HIMACHAL PRADESH, « les cols de la vie »

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don’t speak French. This newsletter and our website will be only in French
because it takes to much time for us to translate everything. We apologize, you’ll
only be able to see the pictures 😉 )))

HIMACHAL PRADESH, « les cols de la vie »

(Ecrit le 29 août, à Maler Kotla – Penjab)

Salut atoutzeatous !

Voilà vos cyclo-reporteurs préférés au rapport.

Au moment où les premiers d’entre vous lirez ces lignes, nous seront très
probablement dans l’Etat du Rajasthan, nous aurons surement déjà foulé la plaine
Indienne du Penjab, cette terre inondée où poussent le riz, les moustaches, et
les bonnes manières.

Comme vous avez pu constater via la 1ère newsletter, le yéti caché
de l’Himalaya nous a laissé tranquille et on a survécu aux 1ers
lacets bien serrés. Mais pour l’instant, nous écrivons ces lignes peinards assis
sur une chaise à contempler les montagnes derrières nous. Elles nous auront bien
épuisés mais c’était pour le plus grand plaisir de nos pupilles, narines et
oreilles !

Pour vous c’est la rentrée, mais pour nous aussi c’est studieux. Apres avoir
étudié le dénivelé des chaines himalayennes, nous buchons sur l’Hindi que nous
essayons d’apprendre par phrases « toute-faites ».

Le défi sportif d’avancer à la seule force de nos mollets (et sûrement bien
d’autres muscles jusque là ignorés) nous ravi toujours. On pédale, on navigue
sur ces vagues minérales, au milieu des trous, entre les précipices. Les jours
se suivent mais ne se ressemblent pas tant les surprises peuvent surgir à
l’improviste.

Nous vous emmenons cette fois-ci en Himachal Pradesh, « le pays des
montagnes », pour une chronique ordinaire parsemée de montées épuisantes, de
descentes palpitantes, de 500 km à hisser vélos et sacoches entre 3,000 et 5,000
mètres, de paysages verts et blancs, de vents de face terrifiants, de rencontres
revigorantes, de camions qui frôlent mais qui coupent du vent donc on leur
pardonne, de gens à vélo qui nous dépassent, et d’Indiens.

Un véritable fil rouge qui rapproche les peuples des hauteurs et invite le
cycliste à user ses pneus. Ici, les frontières étatiques n’ont plus beaucoup
d’importances. Seuls les yaks, les ânes du Tibet rêveurs et quelques rapaces se
partagent ces espaces d’altitude. Ce bal de solitude et de silence continuera
jusqu’aux contreforts de l’océan, là où l’ambiance maritime prendra le
dessus.

Nous sommes donc sur la route qui traverse l’Himalaya sur la largeur et qui
va jusqu’en Chine. La route carrossable la plus haute du monde. C’est du moins
ce que disent les Indiens, et ce qu’on peut lire sur les panneaux au sommet.

En espérant que notre reportage vous agite les papilles des yeux comme ce fut
le cas pour nous !

L’« Inde » nous attend…

On vous embrasse fort,

Nathalesh et Jérémindra, « Pour vivre heureux, vivons perchés… »

  • PS 1: Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/
  • PS 2: Même si on préfère « Tu m’enivres » qui vaut mieux que « Tu m’énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.
  • PS 3: Pensez aussi à nous donner des nouvelles de vous… et n’oubliez pas que sur les pages vous pouvez laisser tout en bas des commentaires que nous lirons goulûment !
  • PS 4: Merci divinement à Alex’ et Xav’ qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.
  • PS 5: Merci aux personnes qui nous ont donnés un toit le temps d’une nuit…
  • PS 6 : Kikadikoi ? «Elle a mis de l’encens ou c’est juste l’odeur du moisi ??».
  • PS 7: Kikadikoi ? « C’est génial un pays où on peut dire enculer et gros connard à un camionneur sans se prendre un coup de poing dans la tronche. »
  • PS 8: Kikadikoi ? “C’était à se faire une tendinite de la paupière à chaque virage !”

HIMACHAL PRADESH, « le pays des montagnes »

« Panorama depuis le col de PANG – Photo de Attilio http://attilioavelo.com/ »

Nous vous avions laissés dans le petit village de Pang. Nous voilà reparti
pour 4 cols. Les drapeaux tibétains accroché au guidon, notre vélo file, c’est
Boudha Assurance. Et puis…

Il flotte dans l’air comme un parfum d’aventure.

Nous rentrons alors au cœur de l’Himalaya, dans l’état de l’Himachal Pradesh
(littéralement, pays des montagnes en Hindi), et passons trois semaines entre
5,100 m et 2,000m d’altitude.

Les espaces nous semblent majestueux, sereins. Seul le bruit des camions, du
vent et de la rivière, de son flot ininterrompu, accompagne notre
avancée.
Les vallées sont peu habitées du fait de leur encaissement. Les
montagnes sont arides et rocailleuses, les pentes glissantes de
gravillons. D’énormes roches tombées s’accumulent sur les côtés de la route. Les
tons marrons – rouge des montagnes se détachent impeccablement du ciel bleu et
donnent une très grande intensité au paysage. La piste est mauvaise et les
nombreux passages à gué rendent notre progression lente et laborieuse.

LACHALUNG LA PASS (5,065m): NOTRE PREMIER 5,100 m ! Requiem pour un
cycliste

A quelques kilomètres de notre campement, se trouve le FAMEUX col Lachalung
La, le troisième plus haut col du monde, à 5,065 mètres.

Le second, à 5,300m est 50 km derrière nous. Nous l’avons contourné par une
route plus facile, mais plus longue d’une centaine de kilomètres prés des lacs
(voir le dernier reportage). Deux journées de plus en vélo, mais 30 km de lacets
interminables épargnés.

