LE LADAKH, bons baisers du toit du monde

LE LADAKH, bon baisers du toit du monde

(Ecrit le 17 août, à Keylong)

La série « Nathalie et Jérémie vous montrent comment c’est super l’Inde à vélo » commence !
Pour ceux qui reçoivent cette newsletter sans vraiment nous connaitre, nous avons fait ce petit ajout pour se présenter :
http://inde-a-velo.jeremiebt.com/projets/

Juley! (Salut en Ladakhi)

Bonjour depuis l’autre bout de la plaque tectonique.

Il est difficile de faire rentrer Mother India dans un blog. C’est un peu comme
faire rentrer un éléphant, même d’Asie, dans une valve de chambre à air.
Un univers à elle seule, riche de ces cinq mille ans d’histoire, ses cultures,
ses arts, ses religions qui même si le pays a beaucoup évolué ces quelques
décennies, cimentent l’ensemble.

De L’inde, nous ne connaissions rien.

Un restaurant de nan en bas de chez nous, quelques images colportées, quelques
odeurs supposées, des sensations fantasmées, et des noms qui résonnent depuis
l’enfance à nos oreilles : Bénarès, Ladakh, Jaisalmer…

Gigantesque pointe plongeant dans l’Océan Indien, la péninsule méridionale est
le cœur chaud et humide du sous-continent. Les montagnes coiffées de neige du
nord et les plaines brulées par le soleil contrastent avec la luxuriance du sud.

Dans ce premier cycloreportage, on vous emmène dans le pôle nord Indien, au pays
des neiges éternelles, des yaks, des chèvres aux longs poils, et des Indiens,
aux longs poils aussi.

Avec nous, venez franchir des cols, grimper et descendre de vertigineuses routes
en lacets, côtoyer les nomades et les habitants des hauts plateaux, rendre
visite aux monastères bouddhistes perchés, ou partager un peu de temps avec les
militaires en poste dans cette zone de conflit entre Tibet, Inde et Pakistan,..

Voici le quotidien de qui veut se rendre dans les villages du Ladakh, oasis de
quelques maisons de pierre autour desquels se serrent des champs d’orge, terre
Tibétaine depuis le VIIème siècle, non loin de la frontière Chinoise….

Même si on n’a pas assez de place dans les sacoches, on vous emmène en Inde 
Voici le site : http://inde-a-velo.jeremiebt.com

Et n’oubliez pas de jouer à nos
quizz pour gagner des aquarelles !

Bhaarat me aapka swagat hai !! (Bienvenu en Inde !!)

Nathalzin et Jérémzin, globe-croqueurs itinérants

PS 1 :
Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/
PS 2 :
Même si on préfère « Tu m’enivres » qui vaut mieux que « Tu m’énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.
PS 3 :
Pensez aussi à nous donner des nouvelles de vous… et n’oubliez pas que sur les pages vous pouvez laisser tout en bas des commentaires que nous lirons goulûment !
PS 4 :
Merci divinement à Alex’ et Xav’ qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.
PS 5 :
Merci aux personnes qui nous ont donnés un toit le temps d’une nuit, …
PS 6 :
Kikadikoi ? « Je n’ai jamais eu de velo aussi chargé, mais ca ressemble un peu aux VeloV… ».

CA Y EST, ON A PLUS DE MAISON !

Alors ce voyage en Inde commence par… aller en Inde.

Prendre l’avion pour aller faire du vélo, belle contradiction niveau bilan
carbone, n’est-ce pas ?

L’âme meurtrie, on s’est dit que c’était plus judicieux dans ce sens, plutôt que
d’aller en vélo en Inde pour faire de l’avion.

Grosse frayeur à la réception des visas: la date d’expiration est le 20 janvier
à 23h55 et notre avion de retour est le 20 janvier à 10h35. Est-ce que c’est
bon ??? Coup de fil en urgence pour nous rassurer, on a jusqu’à 23h59 pour
quitter le sol Indien ! OUF !!!!! Ça c’est joué à 10h près !!!

Par contre, on a fait nos cartons et … ça va être juste !!! 75 Kilos…
Gloups on a droit à 74 kilos (2x30kg en soute + 2x7kg en cabine). Va falloir
blinder les poches lors du passage du portique et mettre deux paires de
chaussette pour passer la douane!

Embarquement dans un Boeing Emirates en direction de Dubaï, puis second vol pour
Delhi.

Deux vols qui manquent d’encombres, de contretemps et d’aventures…un vol parfait
pour des touristes satisfaits.

Le hasard nous donne deux sièges en classe affaire ! Spécialités
culinaires, champagne, vins de grands crus et hôtesse sont à nos petits
soins. Nathalie est à côté de deux sommités Saoudienne en tenue traditionnelle,
Jérémie à côté d’un richissime Indien qui dirige 25 entreprises de placement
financier de part le monde. Il égrène les endroits qu’il faut absolument que
l’on visite. Il nous déconseille très fortement de nous aventurer seuls à vélo
dans le sud. Mais aussi le nord, l’est et l’ouest de l’Inde. Bref partout où il
y aurait des voleurs et des malfrats prêts à tout. Tant pis (ou tant mieux pour
l’aventure)…

Au passage, ce galant homme a laissé sa femme à l’arrière, en seconde classe …
ne mélangeons pas les torchons et les serviettes!

Air India nous sert 3 plateaux repas pendant le vol, et à notre grande surprise,
ces plateaux contiennent des fourchettes et des couteaux en métal !

Puis, le jour se lève d’un coup lorsque l’on atteint New Delhi !

On scrute cette nouvelle terre par le hublot de l’avion : des petits carrés de
terre marron foncée, des maisons blanches, carrées également, aux toits plats,
des petites vaches au milieu de la route, un terrain vague qui vaque à ses
occupations, une autoroute qui traverse le tout, des demi-routes qui la
traversent. Ça a l’air d’être le bordel, chouette !

Namasté India ! (Bonjour India, vous allez finir par le connaître ce mot !)

PRIT EN FLAGRANT DELHI

Nous retrouvons Régis. Mais qui est Régis ?

