

Un allumé caché sous un pont

Un porte paille

La dite paille est entreposée comme cela avant.

Et partout, tout le temps, les camions colorés « Tatas » klaxonnent pour nous saluer.

APRES UN MOIS, où nous en sommes quant à…

Quelques réponses aux curieux de la vie quotidienne d'un voyage à dos de vélo. Nos principales dépenses reposent sur le carburant : notre alimentation. Le plus souvent, on mange dans des petits restaurants qui ne sont pas plus chers que les produits achetés au marché. Et tellement meilleur que ce que nous pourrions préparer avec notre petit réchaud à bois. A cela s'ajoute les invitations spontanées, il ne se passe pas une journée sans que nous soient proposés dhals, tchais, eau, coca… Y a qu'à voir, sur 2 semaines, la moitié de nos repas furent offerts ! Trop bon ce Hamburger végétarien pas épicé d'un poil ! Samosa presque pas épicé Sur les bords de route se tiennent des cabanes en dur. Sur les fourneaux cuisent de Dhals, du riz, et des Chapatis. Des lits sont disposés à l'ombre, pas loin. Les camionneurs (et les cyclistes), s'y écroulent, hagards de fatigue. C'est dans ces lieux que nous faisons la plupart de nos pauses de midi. Repas, sieste, dessin, écriture et c'est reparti une fois que le mercure a un peu chuté. On trouve aussi ça (au moins une fois !) Pour l'eau, on s'adapte : immunisation ou pompage avec notre filtre a eau. Face à un verre spontanément offert et servi sur un petit plateau avec déférence, il est difficile de demander la provenance du contenu, surtout lorsque l'anglais est très approximatif… En revanche pour ce qui est de la lessive, difficile d'être vraiment propre quand il s'agit de laver à la main. Pourtant, nous n'y avons pas échappé, et nous comprenons mieux le bonheur de nos grands-mères dès lors qu'elles ont connu la machine à laver! Surtout que vu les températures, nos habits sont à essorer de transpiration tous les jours ! Mais l'avantage de la chaleur, c'est qu'en une nuit c'est sec ! Pédalage, lavage, séchage, pédalage, lavage, séchage, pédalage, … Une fois nous avons eu droit à une machine à laver chez l'habitant. Mais le mode d'emploi nous est indispensable, nous européens, habitués aux machines qui font tout en 1h30. Ici, la plupart sont encore semi-automatiques car nettement moins chères. Un bac pour laver et un deuxième pour rincer robinet ouvert et essorer robinet fermé. L'hospitalité se fait au hasard des rencontres, ou d'elle-même quand nous demandons par exemple à poser la toile de tente à côté d'une maison, faute de pouvoir trouver un coin accessible, calme, sûr et propre dans la nature, éloigné du passage. Sinon nous prenons goût à dormir dans la nature, et plutôt que l'hôtel "4 étoiles", nous recherchons le "mille étoiles" de la voute céleste au-dessus de la tente. La journée passe au rythme des Tchais qui s'enchainent. Concernant le nombre de kilomètres que nous effectuons par jour, il est très variable selon le relief, les paysages, les visites (monuments, musées, villages, etc.) ou encore les rencontres. Alors qu'ils étaient de 35 ou 40 km dans l'Himalaya, nous pouvons pédaler à présent 80 à 100 km par jour, mais aujourd'hui notre moyenne se situe davantage aux alentours de 60 km… les jours où nous roulons!! Nous apprenons à relativiser les choses au cours du voyage, la distance n'importe plus et nous ne courons plus après le temps. Nous préférons nous laisser guider par ce je ne sais quoi, prendre le temps d'observer, écouter, et savourer. Notre chemin se tisse au fil des rencontres et se profile un peu à l'intuition, même si nous avons de grandes lignes en tête. La routine d'un emploi du temps citadin s'est transformée en une multitude de possibilités. Rouler ou rester un jour de plus ? Plus rien ne nous contraint à des horaires précis ou fixes. Hier nous étions là-bas, aujourd'hui nous sommes ici. Et chaque jour se remplit différemment. Aucuns ne se ressemblent. Alors pour l'heure, savourons le temps présent.