Mais revenons à nos lamas.
Nous avons 30 Km ce jour là à parcourir pour
gagner le prochain campement. 30 c’est peu. Mais il y a un sacre col au
milieu.
Pang est en bas dans la vallée, il va falloir pousser.

La route s’élève au gré des lacets pentus. Les paysages deviennent de plus en
plus arides. La montée commence en lacets réguliers puis continue sur le versant
opposé.
Nous prenons de la hauteur et la vue sur ces blocs montagneux
devient vertigineuse.

Il fait froid. Nous attendons le soleil avant de commencer notre montée, mais
malgré le soleil qui brûle nos visages, le vent nous glace et Jérémie à des
gerçures aux mains qui empirent, et qui ne partiront pas avant plusieurs
jours.

On entame les hostilités avec un faux plat d’une vingtaine de km pour
enquiller une série de virages en lacets qui nous font passer de 4400 à 4900
mètres. L’ascension est difficile, on en peut plus. On met pied à terre et on
pousse les vélos au plus fort des déclivités, arc boutés sur le guidon. Point
d’ombre, immobile sous le soleil implacable.

Nos muscles se contractent. Chacun dans son rythme, nous avançons lentement,
fermés dans notre bulle de concentration.

Une photo pour les folkeux :

Mais que fait Nathalie ? Elle enregistre un embryon de mélodie pour notre
futur album (on y croit). En l’occurrence, il s’agit d’une ligne de basse pour
un rondeau, sortit de la tète sous oxygénée de Jérémie pendant les montées.

La neige, preuve que l’on monte (au cas où nous en doutions…)

Sans blague, comme si on faisait du 90 !
Sont drôles ces Indiens !

Les plus attentifs auront remarqués que j’ai trouvé un chapeau sur le bord de
la route. Il s’agit d’un « Topi » traditionnel. Je décide de le caler entre ma
tête et le soleil pour les prochains milliers de kilomètres.

Puis encore 200 m de dénivelé pour franchir le col de Lachalung La.
Et de trois dans le retro!

Au col, un grand panneau signal la fin des souffrances. Incontestablement la
conquête de l’inutile, mais ça fait plaisir à l’égo d’en être la.

On oublie le pire pour contempler le meilleur : un panorama sublime de
montagnes effilées, de glaciers, de couleurs… On découvre des dégradés de
bruns, marrons, gris que même les palettes de Jérémie ont du mal à
différencier.

Comme d’habitude, les drapeaux nous attendent au sommet, déversant leur
ribambelle de couleur et de mantras.

NAKEE LA PASS (4.903m): Un col en guise de petit déjeuner

De jolis sommets avoisinant les 6000 mètres se détachent des masses nuageuses
et nous offrent un spectacle grandiose, laissant apercevoir en contre bas une
vallée immense.

Nous dormons à Whysky Nala, 7 km en contrebas, pour récupérer. Nous dégustons
avec empressement notre plat de riz – lentilles – chapati et nous nous glissons
épuisés dans nos duvets. Un autre col, plus petit cette fois, nous attend le
lendemain.

Le Nakee La Pass, accessible par 4 Km, est avalé en guise de petit déjeuner.
Il est certes moins raide, mais il nous achève.
Nous voyons les montagnes s’élever en pyramide, aux pics tranchants comme des couteaux.

Il fallait bien que ça arrive un jour, non ? A partir de ce col, chaque jour,
nous descendrons plus que nous ne monterons. La mer est proche !

Mais les 50 Km qui suivent pour rejoindre Sarchu, le prochain campement, nous épuise encore plus.
Rochers, précipices, torrents, troupeaux, on ralentit en fonction des impératifs du moment.

L’état de la route est lamentable, nous allons aussi lentement qu’en montée!
La piste est un amas de cailloux et rochers qui nous secouent dans tout les
sens, ballottés au gré des ricochets sur les roues, le plaisir de la descente
tant attendue est sacrément entamé… On découvre le cyclo-rodéo, plus vrai que
nature ! Une pause midi récupératrice au milieu de ce désert permet d’ajuster le
moral.

Voici les fameuses gataloops. Les « lacets de la mort » pour les cyclistes…
qui la font dans l’autre sens. 10 km d’épingle que l’on descend en 15 minutes en
hurlant « BORN TO BE WIIIIIIIIIIIIIIIIIIIILD !!! »

Sur le versant opposé, nous apercevons de minuscules chemins de bergers qui
courent sur les flancs de la montagne.

La route chaotique nous a emmenées à travers des paysages toujours aussi
magnifiques : lunaire, couleurs rosées, perspective sur les sommets qui
s’enchaînent, lacets à flanc de montagne et fleuve qui serpente en bas.

Ici, Nathalie s’est pris sa première vautre.

Nous arrivons aux magnifiques Sarchu Plains, avec un super vent de
face.
Ce n’est jamais agréable de se prendre un vent, et encore moins de
face.
On se console avec le paysage magnifique et le coucher de soleil
derrière les montagnes. Nous nous laissons absorber devant l’horizon intemporel,
charmés par les couleurs tendres du couchant.

Totalement sonnés et fatigués, nous nous arrêtons chez deux femmes très
gentilles qui tiennent un dhabbas dans le camp de Sarchu. Nous sommes ravis de
voir arriver riz, dhal et tchai.

De l’intérieur

De l’extérieur

Le lendemain matin, thé chaud en main, nous découvrons le paysage de la
plaine : pics blancs, fleuve bleu glacier et notre route qui monte en lacets
vers le col Baralacha Pass encore invisible d’ici.
Le ciel est au bleu fixe, tout comme notre moral.
33 kilomètres de lacets doivent nous élever au 3.980m du col de Baracha La.