C’est notre coloc. Cela fera plus d’un an que nous habitons ensemble tous les
trois, et que nous partageons beaucoup de choses : de l’amitié, des
valeurs, un appart, la vaisselle… et des envies, comme celle d’aller faire du
vélo en Inde. Il est arrivé quelques heures avant nous à l’aéroport, et restera
4 semaines avec nous. C’est super, on aura le temps de lui dire comment
s’occuper des plantes pendant notre absence, et, moins chargé que nous, il peut
aider à porter les sacs de Nathalie dans les montées.

Il est 14h et notre vol pour l’Himalaya est demain matin. Alors nous rentrons
dans le cœur de la bête. Le premier contact avec Delhi nous semble fou. Un
chaos ordonné où l’on se frôle sans jamais se toucher. Dehors, des conducteurs
de Rickshaws, maigres, mal rasés, la moustache en bataille et l’œil injecté de
sang se bousculent pour tenter d’attraper des voyageurs fraîchement
débarqués. Les rues sont jonchées de lambeaux de papiers, de légumes pourris et
de bouses de vaches. Assaillis de bruit, de couleurs, d’odeurs (bonnes et
mauvaises) dans un mélange inqualifiable. Et un amalgame complètement improbable
de bus, rick-shaw, voitures, taxis, vaches, vélos, piétons, le tout dans un
tintamarre de klaxons assez assourdissant !

Nous nous rendons à la Tour Eiffel de Delhi :

LE KUT’B MINAR

Gros lieu touristique, le Kutab Minar « tour de la victoire » érigé au
12ieme siècle inaugurant une succession de plusieurs dynasties musulmanes, est
le troisième minaret le plus haut du monde. On y rencontre des Indiens venus
d’un peu partout pour visiter ce noble monument. Ils sont aussi curieux de nous
que l’on est d’eux : des visages blancs contre une multitude de couleurs
vives des habits féminins. Cela déclenche l’engouement d’une famille avec qui on
finira par être pris en photo avec tous les membres paquet par paquet. Le papa a
même refourgué son bébé dans les bras de Nathalie pour immortaliser la
rencontre !

Avant de regagner l’aéroport, nous testons notre premier thali. La première
bouchée est aussi enflammée qu’un feu de Bengale (hé oué, les jeux de mots sont
locaux ici). C’est excellent, mais le seul problème pour nos estomacs est que
la nourriture est très très très épicée, nous obligeant à manger lentement! Mais
on a faim, alors en bons enfants que nous resterons, on finit notre
assiette !

ALLEZ ALLONS A LEH , une ville bigarrée chargée d’histoire.

Des millions d’années avant notre ère, une vaste collision a secoué le monde !
Un grand bloc de terre s’est heurté à l’Asie et a donné naissance à une chaîne
de montagnes qui aujourd’hui culmine jusqu’à plus de 8,848 mètres d’altitude et
constitue le « toit du monde ». Aujourd’hui, on appelle cette chaîne de montagnes,
L’HIMALAYA (terme sanscrit qui signifie « Séjour des neiges ») et le bloc de
terre, L’INDE (son vrai nom est Bharat en sanscrit).

Pendant le vol, on a pu profiter de la vue sensationnelle qu’offre les chaînes
de montagnes himalayennes dont on peut apercevoir les détails à plus de
dix-milles mètres d’altitude. Entre ciel et terre, on prend conscience du
caractère magique de l’Himalaya Indien, en survolant les pics enneigés du
Ladhack. Au milieu de cet univers minéral, les champs d’orge créent de
magnifiques touches colorées.

C’est sur sa face nord que nous posons le pied. A Leh, petite ville de la vallée
de l’Indus, situé à 3,500 mètres
d’altitude. Regardez sur la carte

A vol d’oiseau, nous sommes à quelques dizaines de kilomètres de la Chine. Un
monde à part, une niche de civilisation, un avant-poste de culture bouddhiste
tibétaine.

La réception des bagages se fait rapidement, le contenu est intact, et nous
prendrons une demi-journée avec Régis pour tout bien remonter.

Le mal aigu des montagnes étant une plaie pour tout voyageur ; deux mots d’ordre
à respecter : repos et eau. Entre maux de tête et saignements de nez, nous y
passons trois jours pour laisser le temps à notre organisme de s’acclimater
avant d’attaquer les hostilités avec l’Himalaya. Une suite de contacts nous a
mené vers Lobzang et Stanzin, deux guide qui organisent des expéditions dans la
région.

Nous logeons chez Stanzin dans une coquette maison traditionnelle avec sa femme
et une autre fille dont nous n’avons pas très bien comprit si c’est une amie ou
un membre de la famille. Elles sont aux petits oignons pour nous et s’appellent
toutes deux Stanzin. En fait, presque tout le monde s’appel Stanzin, en hommage
au premier prénom du Dalaï Lama.

En 4 jours, on en a déjà rencontré 6 différents, garçons ou filles… Nous on les
numérotait, eux on n’a pas tout à fait compris comment ils faisaient pour s’y
retrouver !!

Elles nous ont apprit nos deux seuls mots.de Ladhaki :

  • Julley = Bonjour, Au revoir, Salut, Merci, Oui, … utilisé un peu dans toutes les occasions…
  • Tuk tche tche = merci (le « vrai »)

En leur compagnie, nous enchaînons les milk thé (thé noir local avec moitié eau,
moitié lait + sucre, le tout porté à ébullition) et les chapatis, des crêpes
locales que nous retrouverons partout en Inde.

Nous échangeons sur nos cultures respectives, nous parlons du bouddhisme, nous
sommes heureux pour ce couple fraîchement marié car il s’agit d’un beau
« mariage » d’amour, alors que 50% environ des mariages sont toujours
arrangés ici. Nous assistons à un petit cérémonial bouddhiste dans une pièce de
la maison aménagée pour cela, et on glane un max d’infos pour notre parcours à
venir. Ici, les ôtes regardent leurs invités manger, et mangent juste séparément
après marque de respect.

