RAJASTHAN : Vous reprendrez bien un peu de désert?

(((FOR ENGLISH SPEAKERS: we apologies for some of our readers who don’t speak French. This newsletter and our website will be only in French because it’s to many time for us to translate everything. We apologize, you’ll only be able to see the pictures 😉 )))

RAJASTHAN : Vous reprendrez bien un peu de désert ?

(Ecrit le 1 octobre, à Santalpur, Gujarat)

Namascar !
(Encore une autre manière de dire « Bonjour » dans les états du nord de l’Inde).

Voici la cyclo-lettre de saison, remplie de réflexions courtes et profondes, anecdotes superficielles et savoureuses, pensées inutiles donc indispensables…
Celles qui nous poussent à écrire de temps en temps dans un carnet de voyages…

N’oublions pas qu’à vélo, l’équilibre s’obtient par le mouvement…
Alors avançons, respirons à pleins poumons les douceurs de notre vie nomade.

Nous sommes heureux.
Le temps est devenu le plus tendre et le plus généreux compagnon de route.

La famille, les amis et notre folklore quotidien nous manquent un peu.
Il nous reste Internet et les emails, comme autant de fils tendus par delà les peuples et les mers pour maintenir un petit fil d’affection avec nos proches restés au pays.
Nathalie vit bien l’absence de folk/trad. Par contre Jérem’ présente tous les symptômes d’un GROS manque !!!!!! Encore heureux pour lui, on chante et on compose sur nos biclous…

Le matin on se réveille, sans savoir ce que nous réserve l’aléatoire de cette journée.
Malgré les prévisions étudiées à l’avance, on ne sait pas en général où on va dormir le soir, si on va réaliser les kilomètres prévus, ou encore avec quelles personnes on va passer un moment inoubliable, 15 minutes sur le trottoir, ou 4 heures dans un troquet. Prêts à tout, en surprise continue.

Ca fait plaisir de ne pas voir la vie en streaming.
Le Rajasthan, c’est ça: mille palais, mille joyaux jetés à travers une campagne désertique et stérile, souffrant du manque d’eau dès que l’on approche du désert du Thar.

Au travers de l’histoire, ces terres ingrates ont donné à l’Inde des guerriers, des marchands qui dès le XVIème siècle partirent à la conquête du Bengale, de Bombay, et jusqu’en Birmanie.

La route est longue à travers le désert. Parfois des dunes de sable, mais le plus souvent une étendue de maigres champs, une campagne désolée. Quelques villages aux maisons de terre séchée. La bouse de vache que l’on fait sécher sur les murs pour servir de combustible. Sur la route, des charrettes tirées par des dromadaires.

Elles transportent des groupes de nomades, hommes et femmes. Couleur éblouissante des saris et des turbans. Jaune flamboyant, violet, rouge vif.

Entre les chameaux, les steppes, le vent des sables, les femmes voilées, les minarets, les barbus, les souks et les épices, cette Inde là nous a ramené en Afrique Arabe.

A 50 Km du Pakistan, l’Islam y avance comme le désert.
Et quelques grosses villes aussi, où la foule nous happe aussitôt, comme des feuilles mortes dans une bourrasque.
ENFIN ! Dirons nous, car après 1100 kilomètres parcourus, nous commencions à nous demander si le fameux BIP (Bordel Indien Permananent, ndlr) était un mythe…

Autour de nous on nous demande « pourquoi ? ».
1000 raisons et aucunes ne viennent à notre esprit.
Pas de cause précise à défendre, pas d’association derrière nous… A peine une destination : le sud.

En quête d’émotions, une « en-vie ».
Vivre avec les saisons et le temps.
Un cheminement dans la lenteur cyclique, un cœur vivant dans la nature.
« N’avez vous pas peur avec ce que l’on voit et ce que l’on entend » ? Nous demande-t-on depuis la France.
Justement !
De là-bas, on ne voit rien, alors on s’approche pour entendre.

Venez voir comme c’est super le Rajasthan à vélo -> http://inde-a-velo.jeremiebt.com
Et n’oubliez pas de jouer à nos quizz pour gagner des aquarelles ! http://inde-a-velo.jeremiebt.com/jeux/

Nathalie et Jérémie, partis sur les traces de Kipling, Bagherra et Baloo.