A côté des dhabas où l’on peut négocier une nuit entre 100 et 200 Roupies
(100Rps = 1,25€), on trouve des camps de luxe.
Ces tentes entre 1000 et 2000 Rps/nuit sont montées pour les touristes. Les repas se prennent forcément
sur place. Il n’y a quasi aucune retombée pour les locaux qui survivent avec
trois fois rien. On en croise régulièrement le long du Ladakh.
Le public est constitue de groupes de motards ou des cyclistes comme nous.

Enfin… comme nous, c’est vite dit. Ils ont une fourgonnette qui les dépose en
haut des cols pour faire la descente en VTT… Nous en avons croisé quelques uns
de ces groupes composés de Suisses, Allemands, Néozélandais, Australiens…..

Heureusement, on croise aussi des cyclos comme nous. Alain et Annie que vous
reconnaitrez si vous avez lu notre premier article, et Thomas, un allemand qui
sillonne le Ladakh pour accompagner de futurs groupes en vélo.

TU PISTES OU TU GOUDRONES ???

Un peu partout on a croisé des restes de goudron, donc il y a du y en avoir
un jour, pas partout… mais il est parfois tellement camouflé par le sable et
les pierres que la conduite requière toute notre attention, à nous faire presque
oublier de regarder le paysage ! Mais adeptes des pauses que nous sommes, toute
excuse est bonne pour s’arrêter et admirer ce qui nous entoure : photo, film,
vidange interne, biscuit, papoter avec les locaux…

La route ouverte que quelques mois par an subit tous les hivers les ravages
de la neige et des rivières au bas des glaciers. Certains passages sont alors
probablement laissé volontairement en piste car ils devraient sinon la
regoudronner tous les ans. On a du plusieurs fois traverser des gués au risque
de se mouiller les petons. C’est bon pour la circulation à ce qu’il parait, mais
l’eau est glaciale.

LES RENCONTRES QUE SEUL LE VELO PERMET

« Panorama depuis le col de TANGLANG LA – Photo de Attilio http://attilioavelo.com/ »

Hiromu tourne autour de la terre depuis plusieurs années et son
1er contact électronique avec Jérémie date de 2010. Après s’être raté
de quelques milliers de kilomètre en Afrique, ça ne pouvait être qu’au milieu de
cette rivière, pieds nus dans de l’eau glaciale, que la rencontre pouvait
s’opérer.

« Jérémie ! » s’écrit-il à notre vue. Jérémie lance « Hiromu » sans
hésitation. Chacun savait que l’autre parcourait l’Inde, mais où ?! Le hasard
porte bien ses fruits. Hiromu continue sa route vers Leh, et nous continuons la
notre vers Manali.

BARACHA LA PASS (4,892m) : Le cinquième col de la traversée
Ou
LE JOUR LE PLUS LONG : Sarchu – Patseo

Déjà à la fin de la journée, les souvenirs s’émoussent. Les lieux se
confondent, les visages deviennent flous, les cols se mélangent.

Ce cinquième col de ce parcours du combattant n’est pas simple à négocier,
mais il faut croire que nous avons aiguisé notre mental et que trois semaines de
montagne nous ont permis de bien nous acclimater. C’est encore un beau col
désertique à gravir avant de rejoindre la verdure. Il nous paraît presque simple
après tous ces kilomètres au compteur. Il n’est pas haut, nous pourrions nous
dire que c’est une formalité.

Mais ça monte, ça monte, puis ça monte encore… au final : 700 mètre de
dénivelé positif. A chaque col, la même excitation face à ce qui se trouve de «
l’autre côté », cette nouvelle vallée, ce versant incertain sur lequel ont été
concentrées toutes nos pensées lors de notre ascension.

Une fois le pass derrière nous, une nouvelle chaîne de montagnes
impressionnante s’offre à notre vue : pics enneigés, terre marron jaune, coupés
net par un ciel bleu profond sans nuages. Commence ensuite une longue descente
en lacet que l’on savoure… tellement que les premières tentes nous paraissent
trop proche pour déjà s’arrêter. On devine à peine le bas au niveau de la
rivière. La descente se fait au ralenti, les mains crispées sur les freins pour
éviter les trous et rochers qui jonchent la piste.

Mais pas de chance pour nous, les tentes suivantes seront soit glauques, soit
inexistantes, soit en fait un camp militaire désertique…

Au final, cette longue journée s’achèvera dans l’unique tente d’un petit
boui-boui sur le bas-côté de la route, à 1.100 mètres en contrebas, dans le
petit village de Patseo.

LA VALLEE DE SISSU : un peu de verdure…

La veille nous avions du lion dans les jambes, mais aujourd’hui, les muscles
ne répondent plus. La fatigue physique se fait nettement sentir. Nous pensions
pouvoir négocier le dernier col en deux jours, mais dès le matin, même un dos
d’âne nous tétanise les muscles. On décide de prendre des forces, de faire une
pause d’une journée avant de grimper sur le dernier Goliath du parcours.

Nous peinons à faire 20 Km de descente le matin, 20 Km qui nous déposeraient
dans un dhabba où passer la journée et la nuit.

Dans les vallées, des terrasses cultivées se déploient en éventails autour de
petits villages et de monastères qui paraissent minuscules dans l’immensité du
paysage.
Les vieilles maisons au toit de lauzes d’ardoise se serrent les
unes contre les autres. Ces habitations sont faites de bois, de pierres et de
torchis.

Dans les campagnes environnantes, au moment des moissons, on rencontre ces
paysannes portant d’énormes ballots d’herbe. Une chanson, un sourire, un salut:
« (d)Julley » !