CHAUD DEVANT (et derrière, et dessus, et SURTOUT dedans …)

Nous sommes en septembre. La fraicheur arrive petit à petit en France. Pour nous, c'est tout l'inverse ! Plus on avance, plus il fait chaud ! On croyait se prendre la mousson au moins pendant quelques semaines mais elle est déjà finie ou presque, donc pas de pluie pour se rafraichir ! Mais tout est relatif, pour eux, il fait presque « bon ». La saison chaude est en juin-juillet … Bref, pour nous, Il fait chaud. Trop chaud pour nos corps pas encore acclimatés, où dès 8h du matin notre thermomètre indique 32 degrés. La nuit nous respirons de l'air chaud, et nos corps se reposent mal. Vas-y ciel, ouvre-toi ! Fais-nous pipi dessus pour faire chuter le mercure ! Les ventilateurs maintiennent péniblement 30°C la nuit. Nous baignons toute la nuit dans notre jus, en rêvant de la douche au petit matin (en milieu de matinée, à midi, en milieu d'aprèm, au the time, le soir, tout le temps, à la folie, passionnément). On les observe, eux ne transpirent pas, nous on dégouline dès que la coupure d'électricité arrête le ventilo. Ils sont tombés dedans quand ils étaient petits ???

LE SIKHISME ou L'HOSPITALISSISME

Nous sommes invités de toute part, l'offre dépasse la demande. Quel bonheur pour un dessinateur ou un photographe, car vouloir les immortaliser pour leur apparence est conçu comme un grand honneur. Leur apparence serait le reflet de leur âme… Les voyageurs aguerris que nous ne sommes pas encore, apprennent à évaluer les rencontres, et les intentions de l'interlocuteur. Ne pas accorder trop vite de confiance pour ne pas s'exposer au danger ou à l'arnaque. En revanche, trop de méfiance nous font certainement rater des soirées d'échanges inoubliables. Le lien qui nous lie aux rencontres de bord de route, le temps d'un repas ou d'une nuit, ne disparaît jamais complètement. Même éphémère, Il laisse une trace. À peine le souvenir d'une trace peut-être, mais il reste.

COUCH SURFING ou L'HOSPITALITE DES TEMPS MODERNES

Nous avons rencontré Sudhir à Maler Kotla par Couch Surfing. CS pour les intimes est un site qui permet de mettre en relation des voyageurs (comme nous) et des locaux (comme Sudhir). Le site met simplement en relation. Tout est gratuit, pour le plaisir de l'accueil et de la rencontre. En France, nous avions épluché le répertoire CS de notre itinéraire supposé. Certes moins spontané qu'un Chaï offert sur la route, ça nous permet maintenant d'avoir presque une cinquantaine de points de chute déjà établis. Email et numéro de portable en poche, tout est déjà quasi prêt pour la rencontre.

CYCLISTES UN JOUR, CYCLISTE TOUJOURS

Le lendemain, toujours avec CS, rencontre de Jagpal Singh, un autre Sikh. Tous les samedis matin, il fait 30 à 40km de vélo avec un groupe de près de 50 personnes au total. Diverses visites sont prétextées pour aller pédaler. Nous en rencontrons certains le soir. L'idée de venir faire quelques kilomètres avec nous le lendemain est lancée ! 7h, nous sommes au complet. Quelques photos souvenirs, et nous partons entourés par ces tee-shirts à deux roues sponsorisés par l'un d'eux.

ON A LA DHAL !!!! La cuisine indienne, un festival de saveurs (et de piquants)

En un mois on a déjà perdu plusieurs kilos chacun et au moins une taille de pantalon. Pourtant qu'est-ce qu'on mange ! Le vélo, des vertus insoupçonnées … A force de pédaler, l'estomac creuse. Il est temps de faire un point sur les plats locaux.