  • PS 1: Pour nous suivre par ordinateur interposé : http://inde-a-velo.jeremiebt.com/carte/
  • PS 2: Même si on préfère « Tu m’enivres » qui vaut mieux que « Tu m’énerves », il y a un lien de désinscription en bas de cette newsletter.
  • PS 3: On aime beaucoup avoir de vos nouvelles nous aussi, alors n’hésitez pas à nous envoyer un mail ou à laisser des commentaires tout en bas des pages du site. Nous lirons ces lignes goulûment !
  • PS 4: Merci divinement à Alex’ et Xav’ qui transforment nos photos et nos impressions en supers articles pour vos beaux yeux.
  • PS 5: Merci aux personnes qui nous ont donnés un toit le temps d’une nuit,… Yogi, Dav, Shiram, Surjaram, Antra, Chandra… tout ceux que nous oublions… vous rendez notre voyage merveilleux.
  • PS 6: Kikadikoi ? « Avec tous les Dieux qu’ils ont, yen a pas un pour les cyclistes ??? Ah ben on va le créer alors ! Après Ganesh, voici Cyclish ».
  • PS 7: Kikadikoi ? « Qui te protège ? Nathalie. Et elle ? Jérémie. »
  • PS 8: Kikadikoi ? « Je transpire trop ! Je vais voir si en buvant moins je sue moins…»
  • PS 9: Kikadikoi ? « How many showers a day ? »… « euh… on pue ??? »… Rires…
  • PS 10: Kikadikoi ? « On dirait pas que les Indiens portent un baby-gros ? »
  • PS 11: Kikadikoi ? « Venez dans mon hôtel, mes chameaux parlent français ! »

Nous vous avions laissés à la limite du Punjab, à l’orée du Rajasthan, à l’aube d’un nouveau territoire à découvrir…

Voici quelque photos d’ambiance pour vous remettre dans le film :





APRES LE CAP DES 1000 KM, LE 100 KM EN UNE JOURNEE !

Après les cyclistes de notre hôte à Bathinda, c’est la mousson qui s’est invitée dans notre voyage. Déluge rapide et efficace. Soleil et vent prennent le relais pour que s’évaporent les gouttelettes sur les kilomètres suivants.

Nos corps et nos visages sont tour à tour brûlés par le soleil et rafraichis par la pluie.

HARYANA : ETAT TRANSITOIRE

Etat que nous ne ferons qu’effleurer. 50km à peine que nous parcourons d’une traite lors de cette longue journée. Nous ne nous pencherons pas plus sur cet Etat que nous n’aurons pas le temps de découvrir, mis à part une cérémonie à l’œuvre… 2ème surprise de cette journée…



RENCONTRE AVEC LE DIEU
« ONAPACOMPRISONNOM »

Saris colorés à l’ombre, musiciens, et enfants. Nous voilà happés par cette animation de bord de route. Curiosité oblige, on s’approche.

L’hospitalité Indienne fait encore ravage. Quelques minutes après notre arrivée, nous sommes assis en tailleur au milieu des femmes et des enfants. On savoure riz sucré agrémenté du traditionnel dhal/chap (ati).





Un lieu de culte crépite un peu plus loin. Bouts de noix de coco en échange d’un temps de prière symbolique.











Sourires immortalisés. Les plus belles se cachent derrière leur voile comme pour attiser la curiosité… l’ancêtre de la burka?

La chicha qui est fumée est une « hookah », narguilé Persan.


Fête en l’honneur d’un dieu Hindou, mais lequel et pourquoi ce jour là ???
On restera sur une note suspendue, une demi-cadence pour nos amis les musiciens, voir un IVeme degré… (Private Joke pour nos amis zicos)


C’est un « nilkant ». On s’extasie à chaque fois qu’on en voit un, mais il est généralement trop tard pour dégainer l’appareil photo.

Une de nos 1ères rencontres avec une femme de l’ethnie Bishnoï, nous vous en reparlerons plus tard.


On s’est fait aider sur quelques kilomètres. Ca compte monsieur l’arbitre ?

HANUMANGARH
l’Inde commence à baigner dans son jus.

Après des kilomètres de ligne droite, nous entrons dans Hanumangarh où nous resterons 5 jours. Notre plus grosse pause depuis le départ dites-donc !