Aujourd’hui, le 15 aout, c’est le jour de l’Independence de l’inde. Mais
c’est surtout le premier jour où l’on se prend la mousson sur la tronche.

Calme plat. Puis les premières gouttes arrivent, pesantes. Nous entendons
chacun d’elles s’écraser sur nous.

Nous déchantons rapidement. Les routes en question ne sont pas des artères
goudronnées. Parfois, il demeure des tronçons de pistes laissées à l’état brut
que la pluie a transformé en véritables fondrières. Par endroits, ce n’est plus
de vélo que nous faisons, mais du cyclo-cross.

Le jeu consiste à repérer les meilleurs sillons et à éviter les trous qui
promettent l’embourbement. Un coup à gauche, un coup à droite, nous poussons
machinalement, concentrés sur l’effort.

Mais en montagne les journées entières de mauvais temps sont très rares. La
pluie ne dure jamais, grâce à elle la végétation est luxuriante et fraîche, tout
pousse et les cultures s’étendent des plaines aux sommets des montagnes.

Mais surtout en ce qui nous concerne précisément, la pluie réveil les odeurs,
et c’est un kaléidoscope de saveurs qui rentrent dans nos narines. Ces effluves
font rejaillir des souvenirs d’enfance enfouis au plus profond de nous, qu’on
croyait disparu et qu’une odeur ou une sensation réveille subitement.

DE LA VERDURE, ENFIN !!!!

Nous sommes rincés (dans les deux sens du terme), boueux, fatigués.
Il faut alors croire en la bonne étoile du voyageur à vélo.
Demandant notre route à un jeune homme sur le bord de la route, il nous invite pour prendre le thé. Il est 10h30.
Une pause qui durera 24 heures, et qui arrive comme un baume sur nos muscles douloureux.

Ce sera une de nos plus petites journées : 2h de vélo et que de la
descente. On décollera à nouveau le lendemain dans la matinée pour faire notre
plus petite distance : 20km.

La vallée est maintenant habitée. Nous croisons de rares villages indo –
tibétains aux massives maisons construites sur 2 ou 3 étages, murs chaulés,
toits plats soutenus par de petites poutres en bois, recouvert de branchage et
de terre pour solidifier le tout, fenêtre carrées avec des bordures peintes en
rouge ou bleu et drapeaux de prières tibétains. Entourant les hameaux, de belles
parcelles de maïs, d’orge et de blé aux formes harmonieuses sont cultivées. Les
fourrages sont mis à sécher sur les toits des maisons.

Les habitants, bouddhistes, ont des visages ronds aux traits asiatiques.

Accueillis comme des rois, Sherab et sa mère nous ont concocté des plats à
nous faire regonfler nos batteries ! C’est nos meilleurs repas depuis le début,
quel régal !!!

Ceci nous réconcilie avec la vie car nous avons bien peiné pour franchir le
dernier col, la descente n’était pas plus réjouissante, inroulable avec de
grosses pierres partout…

Sherab est agriculteur. Lui et sa famille produisent des pois, du chou, un peu de laitue pour les restaurants 5 * de Delhi, et des patates destines à Mc Donald pour l’Europe !
Du bio des montagnes, oui madame !

5 personnes travaillent pour lui. 4 Biryans et un Népalais. Il nous explique qu’ils viennent travailler chez lui chaque année pendant 6 mois, quand la vallée n’est pas enneigée. Ils sont nourris et logés, rémunérés 250 roupies par jour, un peu plus de trois euros, ce qui est un peu au-dessus de la moyenne.
Ils passent donc 6 mois de l’année loin des leurs, et il leur faut 4 jours de train et de bus pour rentrer chez eux.

Pour l’anecdote, il nous raconte que le gouvernement met à disposition un
hélicoptère au prix de 1500 Rps (160 euros) pour que les Indiens vivant dans ces
contrées reculées puissent en sortir quand la route est impraticable.

De la fenêtre l’après midi, nous les voyons. Les chevaux d’écume surgissent
au loin, prenant de l’élan à l’horizon comme pour galoper vers nous.
Mais le village de Jispa où nous sommes, semble épargné.

Le lendemain matin, en face de nous, de gros nuages noirs ont l’air de déverser des trombes d’eau à l’horizon qui s’assombrit, comme si là-bas on éteignait les lumières.
Ici il n’y a rien, mais on hésite à partir. Le tonnerre gronde, les nuages gagnent du terrain. Point de saluts ici. Si nous partons maintenant, nous sommes à la merci du ciel qui s’ouvre sur notre tête et puis ils ne veulent pas nous laisser partir. Tout est prétexte pour nous garder : la pluie qui va retomber, les risques d’éboulements, la fatigue…

Que d’attentions…

Et brusquement, plus rien. Le ciel semble tout bleu.

On s’allège d’une petite bouteille d’huile d’olive, denrée précieuse en ces
contrées minérales, pour remercier Sherab et sa maman d’un tel accueil et on
profite de l’éclaircie pour se glisser dans cette ouverture dans le ciel…

On retrouvera Shareb quelques villes plus loin, là où sa femme et son fils vivent.

Sur le versant opposé de la montagne, d’improbables moutons jouent aux
funambules sur les flancs escarpés de la montagne.

KEYLONG

Cette petite bourgade, 3eme ville la plus importante du Ladhak
après Leh et Manali est en pleine effervescence quand nous arrivons. Nous sommes
le 16 aout, la fête continue en l’honneur de l’Indépendance. Du monde partout,
des jeunes venus faire la fête ici, les familles venus faire le grand marché,
tout le monde s’y retrouve dans un brouhaha pourtant assez assourdissant ! La
fête se clôture par une soirée musicale avec normalement aussi une démonstration
de danses traditionnelles, mais la lenteur Indienne aura raison de nos estomacs
qui préfèreront aller manger plutôt que d’attendre encore indéfiniment.