LES PLATS QUE L'ONT RETROUVERA PARTOUT

Le DHAL

Le DHAL est le plat essentiel du Ladakh et d'Inde de manière plus générale. A base de riz, il est agrémenté de plusieurs mélanges de légumes/légumineuse, généralement lentilles et choux/épinard/pois chiches/… Dans les montagnes, les portions sont souvent à l'inverse de ce qu'on aurait en France ; peu de légumes pour BEAUCOUP de riz… les légumes sont rares ici. Mais le riz éponge, colmate et apaise quand la dose de chili est un peu trop forte pour nos papilles ! Contrairement aux idées reçues, le meilleur calmant pour la bouche en feu est le yaourt ! Coup de bol, dans certains endroits, une portion est comprise avec l'assiette de dhal. Maintenant que les cultures sont plus accessibles, les légumes sont de retour. Et on a apprit aussi à dire « No spicy please », ça marche, des fois.

la chapati

la chapati, appelée aussi roti : crêpe sans œuf cuite a la poêle et légèrement brulée directement sur le feu ou gaz. la « Pronta » : chapati huilée/beurrée fourrée aux légumes ou aux patates

LES PLATS D'ORIGINE CHINOISE

(la frontière n'est pas si loin, surtout au Ladakh !)
Chowmein :
pâtes avec des légumes revenus à la poêle
Tchukpa :
la même chose en gros mais en soupe
Veg Momo :
pâte fourrée aux légumes (choux le plus souvent) puis cuit à la vapeur. Un régal
Tsampa :
farine d'orge diluée dans du thé, lait, …
Timo :
pâte fourée à la pâte … sorte de pâte cuite. Absent du top 5 …
Le petit déjeuner Ladakhi :
une omelette au milieu de 2 chapatis et un thé au lait
Celui du Penjab :
beurre, yaourt, légumes amers et le fidèle thé au lait appelé maintenant Chaï.
Le non moins fameux « masala »  vient d'ici. Cette sauce pendjabi est généralement faite à partir d'oignon, d'ail et de gingembre. Mais il en existe un d'un autre type ; celui mis dans le Chai. Littéralement, masala veut dire : « mélange ». Notre panier à légumes à l'arrière du vélo de Nathalie. A l'heure actuelle, il se remplit de bananes pour les pauses petits creux. Pour garder au frais les produits, pas de souci, ils ont tout prévu ! Nathalie et Jérémie qui se tâtent à essayer la nouvelle crème à la mode

OBECTIF : DUNE !

Dune, dune à tribord ! Nous arrivons dans le prochain état, celui du Rajasthan. Grands espaces nous y attendent. A BIENTOT POUR LE PROCHAIN EPISODE DE « L'INDE A VELO » !

7 Responses

  1. joanna
    joanna at |

    super les photos! merci pour ce partage…par contre c’est très difficile de lire les textes qui sont sur les photos….
    plein de bisous à vous de marseille!
    joanna

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  2. Sudhir jain
    Sudhir jain at |

    Really nice & close insight about Punjab, i liked the tagline(where good manners grow) & the bit about Couchsurfing 🙂
    Thanks to Google chrome for auto translating the page in English !!!

    Reply
  3. MmeB
    MmeB at |

    Ah … revoilà les jolies aquarelles …

    Magnifique reportage, encore une fois .Vos photos ..ahhhh ..vos photos .. Je les attends avec impatience .
    Et qu’est ce qu’ils ont l’air bien , tous ces gens …beaux, souriants, tout, quoi .

    Bref, que dire …. Z’ont pas entendu parler de la crise entre Valls et Montebourg ? même pas du retour de Sarkozy ?!!!? nan ….
    A bientôt ? Mme B :-))

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  4. Yann Dentil
    Yann Dentil at |

    Vraiment sublime !
    On ressent les bruits, les odeurs comme si on y était…
    1er jour de l’automne demain… on se rapproche de 10° le matin.
    On vous envoie un peu de fraîcheur cantalouse 😉

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  5. LiliBzh
    LiliBzh at |

    Ce que j’aime ici? Trouver un soupçon de liberté, des instants de vie à la pelle, une pincée de mets divers et variés et apprendre mille et une anecdotes à travers vos aventures! Merci à vous deux pour ce partage! Faites le plein de sourires ici l’automne est installé. Je vous envoie un brin de fraicheur de Lyon

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  6. Cantore Alain
    Cantore Alain at |

    Pas en grande forme ces temps-ci, je passe mes journées à regarder vos reportages.Vous êtes trop forts! Je suis allé en Inde en soixante seize. Cela me fait de bons souvenirs. Vite au prochain épisode. Merci à vous.

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  7. Michèle
    Michèle at |

    Un grand merci pour partager ce voyage, grâce à vous je retourne en Inde, un pays qui me fascine depuis mon unique voyage en 1984 !
    et je savoure avec émerveillement les aquarelles de Jérémie
    Namaste

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