Cette ville tient son nom de Hanuman, le dieu à tête de singe. Uniquement pour des raisons esthétiques, c’est la divinité préférée de Jérémie, sans doute un œdipe refoulé…
Nous arrivons dans un village à l’échelle du pays. A peine 150 000 âmes, mais un épouvantable conglomérat urbain où nous nous perdons 100 fois.
La foule nous happe aussitôt, comme des feuilles mortes dans une bourrasque.
ENFIN ! Dirons nous, car après 1100 kilomètres parcourus, nous commencions à nous demander si le fameux BIP (Bordel Indien Permananent, ndlr) était un mythe…



Visite du marché





Les fameux cochons d’Inde (nous ne pouvions pas la manquer celle-là !)

Jérémie aime bien le sari de celle-là

Les tenues à la mode

La gourmandise, ça se perd pas, où qu’on soit !

Ça bosse


La pharmacie à la sauce indienne

On n’a pas très bien compris, mais il marche pendant longtemps et loin, fort probablement pour son Dieu

RAJAT, PERLE D’OR DANS LE COLLIER DES RENCONTRES
OU
LES RAJASTHANIS SONT DES PRENEURS D’OTAGES

Dès notre arrivés, nous sommes considérés comme des enfants de la maison. Dans cette grande bâtisse vivent les parents de Rajat, ses grands-parents paternels et un de ses petits frères. L’autre est parti étudier ailleurs. Pour 50 Rps/repas (70 ct d’euros), une femme vient préparer à manger tous les jours hormis le dimanche soir. Une autre vient aussi tous les jours pour le ménage. Famille plutôt aisée donc.

Tous sont à nos petits soins… Ce repos familial est accueilli avec grand plaisir de notre côté. Plaisir partagé car on sent que c’est un honneur pour eux.

Nous sommes observés avec grande curiosité à l’extérieur des murs de sa maison. Rajat a vu un blanc dans sa ville, une fois, c’était il y a 10 ans.

Depuis le décès de son oncle, Rajat qui a étudié à Bombay, est revenu pour soutenir son père dans l’entreprise familiale. Ils produisent de l’huile de moutarde, de la farine, empaquètent la paille en été et produisent du coton en hiver. Ils se servent de l’huile de moutarde pour tout : Rajat se coiffe même avec ! Ils récupèrent aussi matin et soir le lait des vaches pour leur utilisation personnelle. 20 personnes travaillent au total pour eux.

LE MARIAGE OU AFFAIRE DE DIEU

Seulement 10 à 15% des mariages sont des « mariages d’amour » nous raconte Rajat.
Les autres sont des mariages « arrangés » par les familles ou choisis par Dieu, suivant les versions de nos interlocuteurs. Dans cette famille pourtant moderne et « ouverte d’esprit », les parents proposent un(e) prétendent(e) et les enfants donnent leur avis. Rajat en est à plusieurs refus. C’est le devoir des parents de trouver un bon époux/épouse pour son enfant.
« Tu cherches ? » lui demande-t-on ?
« Non, c’est à eux de gérer ça. ». C’est leur responsabilité.
Gloups, Il a plus de 30 ans, et c’est chose commune en Inde…
La réputation joue un grand rôle dans le choix et peut dépasser la volonté de la femme si c’est vraiment une « bonne affaire ».
Mais il n’est pas obligatoire apparemment de se « réserver » pour le mariage. Les découvertes de l’amour sont possibles avant… tout dépend de l’envie et du tempérament de chacun (et des pressions de l’entourage…).

Rajat nous apprend aussi qu’en Inde il est interdit de connaître le sexe de son enfant.
Avant la naissance (on précise, même si cela va sans dire).

La mère de Rajat a abandonné sa famille et sa ville pour rejoindre la maison de son conjoint. Et en bonne épouse, elle est femme au foyer ; prépare à manger, nettoie et range tout. Tellement que son fils dit à Nathalie : « Mais elle adore ça, elle fait ça toute la journée ! ». Un rôle tellement bien ancré qu’il masque le reste. Des bribes de volontés cachées arrivent aux oreilles de Nathalie…

Mais nous sommes optimistes pour l’avenir des femmes Indiennes. L’évolution est lente mais existante. Comme chez nous, les grands-parents sont dépassés par leurs petits enfants. Internet, les films, l’occident et les USA arrivent à grand flot et chamboulent les mentalités. Le féminisme ne va pas tarder à se faire entendre… On y croit.