Super ! Autre chose que du riz !

Super, autre chose que la radio pourrie des portables de routiers !

Jérémie a craqué… est-ce qu’il va rentrer en France ???

ROHTANG LA PASS (3,980m) : Le dernier col (roulé…)

« Panorama depuis le col du ROTHANG LA – Photo de Attilio http://attilioavelo.com/ »

Le lendemain, nous découvrons la vue que le brouillard nous avait cachée la veille.

A allure réduite pour ménager nos montures soumises à rude épreuve par les
cahots de la piste, nous doublons régulièrement aussi des nomades avec leurs
troupeaux de chevaux ou de moutons. Apres avoir commercé la laine tondue à Leh,
ils retournent au Zankskar, une région à quelques centaines de kilomètres.

On croise aussi de nombreux apiculteurs sur quelques kilomètres.

Un tunnel aussi, qui évitera bien des désagréments (mais de beaux paysages
aussi) aux futurs cyclistes quand il sera terminé….

Il a plu la veille transformant la route (non asphaltée) en une immense
coulée de boue qui a séchée entre temps. Nous mettons pied à terre et poussons
les vélos dans les sillons spongieux laissés par les véhicules.

Mais nous ne pouvons empêcher nos yeux de se plonger sur la vue de la vallée
qui s’éloigne petit à petit. Beaucoup d’énergie dépensée mais rien ne peut
entamer notre gaieté du jour tant nous sommes heureux d’être dans les montagnes
et ses grands espaces.

Le dernier col et pas des moindres.
Tout le monde nous avait prévenus, la route serait horrible. Mais tous les cyclistes rencontrés venaient forcément
dans l’autre sens, sinon on ne les aurait pas croisés… On s’attendait alors à faire cette montée en 2 jours pour limiter la casse…

Bon courage aux cyclistes qui nous ont donnés ces conseils, car la piste était dans la moyenne haute (donc plutôt bonne) de ce que nous avions déjà traversé ! A cela s’ajoute, une erreur sur tous les topos et cartes rencontrés :
8km de moins (et en montée, ça compte !).

Résultat, le col s’est fait assez facilement et en une journée !! Départ à 8h15, arrivés à 15h, soit 7 heures nécessaire pour avaler les 1000 mètres de dénivelés.
Ayant quelques dizaines de mètres d’écart entre nous, à chaque lacet on se « croise » en se lançant des encouragements.
En boucle dans notre tète, pour oublier les cuisses qui tétanisent, on se répète « C’est le dernier, c’est le dernier, c’est le dernier… »
Le ventre est atrophié par l’effort. Nous n’avons pas faim, et n’avons rien avalé de la journée. Juste un paquet de gâteaux, une mangue et une banane comme carburant.

A un virage du col à 15h, là où des tentes étaient montées, on tombe lessivés sur une pierre et on engouffre le dhal que nous avions mis dans un Tupperware. On tombe dans les bras l’un de l’autre en riant.
Ce dernier col est aussi une frontière culturelle entre l’Himachal Pradesh hindou et le Ladakh bouddhiste.

Ça y est, on l’a fait.

Sur le plateau du col, les yeux perçants de Jérémie nous ont réservé une surprise !
Quelle récompense au sommet !
On savoure cette rencontre de près avec ce troupeau de Yaks.
Dans le sens inverse du vent pour ne pas être repérés, et avec le soleil dans le dos pour ne pas être vus, nous avançons à pas feutrés pour nous rapprocher de ces grosses peluches Himalayennes.

Nous passons le Rothang La et « arrivons en Inde » : des centaines d’indiens,
se prennent en photo devant un pauvre morceau de neige, en ayant bien pris la
précaution de mettre une combinaison de ski (il fait 30 degrés, gros soleil,
Jérémie est en short…).

Puis direction Manali et sa grosse descente !!

Nous entamons alors avec bonheur cette longue pente de 50 km sur les freins.

Jérémie l’aurai bien avalé d’une traite tellement elle faisait saliver ! Mais
le froid et la fatigue ont eu raison de Nathalie (elle était bien là pour faire
faire des pauses, non ?). Pause alors au milieu de la descente, ce qui nous
amène à faire la rencontre d’Attilio, Belge francophone, lui aussi
cyclo-voyageur mais parti depuis plus d’un an !
(http://attilioavelo.com/
et https://www.facebook.com/attilioavelo#). Son
programme ressemble au notre pour la 2nde moitié de l’itinéraire, il
y a des chances qu’on pédale ensemble le long des plages !

Au compteur ce jour là : 65km et 1000m de dénivelé positif, la pause était quand même bien mérité !

DU TOIT DU MONDE A L’OCEAN

Nous sommes fin prêts pour redescendre en direction de Manali, une petite
ville à 2 000 m d’altitude, qui marque pour nous la sortie de
l’Himalaya.
50 Km de descente depuis le col, sous le soleil et au milieu de
paysages magnifiques : le paradis du cycliste. Vaches, chevaux, Népalais
réparant les routes seront nos seules rencontres durant toute cette
descente.

Après d’innombrables lacets, arrivés au niveau de la rivière, on sent la
civilisation renaître. Des magasins en tout genre fleurissent le long de la
route, le trafic s’intensifie… on entre en « Inde » !

On ne savait pas où la mettre, alors on la met ici. Il s’agit du second t-shirt de Jérémie.
C’est même lui qui l’a dessiné !