Au Ladakh, la structure familiale est organisée de façon traditionnelle,
notamment pour éviter le morcellement des terres. Dans ces déserts d’altitude de
culture tibétaine, le bouddhisme de la compassion guide les hommes qui habitent
ces oasis de montagne.

Ces régions, surnommées le Petit Tibet, sont de forte culture bouddhiste. Mais
hindous, musulmans, bouddhistes et sikhs cohabitent. Traditionnellement baignées
d’une atmosphère de spiritualité et de paix propre au bouddhisme, elles
connaissent cependant depuis quelques années, une plus forte agitation dans les
bourgs principaux (Leh et Padum) due à l’augmentation du nombre de musulmans
arrivés du Cachemire (région de Srinagar) même si nous ne l’avons pas du tout
ressentie.

Pour ne pas paraître indécent, Nathalie adopte une tenue vestimentaire adaptée,
même s’il fait chaud, longue et ample, recouvrant genoux et épaules. Nous nous
déchaussons systématiquement avant d’entrer dans une maison et, a fortiori, dans
un lieu de culte.

On veille à contourner les temples et monuments par la gauche, dans le sens
cosmique.

Nous évitons de nous servir de la main gauche car les Indiens la considèrent
comme impure. Cette restriction est bien sûr valable à table (la plupart des
gens mangent avec les doigts) mais aussi lorsque nous tendons et prenons quelque
chose (argent, objets divers…).

Nous évitons de serrer la main des gens, sauf si cela vient de leur propre
initiative. Comme beaucoup d’Indiens, nous saluons en joignant les mains sous le
menton et en baissant la tête. En règle générale, Jérémie et Régis évitent de
trop parler aux femmes.

Il y a une quantité impressionnante de touristes à Leh! Beaucoup de Français et
des Israéliens, en majorité des jeunes qui viennent de finir leur service
militaire.

On passe nos journées à déambuler tranquillement dans la ville et ses environs
proches.

Située entre le monde tibétain bouddhiste et le monde asiatique, le Ladakh est
un symbole de mixité culturelle.

Des femmes Ladakhies sont assises et vendent les rares légumes de leur
potager. Elles sont vêtues d’une longue robe de velours et coiffées d’étranges
chapeaux hauts de forme, aux bords recourbés. Leurs visages ne sont pas ceux de
l’Inde, ils viennent d’ailleurs, de l’autre côté, de l’Asie centrale. Nous
sommes si près de la Chine, cela se lit sur les faciès. Une chaîne de montagne
sépare bel et bien deux mondes, L’inde, et le reste de l’Asie. Une chose est
sûre, tous ont le visage marqué par la rigueur du climat himalayen.

D’autres signes sont aussi bien différents et importants ! Jérémie demande
à Stanzin (n°3 = la fille hébergée cher les Stanzin qui nous ont logés) s’il
peut la dessiner. Elle secoue la tête sur les côtés en guise de peut-être
français. Ici, il faut le savoir, ça veut dire oui, même quand les épaules se
lèvent en même temps !

Une autre caractéristiques notable, les ladakhis sont plutôt petit de taille et
les hommes généralement assez trapus.

Les encadrements de porte sont de ce fait adaptés à leurs caractéristiques
physiques, ce qui nous aura valu à chacun quelques bosses et rabotage de crâne.

NOTRE RELIGION : LE BOUDISME !

Timidement, nous entrons dans un centre de prière. Après une longue hésitation,
on se décide à enlever nos chaussures et à entrer dans le temple d’où les chants
parviennent à nos oreilles.

A l’intérieur, c’est bien plus, ça en devient ENVOUTANT.

Pendant environ 1h, chaque fidèle enchaine les prosternations de la position
debout à quasi allongé à plat ventre (suivant la place disponible) tout en
fredonnant les paroles scandées au micro par le moine principal. S’ensuit après
un moment où tous s’assoient face au centre du temple où sont installés les
moines. Certains d’entres eux font sonner des instruments de musique,
d’autres lisent leur texte de prières et tournent les pages au fur et à mesure,
d’autres boivent leur thé, … chacun suit la cérémonie à son rythme.

Le bouddhisme… n’est pas pour nous une religion, mais la philosophie d’un
homme qui prône une conduite basée sur le détachement, et non un texte dit
sacré, d’origine soit disant divine.. La place de la femme est identique à celle
de l’homme, elle met l’accent sur des codes de conduite, incinère les morts et
jette les cendres dans n’importe quelle rivière.

LE NAMGYAL TSEMO GOMPA (monastère bouddhiste)

Sur les hauteurs qui dominent la vallée, les monastères renferment dans leurs
impressionnantes murailles des trésors d’art Tibétain, et un rituel vivant, un
univers préservé des ravages que connait le Tibet.

En prenant un peu de hauteur, Nathalie et Régis empruntent un sentier pentu qui
conduit jusqu’au monastère Namgyal Tsemo Gompa, pendant que Jérémie est resté à
une terrasse pour dessiner. Perché sur un rocher, il semble blanc et ocre, orné
de chaînes interminables de chapelets colorés. Dans la vallée brune, contre les
puissantes montagnes, les drapeaux s’agitent au moindre coup de vent, montrant
au monde que c’est un monument bouddhiste. Drapeaux de couleur, des pics blancs,
le vent, le silence et la prière. Cela semble être le message bouddhiste qui
règne à la gompa de Leh … comme tous les monastères perchés au flancs des
montagnes que l’on a croisé.

Jama Masjid, la mosquée principale de Leh, s’impose comme un point de repère
central dans la ville.

Auparavant, sur le chemin des caravanes de la Soie, la ville de Leh hébergeait
durant les mois d’été les marchands en provenance de toute l’Asie centrale. L’or
et la soie, la laine Pashmina si convoitée ou encore le thé passaient par la
capitale du Ladakh, lieu de rencontre entre les habitant de Lhassa au Tibet, les
musulmans du grand TaklaMakan ou les Indiens du sud. Aujourd’hui, la fermeture
des frontières avec leur voisin du nord a mis fin à ce commerce transhimalayen.

Voici notre carburant pour les semaines à venir : céréales, pates, riz,
huile, biscuits et Nutella pour la motivation !