Sans le regard des hommes, les confidences se délient autour d’un petit coup de Medurai, plus connu sous le nom de Hene. Joli tatouage de quelques jours qui ornent mains et avant-bras des femmes pour les cérémonies et fêtes.




La maman de Rajat attelée sur le pied de Nathalie. Quelques heures pour que ça sèche, grattage et le tour est joué !

UN VOYAGE QUI NE MANQUE PAS DE PIQUANTS

Toujours dans la famille de Rajat, en 5 jours nous n’avons mangé que des plats différents. Y comprit les petits-déjeuners…

Quand on vous disait qu’on mangeait bien ici !

Du dhal, certes, sous toutes ces formes et toujours avec une subtilité en plus.
Un régal 🙂
Des chapatis, des Pronta fourrées, du riz aux légumes, du riz aux épices, des crudités (oh oui que ça fait du bien !), des sandwich au ptit déj pour finir les restes de la veille (c’est la coutume apparemment), du yaourt, des lentilles, des pois-chiches, de la tomate,…
Tout est végétarien et sans œufs (on voulait faire des crêpes, on n’a pas pu). Ca c’était pour les français viandards qui se disent que c’est impossible de cuisiner plus de 1 repas d’affilée sans avoir de protéine animale dans son assiette. C’est possible, et c’est même rudement bon pardi ! Pour rappel ou information, 80% des indiens sont végétariens, alors le nombre de resto est nettement plus élevé qu’en France !


On a goutté aussi au Paan, dans un petit boui-boui au bord de route. C’est une grande feuille pliée à ingurgiter en une seule bouchée remplie de trucs sucrée au goût de dentifrice. Il faut bien préciser un Paan sucré, sinon ils le font avec un mélange de tabac, et ça devient tout autre chose.



En guise d’échange culinaire, nous leur avons préparé un repas d’origine franco-européenne avec les moyens du bord. Au menu il y avait :

Concombre au yaourt, sauce à la coriandre
Gratin de pâte à la béchamel et à la mozzarella
Ratatouille aux épices locales
Banane recouverte de coulis au chocolat chaud agrémentée d’une compote de pomme faite maison



Ils ont apparemment bien aimé car les invités sont partis avec les deux plats de gratin qu’il restait. Et à notre grande surprise, c’était la 1ère fois qu’ils mangeaient du chocolat fondu !!! On en connait un qui a fini la casserole avec les doigts 😉

LES CASTES : les hommes naissent et demeurent inégaux

Rajat maitrise parfaitement l’anglais, bien mieux que nous… Il appartient à une famille aisée et fréquente visiblement un groupe d’ami de la même classe sociale. Il nous explique qu’ils appartiennent tous à la caste des marchands. Notre curiosité nous amène alors à aborder avec lui le sujet complexe des castes, de la condition des femmes, de la recette de la choucroute Bolivare…

Vous avez déjà entendu parler des castes mais comme nous, vous ne savez pas précisément ce que cela signifie. Voici donc une petite explication : les castes sont basées avant tout sur l’idéologie de l’inégalité des hommes et c’est l’essence même de la société indienne. Comprendre les castes c’est comprendre l’Inde et les indiens.

Une société indienne divisée en 4. Il est question des castes dans les plus anciens textes fondateurs de l’hindouisme, notamment les Veda, qui décrivent la division de la société indienne où les hommes naissent et demeurent inégaux. On trouve au sommet de cette hiérarchie, les brahmanes (prêtres), suivis par les kshatriyas (guerriers) puis les vaishyas (commerçants) et enfin au bas de l’échelle sociale les sudra (le reste de la population) et encore en dessous les intouchables. Les intouchables sont exclus du système des castes parce qu’ils exercent des métiers impurs et/ou dégradants comme le boucher, le cordonnier ou la sage-femme qui sont en contact direct avec le sang. On y retrouve aussi dans cette catégorie d’exclus les mendiants, chasseurs, pêcheurs…

Au sein d’une même « caste », il n’existe pas un seul groupe mais plusieurs castes et chaque caste à besoin de l’autre pour se maintenir « en vie ». C’est cette interdépendance que l’on appelle un « système ».