MANALI, porte de l’Inde et Cannabis Land
Ou
MANALI, sanctuaire pour Hippies à la vanille et Baba au rhum
Ou
MANALI, « Hello my friend »

(On ne savait pas lequel choisir car les 3 sont assez révélateur, alors on vous a tout mis !)

Au cœur de la vallée verdoyante, la civilisation reprend peu à peu vie. Nous
arrivons dans ce que nous croyons être la 1ère ville
d’« Inde ». Manali est une bourgade touristique, en fait scindée en trois
centres distants les uns des autres de quelques km. Quelques rues où se serrent
boutiques de tout et n’importe quoi, guest houses et petits hôtels, restaurants
bon marché, agences de voyages et de trek, changeurs de devises, boutiques
Internet : rien d’attirant dans cette animation bruyante pour nous, sauf
Internet dont nous abuserons après 3 semaines de sevrage.

Nous slalomons entre les différents stands de chappattis, parapente et
kayaking, avant de finalement rejoindre le « Old Manali ». Dans la ruelle
étroite qui y mène, les maisons rurales en bois sont très anciennes. Mais à
notre grande surprise, ce « Old Manali » n’est pas la « vieille ville » comme on
pourrait l’entendre en France. C’est en fait un repère pour touristiques
babacool. Le village consiste en une grande allée tortueuse remplie de boutiques
à touriste, de magasin de vêtement nostalgiques du flower-power (Jérémie
s’habille déjà comme ça à Lyon au grand désespoir de sa mère…), de
restaurants, guest house et de yéyés hippies qui trainent dans les rues. Les
seuls Indiens sont les responsables de tous ces lieux où ils ne consomment
pas. Trop cher.

Outre l’autosuffisance alimentaire, c’est la production de cannabis qui fait
vivre les familles paysannes. Même si elle est interdite par le gouvernement, le
cannabis fait partie de la culture locale et pousse à même les trottoirs, c’est
pour dire!

Ca ne s’invente pas, c’est écrit en hébreu !
En effet, ici c’est le point de des départs des treks et des bus pour Leh, et des Israéliens en fin de service militaire venu pour la fumette.
On nous apprend qu’à cause de leur comportement outrancier due à l’abus de drogues, les Israéliens rencontrèrent des difficultés à obtenir des visas il y a quelques années…

Nos papilles apprécient ici aussi à sa juste valeur cette trêve de dhal et de
plat épicés. A nous les pizzas, les fallafels et les gâteaux!

Nous limitons notre visite à ses aspects pratiques : internet, skype, et newsletter 😉

Apres Attilio, que voyons-nous débarquer dans notre champ de vision ? Elise
et Julien ! Deux français tandémistes qui après six mois sur les route,
s’apprêtent à attaquer la montagne que nous venons de laisser derrière
nous. Peut-être nos routes se recroiseront-elles un jour ?
Suivez-les ici :
tdmtandem.blog4ever.com

PASCAL LES BONS TUYAUX

Après Manali, nous faisons une petite escale à Nagar, petit village perché
sur les hauteurs, chez Pascal et Valérie. Ce couple de français, lui peintre et
elle danseuse, après avoir parcouru pendant 2 ans l’Inde en camion, a décidé d’y
rester et de jouer la carte famille.

7 ans après, les voilà avec 3 petits marmots de 5 ans, 4ans et 2 ans et
demi. Nous avions croisé Pascal dans les montagnes, nous à vélo, lui à moto
accompagnant 12 autres bikers. C’est devenu son gagne-pain pour la saison.

Un papillon ENOOOOOOOOOOOOOOOORME dans la tente, venu nous dire bonjour…

SHERAB LE RETOUR

Une autre petite après-midi, nous conduit à Kullu où nous retrouvons Sherab.

Sa femme et son fils y habitent pour que ce dernier puisse aller dans une
bonne école (privée). Il nous explique que sa femme ne travaille pas pour avoir
le temps de bien s’occuper de son enfant, et il n’en a qu’un pour pouvoir s’y
consacrer entièrement ! Nous sommes de nouveau très copieusement accueillis et
Nathalie va en profiter pour apprendre à faire des Momos ! On ne vous a pas
encore expliqué les différents plats que nous mangeons ici, alors voilà un avant
goût avant la prochaine newsletter.

Une autre particularité Bouddhiste dont nous ne vous avons pas encore fait part, est
l’organisation dans la maison. La pièce « de vie » est traditionnellement
aménagée avec des tapis le long du mur pour pouvoir s’y asseoir en
tailleur. Plusieurs tables basses sont disposées le long pour pouvoir y
manger. Il n’y aucune chaise, ni table « haute ». Cette pièce traditionnelle est
souvent aménagée pour les plus récentes comme un salon avec les tapis en face
d’une télévision. Les plus anciennes ont généralement une pièce « de réception »
avec ces tables, et une cuisine avec aussi ce dispositif mais autour d’un
« Tandoor », sorte de poêle central.

Et toujours ces énormes plans de cannabis au bord de la route.

LA VALLEE DE KULU : « bout du monde habitable »

La vallée de Kullu, que les brochures touristiques nomment souvent
pompeusement « la Vallée des Dieux », mais dont le nom ancien,
Kulanthpitha, signifiait « bout du monde habitable », jouit de paysages
de montagne magnifiques. Elle est réputée de longue date pour son climat
agréable l’été, lorsqu’il fait une chaleur d’enfer dans les plaines. Couverte de
vergers de pommiers et pruniers, ils se disputent une partie du territoire occupé
par les belles forêts de cèdres et de pins.