Depuis qu’on est arrivé, on a croisé quasi aucune poubelle … même dans les
chambres de guest house ou d’hôtel. L’habitude est apparemment de tout mettre
par terre dans un coin ou dans les caniveaux dans la rue. Mais Jérémie et Régis
ont quand même croisé un camion de ramassage ! Tout le monde accoure de
partout avec ses poubelles et verse dedans.

Ici, le gouvernement est passé par là avec un gros engin pour détruire les
extensions de trottoir illicites que les marchands construisent en grignotant
sur la chaussée.

Petite pensée pour nos amis architectes.

DE LA SELLE A LA SELLE

La turista ne nous ayant pas immobilisés plus que ça, (même si elle a quand même
sévie), il va être possible de s’éloigner des toilettes !

Depuis deux jours nous regardons la sortie de la ville et les montagnes à
l’horizon. L’appel de la pédale se fait sentir. Le moral à block, par un beau
matin d’été, on entame notre ascension.

Dans notre situation il me semble normal d’avoir un peu peur. Mais, dans un
mélange d’inconscience et d’enthousiasme qui nous caractérise, nous ne
ressentons qu’une vague appréhension face à l’inconnu.

Comme la plupart des gens, la peur est un garde-fou, un système d’alarme qui
démultiplie la concentration. La peur est l’une des manifestations les plus
aigue de l’éveil, et en tant que tel, indispensable. Ignorer la peur, c’est être
inconscient. Et l’inconscience, dans une aventure, peut-être fatale.

Et cette appréhension, en ce moment précis, se mue en une excitation qui nous
pousse en avant.

Nous avons peur et ne sommes pas inconscient.

Kilomètre zéro, l’aventure commence !

L’HIMALAY N’A QU’A BIEN SE TENIR, Inch Bouddha !

On aborde toujours avec un certain respect mêlé à de l’effroi cette majestueuse
barrière qui sépare l’Inde du reste de l’Asie. Elle a fasciné de ses dômes
blancs et inaccessibles des millénaires durant les hommes des plaines, les
conquérants vaincus, les alpinistes téméraires, les marchands découragés…

Demeure des dieux pour plusieurs cultures, il faut remonter 200 million d’années
en arrière pour comprendre son histoire.

Le Gange sacré y prend sa source. Pour les Hindous, l’Himalaya est la demeure
des dieux: celle de Brahma, le créateur du monde, celle du couple Shiva et
Parvati, et d’autres encore.

Devant nous se profilent les montagnes russes… heu.. Indiennes.

Leh – Tso Kar et Moriri – Morey plains – Manali – Mandi – Chandigarh. Soit 1
gros millier de kms, dont la moitié à plus de 3500m d’altitude, 6 cols autour de
5000m d’altitude, et pas loin de 17.000m de dénivelé positif, bref on aime bien
le challenge !

route-profile.jpg
Carte himalaya.jpg

La route entre Manali et Leh est une route mythique. C’est l’un des parcours les
plus chouettes à faire en vélo, praticable seulement 4 à 5 mois par an,
lorsqu’elle n’est pas enfouie sous une épaisse couche de neige. Elle relie deux
villes : d’un côté Manali, nichée dans le fond d’une vallée couverte de
végétation tropicale, de l’autre, il y a Leh, perchée sur la rive nord de la
vallée de l’Indus, dans un décor totalement minéral. Et entre les deux, sur une
distance de 600km, il faut franchir 5 cols dont deux au dessus de 5 000.

Nos mollets se mettent en marche. Un an que nous rêvons de ce premier coup de
pédale.

Voilà plusieurs mois que nous fantasmions sur ce pays mythique qui a marqué
notre imaginaire collectif, et qui n’était qu’une masse verte et jaune sur le
planisphère punaisée au-dessus du bureau… Maintenant on roule dessus, dis-donc !

On rêve. On ne pense pas que cela puisse réellement arriver, et nous voici
toujours sur nos vélos, avançant vers l’inconnu.

On songe aux musiques qui vont résonner, aux sourires qu’on va croiser et aux
idées qui nous attendent…

Départ matinal de Leh (3500m) pour une montée de 30 km avec environ1500 m de dénivelé.

Environ 3h30 pour effectuer les 25 premiers km de route goudronnée.

Jérémie avait très gentiment caché 5 petites portions de Nutella pour motiver sa
chère et tendre. Un pour chaque col. Malheureusement, ils ont tous éclaté dans
les bagages avant la 1ère montée…. Mais on les a mangé quand même 😉

THIKSEY, MONASTERE DE LA VALLEE DE L’INDUS 

La route suite le fleuve « Indus » sur près de 200 km, bouillonnant de terre en
faisant son chemin dans la roche friable. La chaleur et la poussière des
premiers jours nous épuisent. A chaque pause, il nous faut de longues heures
pour retrouver la force de repartir.

Le monastère que nous découvrons est celui de Thiksey, situé sur la rive droite
de l’Indus. Sa situation géographique l’a préservé du pillage.

Monter à la « Gompa (monastère) est une expérience à tenter car elle
est inoubliable. On laisse le village peu à peu derrière soi et les « stupas »
(les monuments bouddhistes fermés, généralement peints en blanc), et les champs
de silence plantés vous sentent vous approcher du ciel. Vous marchez lentement,
ce qui donne au corps le temps de s’adapter à l’altitude. De la Gompa les vues
sont à couper le souffle. Le village, le long de la rivière, semble minuscule,
les sommets de l’Himalaya majestueux. En plus des chaînes interminables de
montagnes colorées, les gompas du Ladakh ont généralement des toitures, portes
et fenêtres peintes de couleurs vives.

A l’intérieur, des sourires discrets nous invitent à venir les rejoindre. On se
glisse vers le fond de la salle et ouvrons grand nos oreilles. Les moines sont
comme dans les autres temples rassembles au milieu, les fideles autour. Lumineux
par toutes ces couleurs, on se laisse entrainer dans cet univers de
prières. Pour sortir, on respect le rituel d’un tour du monastère par la
gauche avant de rejoindre la lumière du jour.