La transmission héréditaire de la caste : L’idéologie de la caste c’est d’affirmer que les hommes sont fondamentalement inégaux et que chaque individu a le devoir d’accomplir sa tâche, celle qui lui est attribuée par rapport à son rang et par rapport à sa naissance. Il naît dans une caste et ne peut pas en changer. C’est maintenant un peu plus flexible sur ce point.

La pratique de l’endogamie : Encore aujourd’hui, on se marie de préférence dans la même caste, voire dans la même sous caste.

L’idéologie du pur et de l’impur : La hiérarchisation des castes va de pair avec la conception du travail, du comportement de l’homme et de sa façon de vivre qui se mesure à l’aune du plus ou moins pur au plus ou moins impur. Ainsi le brahmane ayant une activité religieuse et intellectuelle et étant végétarien, est plus pur qu’une personne de la caste des guerriers qui mange de la viande, se bat et tue, mais ce guerrier est plus pur qu’un marchand de tissus par exemple, ce dernier étant de la caste inférieure, et ainsi de suite.

L’évolution actuelle : En réalité, cette idéologie sur l’hérédité et sur l’interdépendance est altérée de nos jours. En effet, si on fait partie de la caste des blanchisseurs, cela ne veut pas dire que l’on exerce le métier de blanchisseur. Au contraire on peut par exemple exercer un métier de qualité supérieure. Il n’existe pas d’adéquation radicale entre le métier et la caste. La mobilité sociale fait qu’on n’exerce pas toujours le métier associé à la caste d’appartenance, c’est ce qui a complètement bouleversé l’interdépendance des castes et aussi la hiérarchisation.

Compétition et concurrence entre les castes : les castes recherchent chacune leur ascension socio-économique. Aujourd’hui elles ont tendance à se transformer en groupes ethniques, en lobbies, en partis politisés, voire même à se constituer en classes sociales et tenter de se faire entendre sur la scène politique et médiatique.
Tous ces mouvements, qu’il importe de suivre de près, montrent bien la capacité de renouvellement des castes, de revitalisation tout en s’adaptant aux situations de l’Inde contemporaine.

La suite du cours prochainement. En attendant, on joue un peu aux touristes avec Rajat, notre guide personnel.



Un temple Hindou lors d’une sortie nocturne

Un autre temple Hindou

Un lieu saint qui n’est pas attitré à une religion particulière, tout le monde y va et lave la pierre avec du lait.

LE FORT BHATNER – Vestige du peuple Rajput

Ce fort, vieux de 1700 ans, est considéré comme l’un des plus vieux d’Inde et signifie « forteresse des Rajputs ».

Les Raj-quoi ?
Les Rajputs (fils de prince, de râja (prince) et putra (fils), forment le groupe ethnique majoritaire des habitants du Rajasthan. Terre qui d’ailleurs s’appelait autrefois Râjputâna.
Traditionnellement les Rajputs sont des « guerriers », car de part leur situation géographique, ils se sont trouvés confrontés à de nombreuses invasions, en particulier celles des Arabes et des Moghols. Ils ont alors contrôlé et défendu l’ancien Rajputana durant des siècles. D’ailleurs les Râjputs eux-mêmes sont probablement en partie des descendants d’envahisseurs. Beaucoup occupent maintenant des postes clefs dans la région.



Des cruches qui gardent l’eau au frais même par ces chaleurs… ! Appréciable !!
Tout un art de boire sans toucher !

La porte gigantesque est faite pour permettre aux éléphants de circuler sans défoncer les murs.

L’allée est elle aussi en pente pour permettre aux pachydermes de monter, mais aussi de déverser huile bouillante et autres liquides agréables pour prendre soin des pieds des envahisseurs potentiels. Nous pouvons remarquer les pics sur la grosse porte pour empêcher qu’elle soit défoncée par les éléphants des susnommés envahisseurs en cas d’invasion (des envahisseurs qui envahissent, faut suivre). A chaque fort, sa porte géante garnie de piques à hauteur de tête d’éléphant.





Trop fort !

LE GURDWARA SIKH DE MEHTAB SINGH

Le Gudwa –quoi ?
Si vous avez bien appris votre leçon Punjabique du reportage précédent, les Gudwaras sont les temples Sikhs.
A l’entrée de ce sanctuaire ci, une sorte de fier-à-bras colossal, hirsute d’objets tranchants, armé jusqu’aux dents, qu’il affiche carnassières, nous barre le passage de sa hallebarde. Un peu comme un garde suisse, en moins loquace encore, c’est dire !