Probablement habitée depuis des millénaires, elle vécut longtemps loin des
agitations des régions plus accessibles. La vallée était le seul point de
passage pour les relations commerciales avec le Ladakh.
Les choses ont bien changé depuis…

Rencontre avec des pèlerins parcourant 100 km en l’honneur de leur dieu
Hindou. Musiciens à l’avant, porte « costume-champignon » au milieu, puis
pèlerin ensuite. Ils marchent durant trois jours.

Les plantations de pommiers forment de petites oasis vertes sur les falaises rocheuses. Ces plantations sont un des seuls revenus agricoles de la vallée. Les belles pommes rouges sont exportées vers Delhi et le nord du pays. Compte tenu du climat désertique et de l’à-pic des falaises, le travail de culture est titanesque. Les plantations sont aménagées en terrasses, parfois le lopin de terre est accroché sur un replat dans les coins de falaises les plus invraisemblables. Pour ramener la récolte, on emploie les ânes : eux seuls peuvent emprunter chargés les minuscules sentiers qui se frayent un passage sur le flanc abrupt des montagnes.

Ou alors comme ici, où à l’aide de câbles tendus sur des centaines de mètres de longueur, les pommes sont acheminées de la montagne jusqu’à la vallée dans des nacelles aménagées pour faire traverser la rivière aux lourdes caisses.

ONE SNAP PLEASE !

Plusieurs fois par jour, les 4×4 de touristes Indiens s’arrêtent pour nous
demander une photo. Parfois, ils font juste demi-tour après nous avoir dépassés,
et passent au ralenti les fenêtres ouvertes, un téléphone portable à la main
pour capturer une image de ces deux blancs, situation somme toute improbable
pour eux.

Pour ceux qui ont commandés des cartes postales/aquarelles à Jérémie, et bien… une première vague est partie.

LES DERNIERS FAUX PLATS

Kullu-Mandi- Sundarnagar, puis Sundarnagar-Bilaspur-la rivière et enfin ce
fond de vallée-Nalagar. Trois jours pour rejoindre cette longue étendue où nous
allons pédaler des jours durant.

Chaque palier d’altitude amène sa propre végétation : nous évoluons
maintenant au milieu des pins émaillés de grosses roches aux mousses
vertes. Ça apporte de la variété.

Mais il fait de plus en plus chaud. La mousson vient de passer, l’air est
chargé d’une humidité qui colle à la peau. On aime faire corps avec les
éléments, mais pas forcement de cette manière là.

Pour soulager notre thermomètre corporel, les dieux nous font grâce de pluies nocturnes…

TELE-TATA-VELO : Kezako ?

Les cols précédents nous ont musclés les jambes et le moral ! On enchaine 2
jours à 80km avec près de 1000m de dénivelé, le 3ème est plus
tranquille, heureusement car les jambes commençaient à souffrir ! Simplement
« vallonnée », cette partie de l’Himachal Pradesh compte de nombreuses
carrières, ce qui rend le trafic de camion assez important. Mais dans ce
désagrément routier, quelle chance, on test le « Télé-Tata-Vélo » !!!

Certains TATA, marque des camions qui nous dépassent tous les 200 mètres,
très chargés sont tout juste un peu plus rapides que nous. On avance doucement,
on repère l’attache, et hop le bras attrape la barre transversale à l’arrière
pour se faire tracter. Trop facile les montées ! Il faut juste arriver à
négocier d’une main les trous sur la route, le bas-côté, et savoir lâcher à
temps pour éviter la cascade. Merci aux conducteurs d’avoir pris soin de
nous 😉

La route est magnifique. Vallée verdoyante et tropicale. Bananiers et
palmiers nous entourent, ça change des paysages désertiques des 1ers
jours du voyage ! On frôle les 40°C !!! Mais à vélo, on crée notre propre
courant d’air. Même si les 40° sont difficilement acceptable, les pauses le sont
encore moins car le courant d’air disparait… alors roulez jeunesse !

Sur la route, on croise de nombreuses plantations de banane, mangue, papaye,
grenade, goyave… Quel délice pour les pauses ! Miam miam ! Nos papilles
européennes se délectent de tant de fruits « exotiques ».

Nous nous laissons couler au milieu des bananiers, pommiers et autres
manguiers. Pour le gouter, il suffit de s’arrêter à chaque virage, où les
vendeurs nous attendent à l’ombre d’un gros arbre.

On a aussi droit à quelques singeries…

Mais c’est qu’on a de l’humour dite donc !

DES BONBONS TAILLE GEANTE

QUEL ANNIVERSAIRE !!

Les dieux sont avec nous…

… à la fin du 2ème jour et jour d’Anniversaire de Nathalie, la
bonne étoile du cycliste a opéré. Vers 17h, on commence à chercher un lieu pour
la nuit. Pendant plus de 15km de descentes et de montées, pas une guest house ou
quelque chose qui y ressemble. Tout juste des bouis-bouis assez glauque pour
routiers.

La nuit commence à tomber.

Il est 19h, toujours rien à l’horizon, à part des TATAs qui avancent à petits
pas.

On finit par aller manger dans un de ces bouis-bouis à routier en espérant
pouvoir planter la tente pas loin. Pas possible, terrains beaucoup trop
escarpés, mais au moins un dhal pas trop épicé qui rempli le ventre.

La nuit est tombée, on avance a la frontale.

Un dernier rassemblement de petites boutiques avant une grande montée nous
redonne espoir. On discute, demande s’il n’y a rien où on puisse dormir dans le
coin, même un petit coin de carré d’herbe jusqu’au moment où un homme d’une
cinquantaine d’année du « village » nous dit qu’il connait un terrain à 500m
près de maisons où l’on pourrait planter la tente. Il a l’air d’être connu des
autres, habillés tout en blanc. On décide de lui faire confiance ou tout du
moins d’aller voir. Sur le chemin, il nous propose de nous emmener chez lui à
3km. On charge les vélos dans son pick-up… et on croit à notre bonne
étoile.