Ces villages sont peuplés de nombreux Tibétains venus s’y réfugier depuis les années 60.
Des moines tonsurés aux robes tourbillonnantes et aux chaussettes voyantes vont et viennent sans faire attention à nous.

SUR LE CHEMIN DES NUAGES BLANCS, l’Inde vue d’en haut

Nous arrivons à Shey, capitale du royaume au XIIIème siècle où nous sommes très
chaleureusement accueillis et logés par Phutang.

Ce jeune homme vit avec ses parents et son arrière grand-mère âgée de 92
ans ! Comme dans toutes les maisons bouddhistes que nous avons rencontré,
la salle à manger et la cuisine sont traditionnelles, c’est à dire que tout se
fait assis par terre sur des tapis et des tables basse. Une pièce est aussi
spécialement dédiée aux prières. Phutang nous explique les grands principes du
bouddhisme. C’était tout d’abord une philosophie de vie prôné par Bouddha qui a
peu a peu évolué vers une religion. Nous les humains faisons partie d’une des
six catégories de la roue de la vie inscrits dans le cercle vicieux de la
réincarnation…

Le lendemain la route commence à tourner. Bientôt, les pics enneigés que la
brume et les nuages nous avaient momentanément cachés réapparaissent en pleine
lumière. Mais gare à l’ivresse de l’altitude ! A partir de 3500 mètres, il
y a à peu près 50 % d’oxygène en moins, et il faut beaucoup de temps pour
habituer l’organisme, sinon grande fatigue, maux de têtes, œdèmes… Le mal des
montagnes frappe de façon aléatoire que l’on soit entraîné ou pas.

Cela se complique par la suite, de plus en plus la piste n’est pas bien bonne et
les jambes un peu flagada, les arrêts photos multiplient ….surtout pour nous
permettre de récupérer notre souffle.

Vous voulez de l’eau chaude pour la douche ? Et ben, prenez votre seau
fournit dans la salle de bain, allez à la source d’eau chaude et
servez-vous !!! Par contre, pour le bain de pied, faudra repasser, c’est un
vrai mini-geyser donc à plus de 90°C !!

Quatre jours que nous montons… nous atteignons 4,000 mètres d’altitude.

Un premier contrôle, nous oblige à montrer nos passeports. En effet, la
frontière avec la Chine est floue et tout au long de notre périple, nous
passerons par des check-points afin de contrôler notre parcours.

CES TRAVAILLEURS DE L’OMBRE

S’ensuit une longue vallée verdoyante le long de l’Indus. De nombreux villages
s’accrochent à ses flancs. Nous ne verrons que des camps de fortune faits de
tentes qui servent d’abri aux camionneurs, aux travailleurs et…aux cyclistes…
Parlons de ces travailleurs. La plupart viennent du Bihar, une région très
pauvre de l’Inde ou alors du Népal. Partout, le long de la route, ces gens
travaillent sans relâche. Armés de pelles et de pioches, ces hommes bouchent les
nids de poule ou enlèvent les cailloux tombés sur la chaussée. Ils font chauffer
le goudron dans de gros bidons avant de l’étendre, dans une odeur et des fumées
de folie… Quelques femmes et enfants font partie de ces armées de l’ombre,
cassant des pierres à l’aide d’une masse. Parfois ce sont aussi les plus
jeunes qui bossent, charriant terre et pierres.

HOTELS A MILLES ETOILES

Nous dormons régulièrement dans des ‘dhabas’, sorte de grande tente parachute où
les mamas servent à manger. Au fond, il y a toujours quelques banquettes où nous
pouvons négocier une nuit. D’autres nuits, nous préférons planter la tente que
nous partageons à trois. Il est temps alors d’allumer notre fameux réchaud à
bois et de faire chauffer les pates !!!

REGIS, AUDACIEU ET TEMERAIRE

Nous ne pouvons écrire cet article sans penser très fort à notre ami Régis qui
au bout de 3 jours de vélo a du s’arrêter et retourner à Leh. Ses genoux en ont
décidé autrement, plus de coup de pédale pour lui. Un douloureux mais probable
problème de ménisque se serait déclaré lui interdisant toute activité physique
….

Les communications étant plus que difficiles au milieu des montagnes, nous
n’aurons de ses nouvelles qu’une fois sortie de cette grande chaine de
l’Himalaya, soit trois semaines plus tard, la veille de son retour en France.

C’est le ventre serré et les larmes aux yeux que nous nous quittons après à
peine 7 jours passés ensemble. On continue alors ce périple en pensant fort à
lui.

ENTRE LACS, des paysages à vous couper le souffle ! (au sens propre et figuré…)

Nous continuons la larme dans le cœur notre découverte de la montagne et
approchons les 4,500 mètres. Voila près d’une semaine que nous grapillons à la
montagne chaque quelques dizaines de mètres. La montée est longue, mais
progressive.

Quand tu lis « pass » sur une carte, tu sais déjà que tu vas tirer une
grimace de tous les cyclistes.

Nous sommes à 4 600 m. Les maux de têtes sont nombreux et on s’essouffle
très rapidement, l’air étant pur mais pauvre en oxygène.

Nul signe de vie, ni d’hommes ni d’oiseaux. Tout ce que l’homme aperçoit, aussi
loin que porte la vue, est désert de granit, accumulation de roches, un paysage
qui donne l’impression d’être quelque part sur la surface de la lune.

Dans le lointain, des sommets couverts de neige, à plus de 6 000 mètres, barrent
l’horizon d’un ciel parfaitement bleu. Tellement bleu que Photoshop a du passer
par la.

Des formations d’argile blanche approchent. Le village de Tsumdo pointe ses
façades accrochées aux falaises.

Peu après, nous croisons quelques tentes : c’est une école pour les enfants
Nomades

Les enfants se sont pris d’affection pour la barbe (qui pousssssse) de
Jérémie !

Nous quittons après un pont la route asphaltée. La piste de 70 km route pour Tso
Moriri est un calvaire, caillouteuse et sableuse au possible.