Comprenant qu’il ne peut pas quitter son poste, nous passons donc à deux bons mètres de lui.

Fiers et altiers, ces personnages que nous avions déjà remarqués au Punjab sont encore plus impressionnants en groupe. Ils nous dominent d’une tête, nous soupèsent de leurs larges sourires comme des ogres devant un festin. L’ambiance n’est plus la même.
Pris en tenaille entre les musulmans et les Hindous, les Sikhs ont cultivés une identité forte, constituée en réponse à la domination moghole et à l’inégalité des castes hindoues.
Le Sikhisme est ainsi monothéiste et prône l’égalité de tous les Hommes devant leur créateur. L’attroupement à l’intérieur d’un temple est moins oppressant, les situations plus claires, les regards moins équivoques.
Cela se sent, nous nous sentons bien en leur compagnie.

Face à l’obligation de se couvrir la tête, le soit disant menaçant gros nounours à l’entrée prête un de ses turbans à Jérémie. Puis lui offre au moment de lui rendre. Pas si méchant que ça finalement, non ?

Le Sikhisme nous a semblé une religion concrète, une croyance en l’espoir et l’optimisme. Elle veut s’élever au rang de croyance universelle en montrant comment mener une vie digne d’être vécue.

Sans doute chez les Sikhs, les places des individus, des femmes, du profane, du sacré, de la vie et de la mort nous ressemblent plus. Loin de provoquer en nous comme l’Hindouisme des réactions défensives, elles ont étés apaisantes. Le corps vivant est investi comme utile et digne, la vie sur terre à une signification. Le corps n’est pas un déchet impur.

Là où les Hindouistes habitent en dehors, les Sikhs l’habitent en dedans…

LA MOUSSON NOUS PASSE DESSUS

PLUIE : n.f.

Phénomène caractérisé par la chute de millions de litres d’eau venant du ciel et dont on ne sait jamais combien de temps ça va durer.
Syn : cauchemard du cyclo-voyageur.

On l’espérait, juste pour se rafraichir un peu. Sans oser l’affirmer, de peur qu’elle nous empêche de pédaler…

L’air dégage ce parfum d’humus qui précède les orages.
Le ciel menace en soirée, puis soudain un concert d’éclairs et de pluie torrentielle retentit.
« Moonsoon » !!!! S’exclame l’Inde toute entière devant cette bénédiction céleste.
Ils l’avaient bien dit qu’elle avait été toute petite cette année. On ne l’avait pas encore croisée. A charge de revanche, elle revient en force !

La mousson nous semble être une grande chasse d’eau qui fuit de temps en temps. Ici elle touche à sa fin, et chaque goutte est très appréciée. Tout le monde regarde le ciel, les gens ont très chaud… et quand la pluie arrive, évidemment, chacun sort et se baigne, se refroidit, les vélos aussi.

Il a plut toute la nuit.
Et comme chez Rajat une partie du plafond du salon est une grille ouverte sur le ciel, l’eau monte. Et encore, c’était pire avant les travaux pour surélever le reste de la maison. Avant, il n’y avait pas du tout de plafond dans le salon et toute la maison baignait dans 30cm de flotte à chaque gros orage… Ils prennent ça de loin et gèrent en conséquence. Incompréhensible pour nous.



Un nouvel orage tonitruant éclate le matin, mais celui-ci n’emporte pas dans sa fougue notre volonté de pédaler.

La larme à l’œil chez eux comme chez nous il est temps de quitter nos hôtes et de reprendre la route du sud.
Famille qui restera gravé dans nos cœurs, perle d’or dans le collier des rencontres.

La route devient une mosaïque de flaques où slaloment des piétons pieds nus, le lunghi relevé jusqu’aux cuisses.

Ce n’est qu’un préambule, la terre ne peut plus absorber, nous arrivons bientôt dans le petit bassin.




La température à chuté. Signe, comme le jasmin, que la mousson nous est bel et bien tombée sur le coin de la figure.

Fraicheur bienvenue et réparatrice. Pour nous, mais surtout aussi pour les champs qui en avaient grandement besoin.