On se retrouve dans un petit village, perdu au milieu de la montagne où toute
sa famille vit dans une 10aine de maison, les unes à côté des
autres. On est l’attraction : parents, grands-parents, fils, filles, oncles,
tantes, petits enfants, tout le monde vient nous saluer. Près d’une
50 aine de personne au total vivent ici.

Encore une fois, les quelques photos de familles que nous avons apporté avec
nous sont regardées avec attention et curiosité. Elles permettent à nos hôtes de
nous situer et de les rassurer, eux pour qui le fait de voyager n’est pas autant
dans les mœurs que chez nous.

Une fois de plus, accueillis très généreusement, on nous sert Chai et petit
déjeuner le lendemain.

Nous avons rencontrés une famille pauvre, mais les gens sont optimistes et
travailleurs. Ils semblent heureux et nous rendent humble.

C´est surprenant comme certaines rencontres avec ces hommes et femmes
extraordinaires nous marquent en très peu  de temps. Une soirée peut suffire à
tirer une larme lors des séparations du lendemain. Ces « au revoir » qui veulent
dire « adieu » nous pincent le cœur. Des rencontrent qui restent dans la
mémoire, des moments suspendus hors du temps…

Visite des champs qu’ils cultivent : tomates, maïs, mangues, bananes…
…et qu’ils exportent à Manali.

Avec quoi on ramasse las papayes ? Avec une fou-fourche !

A chaque classe sa tenue

Nous reprenons la route, chargés de l’énergie positive communiquée par cette
famille d’agriculteurs.
Ces journées de montagnes russes… enfin, Indiennes, ont usé les jambes de Nathalie. C’est donc Jérémie qui hérite de l’intégralité
de nos 6 sacoches. Les jours suivant, Jérémie charge alors sont velo comme les Indiens chargent les ânes…

Voila 9 kilos qui rentrent en France !
Le tiers du poids porte par Jérémie. CHAMPAGNE !

Comme vous l’avez compris, il fait de plus en plus chaud… Nous n’avons donc plus besoin de notre combinaison qui nous a servit à résister aux froids de l‘Himalaya. Nous renvoyons donc polaire, coupe-vent, baskets, gants, bonnets, et quelques souvenirs…

Comme nous le suggère Xavier, un de nos webmasters chéris, on pourrait ramener un tapis volant. Ça serait pratique, non ? Pis c’est romantique, original, magique, décoratif, et on peut se rouler dedans quand on a froid la nuit dans le désert.
Ou alors un éléphant. Bleu ou rose, peu importe.
Ou un palais de maharajah gonflable. Pour l’avoir toujours avec soi…
On se contente de souvenirs plus compacts.

MAIS QUE VOIS-JE ?????? LA PLAAAIIIIIIIIIIIIIIINE !

Encore une grande montée, secondée par nos chers TATAs…

… et puis une longue descente, et nous voilà dans la GRAAAAAAAAAAAAAAAANDE plaine !
Le bruit, la poussière, la circulation, tout nous confirme que l’on continue notre progression dans la civilisation.

Cette dernière journée de pédalage nous amène à la frontière de cet état.
On est le 26 août, et nous quittons l’Himachal Pradesh pour rejoindre le Penjab…

On se retourne vers cet Himalaya gigantesque pour lui dire au revoir.

La grandeur infinie des montagnes noyées dans une douceur pastelle fait place
à la perfection d’une toute petite chenille jaune éclatante, juste devant nous.

Des paroles, des instants de bonheur simples et sincères reviennent au compte-goutte et ce défilé nostalgique nous embaume le cœur et nous remplit d’optimisme.
Au revoir, et merci….

RENDEZ-VOUS AU PROCHAIN NUMERO DE NOTRE TREPIDENT VOYAGE !

Nath et Jérémie

5 Responses

  1. Mme B
    Mme B at |

    Eh bé …! quel reportage ! et surtout, quel beau début de voyage .Je me réjouis rien qu’à savoir qu’il va y en avoir d’autres encore et encore,. Avec vos sublimes images et ces petits récits légers et vivants… bin, je m’y vois aussi, moi, en Inde .
    Continuez à être heureux, les z’enfants . A bientôt, Mme B

    Reply
  2. Pt'it ben
    Pt'it ben at |

    Super de vous lire les amis, bon repos à vos gambettes, profitez du plat et du reste.
    Pour notre part nous sommes en plein chantier final de la construction de notre maison, emménagement prévu 1er octobre. A venir voir à votre retour 😉

    Reply
  3. Lorraine
    Lorraine at |

    C’est fou, j’ai l’impression que votre voyage touche à sa fin, alors qu’il vous reste plein de régions à découvrir selon votre superbe carte interactive !
    Merci de prendre le temps d’écrire ces reportages, c’est un régal pour les yeux, et ça fait plaisir de vous lire, de vous suivre, sans avoir mal aux jambes :p
    Continuez à nous faire voyager !
    Et Jérém’ : très joli tee shirt ! 🙂

    Reply
  4. gilles
    gilles at |

    bravo a ces héros pas ordinaires… dépaysement garanti… même dans un canapé… vers lyon…! Jérémie enlève les cornes de ton guidon dangereux si chutes ??? …courage gilles g

    Reply
  5. Yann Dentil
    Yann Dentil at |

    Pourriez prévenir… j’ai choppé une crampe du mollet gauche rien qu’en vous lisant lol
    Bluffant comme toujours.

    Reply

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