Jérémie la fera seul pendant que Nathalie prendra de l’avance en véhicule avec
les sacoches. Jérémie arrache le premier col avec les dents.

Voici le Namshang La. Chaque col est ici marqué par d’innombrables drapeaux
bouddhistes. Portés par le vent, les mantras bénissent les voyageurs…

Après une journée de labeur, un espoir nait, le Tso Moriri est en vue.

C’est ici que nous ferons notre première VRAIE pause. Une journée sans vélo.

Jérémie après sa longue journée d’effort pour venir a bout de 70km de piste …
HS. Repos bien mérité !

KORZOK, sur les rives du Tso Moriri

Karzok est le seul village sédentaire du Rupshu, dont les habitants pratiquent
une petite agriculture. On y trouve un petit monastère drukpa kagyupa. Le Tso
Moriri est un lac salé, et les nomades récupèrent le sel des rives à la fin de
l’été.

Nous visitons Korzog, ses dhabas (restaurants) et son temple. Pas beaucoup de
touristes. Nous essayons d’imaginer comment ça peut être l’hiver. Nous ne nous
voyons pas y vivre, seul une 15aine de personne y reste.

Ya pire comment endroit non ?

Excellent combustible, les bouses de yacks sont ramassées pour faire du feu en
hiver, chauffer l’eau et cuire les chapatis trempés dans du thé mélangé au lait
deyack.

Pour rejoindre le lac, Nathalie s’est fait prise en stop par un mini bus du
gouvernement. Une femme docteur en écologie, accompagnée de sa
servante/cuisinière et de son chauffeur, viennent pour la demi-journée à Korzok
(principal village autour du lac) pour essayer de motiver la population à
produire leurs propres légumes (tout vient de Leh). Les explications ne semblent
concerner que les hommes, les femmes restent plus en retrait avec les
enfants. Des plans sont dessinés à même le sol.

Petite collation pour agrémenter la réunion : boisson gazeuse et sucrée et
biscuit (écologique mais pas diététique !)

Les eaux calmes des lacs, où se reflètent des paysages magnifiques, sont
propices à la méditation et à la sérénité. Observez les nuages qui passent
au-dessus et au-dessous de vous, reposez-vous. Appréciez. L’Himalaya est une
jubilation intime qui dissipe les tensions. Ce sentiment est dut à la beauté des
pentes tapissées de neige, de ces larges vallées vertes, de ces torrents
impétueux, beautés à laquelle même les natures les plus frustres ne peuvent
rester insensibles.

Pourquoi avons-nous ce besoin en nous, cette quête qui grandit dans nos cœurs de
connaitre « la source ».

Nous sommes arrivés au début d’une semaine de cérémonie. De nombreux fidèles
sont venus des alentours pour assister ces prières spéciales. Costumes locaux
défilent sous nos yeux pour le grand plaisir de nos objectifs et des pinceaux de
Jérémie

Les sonorités peu nuancées de cymbales et de trompes tibétaines résonnent dans
les dernières lueurs du jour. On est à 30 KM de la Chine. Enfin… du Tibet.

Après chaque séance de prière, chacun s’en va faire le tour du temple par la
gauche, ce qui permet d’avoir une magnifique vue du village et du lac.

Et au bout de la route de Korzok, il y a la Chine. Enfin…. Le Tibet.

Le check-post de la « Indo-Tibetan Border police » ne nous laisse pas prendre de photos. 

Vous avez remarqué ? La frontière est « Indo-Tibetan », pas
« Indo-Chinese ».

Deux jours plus tard, la route file ensuite vers l’Ouest, en direction du lac
salé, le Tso Kar. La route est un chemin de terre chaotique, nous en prenons
plein les yeux et plein les fesses. Nous sommes valdingués de gauche à droite
par les trous immenses qui ponctuent le chemin.

Oh joie ! Un bonbon trouvé par terre ! Un peu de sucre pour agrémenter
la longue montée !

De traces en traces, on se faufile dans ce nouveau paysage en suivant les pistes
qui s’entrecoupent. Une piste grimpe à l’assaut de la montagne. C’est notre
route. De part et d’autre se dresse des pentes abruptes.

La cage thoracique se compresse, les muscles suivent mais c’est le
cœur qui ne suit pas. La tête tourne par manque d’oxygène face a l’effort.

On pourrait voir beaucoup d’inutilité dans cet acharnement à vouloir s’élever
dans la souffrance vers les sommets.

Cette épreuve qui vous confronte à la grandeur des éléments, vous fait découvrir
la puissance insoupçonnée de vos ressources…

Les cuisses tétanisées par l’effort et les yeux piqués de sueur sont autant de
stigmates qui témoignent des efforts consentis pour vaincre la montagne…

Nath est KO.

NOTRE PREMIER 5,000, EN LARME

A la cime, les drapeaux tibétains claquent au vent tandis que les prières
s’envolent dans les airs.

C’est en larme que nous arrivons au col. Notre premier col à 5,000m dont
l’ascension est terrible. Des larmes de douleur, de délivrance, de souffrance et
de joie coulent sur nos joues au sommet. On a tout donné pour arriver là.

Ils sont partout.

Suspendues au passage des cols, au sommet des montagnes, au croisement des
chemins, sur le toit des maisons, sur les ponts, à l’extérieur des
temples…. Selon les adeptes du bouddhisme tibétain, le vent qui souffle,
caressant au passage les formules sacrées imprimées, les disperse dans l’espace
et les transmet ainsi aux dieux et à tous ceux qu’il touche dans sa course.

C’est superbe, mais on en peut plus.

Jérémie est à la limite de vomir. Nathalie s’est écroulée sur le sol
et mettra un bon ¼ d’heure à s’en remettre.

Notre organisme a à peine eu le temps de s’adapter à la raréfaction de
l’oxygène, fabricant le supplément de globules rouges qui le font circuler plus
vite.

Si nous vomissons, nous savons ce que ça veut dire, on a dépassé le stade où
l’organisme peut encore s’acclimater, et on devrait redescendre d’urgence. Sinon
c’est l’embolie pulmonaire.

Il fait super froid !