C’est le leader du PC Indien ;))))





Rajat nous rejoint 30 km plus loin pour une dernière visite culturelle en sa présence :

KALIBANGAN : 5 000 ans d’histoire nous séparent

Kalibangan est un site archéologique situé sur la rive gauche du Ghaggar (aussi identifié par certains spécialistes comme l’ancien fleuve sacré Sarasvati). Des fouilles ont certifié le caractère préhistorique et pré-maurya (il y a 5 000 ans) de la civilisation de l’Indus en cet endroit. Kalibangan était une capitale majeure, disparue malheureusement car détruite par un tremblement de terre vers -2 700.
Chose remarquable, il s’agit de la plus ancienne trace de champ cultivé connu, il y a 5000 ans.
Ces maisons en terre sont incroyablement conservées, et l’on peut distinguer encore des briques entre les coulées de boue. Hélas depuis les fouilles, rien n’est entretenu. Chaque pluie dilue les murs de terre en coulées de boue. Le sol est jonché de poteries d’époque, et à chaque pas nous détériorons d’éventuelles traces de cette civilisation maintenant disparue.






Avec un peu d’observation, nous pouvons distinguer des reliquats de mur et autres traces d’une civilisation qui appartient au passé.

Rebelotte, 2ème Au revoir. La larme est toujours là. Le cœur se serre. Nous tournons une dernière fois le dos à Rajat, sans dire un mot, la gorge nouée…

Tristes de la séparation, nous enchaînons les kilomètres sans un mot.




Notre voyage ne manque pas de piquant








Les barrières se ferment, un train va arriver. 20 min après toujours pas de train. On hésite à faire comme tout le monde, c’est-à-dire à passer sous les barrières. On apprend qu’elles se baissent sur l’heure prévue du train et non l’heure réelle… un petit goût de SNCF pardi !

Et quand elles s’ouvrent, branle-bas de combat !!

ENTRE DESERT ET MOUSSON

Entre Hanumangarh et Bikaner, 3 jours de vélo. Et deux nuits encore sous le filet protecteur du père de Rajat : une guest house introuvable sur tout guide qui se respecte car réservée aux policiers, et un ami à lui.

Cette famille nous accueille avec le cœur sur la main : repas succulent, visite de la petite bourgade, au frais à la tombée de la nuit, lit douillet, douche,… que demander de plus ???!! Le papa fait office de chef de famille et se préoccupe de notre confort. La maman et les filles nous préparent à manger. Le fils ramène ses copains, témoins importants pour l’école du lendemain. Et tous très sérieux quand ils nous parlent. Sujet trop important que l’honneur de servir des invités, des blancs qui plus est. D’après ce qu’on a compris, ils n’en ont jamais vu dans ce village,…




Nous vous laissons apprécier la qualité de la porte…

Comme de nombreuses familles, une pièce est réservée au culte. Temps de prière du matin.


L’hospitalité est une denrée de base en Inde, autant que le dhal.


AU CLAIR DE LA DUNE, MON AMI VELO

Le paysage change…

Les bas-côtés s’assèchent.

Petit à petit, le sable apparait sous les touches de végétation qui se raréfient kilomètre après kilomètre…






Notre sueur fixe la poussière.
La transpiration qui dégouline pique les yeux, nous nous épongeons avec notre serviette, elle aussi chargée de sable qui, à chaque frottement, agit comme autant de petits couteaux sur notre peau, de surcroit déjà meurtrie par les coups de soleil.
Des rafales de sable nous arrivent dans les yeux. Vent, camions et dromadaires nous tracent la route.

A chaque passage de camion, on s’en prend plein la figure. Poussière, klaxon et gazoil !

Ca colle, on en a plein partout !

Le désert grignote du terrain petit à petit. La route disparait par endroit sous des bancs de sable. Des troupeaux de chèvres entre les quelques arbres éparses.




Des toits en branches nous font de l’œil. Un appel pour découvrir ces coquettes maisons en terre.

LES VILLAGES TRADITIONNELS


On serpente à quelques pas de la grande route. Petit chemin qui nous conduit à rencontrer cette charmante famille aussi curieuse que nous. On pose les vélos à l’extérieur et on s’approche doucement sur ce sol impeccablement nettoyé malgré l’immensité du sable environnant.