Apres une pause, ca va mieux et on se laisse couler une dizaine de
kilomètres après le col avant la tombée du soleil.

UNE NUIT EN COMPAGNIE DES NOMADES CHANGPAS

Nous sommes dans les hauts plateaux semi-désertiques du Rupshu. Là, vivent les
derniers nomades Changpa et Rupshupa qui en élevant leurs chèvres Pashmina,
perpétuent un mode de vie ancestral.

Sur la descente, on croise des tentes de nomades.

A cote, arrive tout un troupeau de mouton accompagné par toute la famille
nomade. Apres quelques hésitations, on entame un chassé-croisé de gestes pour
savoir si l’on peut passer la nuit avec eux. Peu après, la grand-mère nous fait
signe de la rejoindre dans la tente où assez silencieusement elle nous sert un
the.

Les nomade Changpas sont les premiers habitants du Ladakh. Selon les saisons,
ils se déplacent avec leurs troupeaux de chèvres et de yaks, à l’écart du monde
moderne… qui fait contraste avec l’Inde des plaines, qui elle, est sacrément
surpeuplée. Ceux-là on l’air assez bien installé et fixe depuis quelques temps.

Là où dort le grand-père

La nuit va bientôt tomber. Un silence incroyable règne ici. Les rayons de soleil
partent à l’assaut des montagnes et remontent leurs flancs. Sous la voute
étoilée, on s’approprie le silence du lieu.

Nous partageons notre repas du soir avec les grand-parents (on avait 2 rations
de dhal dans un tupperawe). En échange, elle nous sert une sorte de soupe avec
des bouts de pâte (appelé Timo) dedans puis du lassi. Le fils, sa femme et leurs
2 enfants vivent dans une autre tente à côté, mais ils passeront un à un nous
voir par curiosité.

La grand-mère bat le lait jusqu’à en séparer la graisse. Le lait caillé séché,
mélangé à la « tsampa » servira à confectionner des gateaux du lassi.

Au petit déjeuner, elle nous sert un autre lassi beaucoup plus amer que celui de
la veille … assez difficile à ingurgiter au réveil ! Pour faire passer,
elle nous sert un bol de farine d’orge à diluer avec du thé au beurre, ce qui
devient une sorte de pâte assez bourrative. A deux, on arrive à finir le bol …

Un troupeau de chèvres « pashminas »

Cette région isolée incite à vivre au ralentit, à vivre autrement. quitter nos
journées scandées en divisions temporelles inflexibles. Les idées se délayent
dans cet espace. Nous vagabondans dans un indiscible plaisir à vivre au
ralentit.

LE TSO KAR, immaculée conception de la nature

Nous passons une petite épaule qui nous conduit à la large plaine du Tso Khar,
“le lac blanc”. Ce lac salé, d’après la légende, était autrefois gigantesque,
mais fut asséché par un moine qui le but presque entièrement !

Le Tso Kar est appelé « lac blanc » de par les dépôts de sel qui bornent son
lac. La beauté et la démesure des paysages nous plongent dans une réflexion
silencieuse…

Le trajet longeant les lacs nous inspire des paysages lunaires d’un blanc
argenté. L’endroit est désertique et sauvage.

Près du lac, nous pourrons admirer des yaks, des chevaux, marmottes, mais
surtout des kyangs (ânes sauvages du Tibet) et des grues à cols noirs.

Un troupeau d’ânes sauvages : des Kyangs.

Extrêmement sauvage dans son milieu d’origine, il galope en immenses troupeaux
(dans les plaines durant l’hiver) sur le plateau Tibétain où il se nourrit de
plantes salées. En été, il remonte jusqu’ici, pour nos yeux heureux.

Nous avons tenté la baignade dans le lac, l’eau étant à un petit 5 degrés,
l’idée nous est passée très vite! Nous voyons a l’horizon les nuages retenus
par la montagne. Le col bloque en effet la mousson venant du sud.

MORE PLAINS, en route pour la route carrossable la plus haute du monde

Les spots mythiques s’enchainent. Le jour suivant, nous passons par la magique
More Plain.

La « More Plain » est fameuse pour ses paysages lunaires formés le
long de la rivière Sumkhel Lungpa. Les formations naturelles creusées par l’eau
est magnifique. Et comme on est en été, ya pas d’eau et le chemin est
praticable. Cela ne dure que quelques semaines par an.

Le goudron vient tout juste d’être refait sur une vrai double voir : nous
en prenons plein les yeux sur une cinquantaine de kilomètres. Nos corps
entier brûlent de cet afflux de lumière et d’air respirable !

PH000123

Annie et Alain, « Mamie pomme et Papy Chat », deux cyclotouristes
français avec qui on a partagé quelques journées de vélo.

Enfin plutôt les repas du soir, car fort de deux ans autour du monde après leur
retraite, bien plus chargés que nous et la soixantaine bien passée… Ils nous
surprennent en se levant à l’aube et en enchainant les étapes avec bien plus de
facilité que nous !

Ils font des voyages de quelques mois chaque année, et de leur tour du monde de
30 000 Km, ils ont rapportés un récit haut en couleurs et en rencontres de leur
voyage en un beau livre commandable sur le net.

http://pommequiroule.homeip.net/

Cette route est le passage obligé pour les nombreux routiers faisant
Delhi-Leh. Ils transportent tout le nécessaire pour que ces villages reculés
vivent les 9 autres mois de l’année où la route n’est pas ouverte. Nous croisons
principalement 2 types de camion : ceux pour l’essence (Indian Oil) et les
fameux TATA, très joliment décorés.

Le contrôle technique n’est pas de mesure ici : des épaisses fumées noires
sortent à chaque accélération ! On comprend mieux pourquoi certains ont un
masque sur le devant du visage !

Tout en bas Pang !

Nous y arrivons, Lot de tentes dressées pour les routiers et les touristes. Nous
aurons un endroit pour dormir ce soir.

Et même du fromage au petit déjeuner !!! Merci à ce groupe d’Allemand qui
nous ont ramenés à des saveurs presque déjà oubliées !

Soupe Maggi, Coca Cola et Mars, la mondialisation est venue jusqu’ici…

C’est dans ces dhabas de fortune que nous quittons le Ladakh.

On a plus qu’à se laisser glisser vers la mer… dans 3000 km.

Devant nous se dresse 4 cols autour de 5,000 mètres avant de gagner la vallée.

Mais ça, c’est une autre histoire…

AU REVOIR ET A LA PROCHAINE NEWSLETTER !
DIRECTION MANALI….

14 Responses

  1. Fred
    Fred at |

    Salut vous deux
    Voila de superbes images pour un voyage qui s’annonce haut en couleurs.

    Bonne route

    Fred

    Reply
  2. annick d'Essaouira
    annick d'Essaouira at |

    Coucou vous deux,

    Magnifiques photos !!
    Que du bonheur à vous lire !!
    Bravo pour l’effort surhumain… rien à voir je suppose avec le vent d’Essaouira de face !!
    Bonne continuation,
    Annick de Belgique .

    Reply
  3. gilles
    gilles at |

    on recommence… sur l’extraordinaire quelles forces… courage chance… sacré récit toujours aussi riche… courage!

    Reply
  4. Karine
    Karine at |

    oulalalalal! vous me faites mal partout rien qu’à vous lire! prenez soin de vous sur ces routes vertigineuses pour le coeur, la tête et les yeux!
    besos les piou-piou!

    Reply
  5. Ian Mansour de Grange
    Ian Mansour de Grange at |

    Les ôtes ont perdu leur hache, on se sent plus en sécurité, donc, mais il fait froid, tout de même, dommage pour le soi-disant des Textes révélés, c’est comme pour la robe de Nat, elle la porte par respect et s’en dépiaute par conviction, plus tard, dans l’intimité, on n’a pas besoin qu’elle nous exhibe sa nudité… Juste, précise, en revanche, l’aquarelle de Namgyal Tsemo Gompa… elle laisse pressentir ce qu’il reste encore de possible, dans l’intense fugacité du battement désespéré des ailes, si lourd aux mollets… La montagne n’a-t-elle pas déjà hissé l’océan jusqu’au Tso Morin ? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… Nathalie en fée Clochette trépignant sur la selle d’un cyclo soudain gargantuesque, évidemment les pédales sont loin, on compatit à ton épuisement, sottichonne, et admire d’autant plus ta gnak… quand la main secourable de ton Peter Pan, infatigable, lui, ou presque, gomme des mois de grisaille lyonnaise, avant le bon goût d’humilité d’une pomme juste à point advenue… Ils ne fôlatrent donc pas, nos deux papillons, sur le toit du Monde… du moins, pas tout le temps… Tournent, tournent, petits moulins, la farine emplit, mètre après mètre si haut, la mémoire, l’eau viendra, incha Allah, plus bas, et le pain, ensuite, à rompre… ensemble.

    Reply
  6. eric
    eric at |

    Des superbes images, des aquarelles qui font rêver…..et un récit qui nous tient en haleine…..
    Bonne continuation….et une pensée pour vous….

    Reply
  7. Sylvie de Rennes
    Sylvie de Rennes at |

    Super ! Attaquer la rentrée en vous accompagnant en Inde, ça va rendre moins morose cette période météo-politico-boulot pas folichonne à tous niveaux. Merci de partager votre périple avec nous. Photos magnifiques et récit passionnant. Have a good trip !

    Reply
  8. Jacques
    Jacques at |

    Bonjour vous deux,
    Après l’Afrique, l’Inde, quel bonheur. Nathalie, j’avais un peu de mal pour te reconnaître. Comme j’ai une mémoire désastreuse, j’ai mis l’Inde à gauche et l’Afrique à droite. Les lunettes, ça change beaucoup de choses et aussi les cheveux. J’ai probablement dû zapper un épisode… Quant à toi Jérémie tu fais un peu rabbin, mais Jérusalem n’est pas très loin.
    Je ne vous souhaite pas « bon courage », vous l’avez voulu, faut assumer. Par contre, je vous dis un grand merci, ça oui, pour le texte et les photos, un vrai régal.
    Vite, vite, le prochain épisode…

    Reply
  9. Perrine
    Perrine at |

    j’suis scotchée !

    Reply
  10. Nadège
    Nadège at |

    Quel régale! Vous me ravissez les yeux avec toutes ces belles photos et ces récits. Je suis obligé de lutter contre une envie irrésistible de repartir en voyage mais pour l’instant c’est pas au programme : chômage et recherche de boulot en perspective ! Mais merci de nous faire voyager au travers des mots!!! Bon courage pour la suite. C’est pas donné à tout le monde d’avoir le courage de ses envies. Bonne route et au plaisir de vous lire bientôt.

    Reply
  11. Michel Terrier
    Michel Terrier at |

    Félicitations.
    C’est vraiment remarquable, tant le récit que les photos. Sans oublier les dessins très artistiques.
    Regrets pour les genoux en panne de Régis.
    Je suis bien trop vieux pour faire de tels voyages, mais ça fait vraiment rêver.
    Bonne continuation à tous.
    Et un bonjour à Michel, généreux donateur, de la part d’un savoyard amateur d’électronique et ami de Jean-Marie et Nicole.
    Michel Terrier à ARBIN en Savoie. http://www.michelterrier.fr/

    Reply
  12. Vauris Michel
    Vauris Michel at |

    Super,
    Félicitations pour nous faire partager votre projet.
    C’est beau d’entreprendre de telles choses, je reste admiratif.
    Récit intéréssant, belles photos et superbes dessins.
    Je ne vous souhaite qu’une chose : aller au bout dans les meilleures conditions.
    @+

    Reply
  13. torrente
    torrente at |

    bravo et respect pour ce voyage
    qui me rend heureux de voir ces belles images.
    De la gentillesse ,de ces gens, vous donnant leur cœur,
    et possédants beaucoup de valeurs
    continuer votre route,continuer votre rêve

    à bientôt,les aventuriers et soyez prudents

    Reply
  14. shyam
    shyam at |

    Hey
    super job well done , we r from the mobile shop in cochin , may god bless for ur journey…

    Reply

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