Les femmes Rajasthani en sari exhibent une peau halée. Elles se laissent observer le sourire en coin, le visage encadrés par leurs magnifiques chevelures noires en cascade, ornées de fleurs.
Jérémie n’a pas beaucoup d’occasions de parler aux femmes Indiennes. D’autant plus dans le nord en phase d’Islamisation. Les femmes prétendent au silence.

Elle acquiesce pour la photo et met son voile…


Des chèvres, des enfants, une petite pièce pour la cuisine puis un espace à ciel ouvert en guise de salon. Au milieu, un symbole est dessiné avec des restes de cendres. Une cérémonie est en cours pour la très récente naissance d’une petite fille. Le papa (ou le grand-père ?) nous l’apporte, tout fier, puis la pose sur les genoux de la maman.
Elle n’a que quelques jours.




En Inde, ou en tout cas dans le nord, les enfants sont maquillés tous les jours jusqu’à leurs 3 ans.

CARAVANE DE NOMADES, enfants du désert…

Une queuleuleu de charrettes à vache nous interpelle. Hommes, femmes, enfants, chèvres et bébés s’y entassent avec grand sourire. Le tout avance à petit pas.



Ils font peut-être partie de l’ethnie des Banjaras, les probables ancêtres des Gitans ; des commençants itinérants transportant graines, sel et fourrage du Punjab jusqu’au sud de la péninsule.

BIKANER : BIP A CIEL OUVERT (BIP = Bordel Indien Permananent, ndlr)

Nous arrivons à Bikaner où nous resterons 4 jours chez Yogi, un Couch Surfeur local. Ici, et encore plus vers l’ouest, le CS est un appel du pied pour faire des excursions et manger au restaurant du lieu. Notre logeur est une guest house qui accueille aussi des gens via « Helpex » (échange de bons procédés : 5h/jour de travail contre l’hébergement et la nourriture). Un grand dortoir nous est mis à disposition avec les Helpex.

Mais nous préférons dormir sur le toit, il fait nettement moins chaud qu’à l’intérieur même avec les ventilateurs à fond !




Située dans une région aride où ondulent des collines de sable, Bikaner, fondée en 1486, est une ville importante au Nord du Rajasthan qui s’est rapidement enrichie grâce aux passages des caravanes. L’agriculture a longtemps dépendu de l’eau de pluie. La construction du canal Indira Gandhi a nettement changé ces conditions peu propices et a permis le développement des cultures. Bikaner devint un centre commercial de laines, couvertures, tapis, moutarde, coton, blé… et plus récemment les usines de la ville fabriquent le verre, la poterie, les feutres, les produits chimiques, les chaussures, et les cigarettes…

Artisans à l’œuvre



BIDONVILLE A L’ENTREE DE LA VILLE

Le 1er que l’on voit en Inde.
Avant le voyage, nous savions l’Inde comme un pays ou l’être humain est confronté à une misère importante, et où le corps négligé est abandonné dans la rue. Nous n’étions donc pas étonnés de voir tous ces gens habiter dans des maison de fortune en périphérie des ville.
Il fait très chaud. La couverture des cabanes constituée de poutres et de branchages sur lesquels des toiles plastiques en patchwork sont maintenues en place avec des pierres, ne procurent aucune isolation pour ces pauvre gens. Le jour, les gens vivent dehors, et le soir ils dorment sur des lits de cordes adossés à leur maison.

LALLGARH, UN PALAIS DE MAHARAJAS

Nous entrons dans la ville, et nous voyons de jolis dômes et tours dépasser pas trop loin. Notre curiosité sans limite nous amène devant le Lallgarh, un somptueux palais de Maharajas du début du 20ème siècle, partiellement réhabilité en hôtel de luxe en raison de son coût d’entretient. Il est de style Indo sarrasenic qui est une fusion des styles rajpout, moghol et européen. Ca vous parle hein ?
Ne vous inquiétez pas, on a copié ça dans un guide.
Notre entrée à bicyclette est tolérée pour aller admirer sa magnifique architecture.




LA VIEILLE VILLE, un dédale riche en découvertes

Le Rajhastan est vanté comme ayant un patrimoine culturel et historique exceptionnel. Pour qui sait l’écouter, la terre de Rajpouts résonne encore des fastes des anciens maharadjas et de leurs épopées épiques…
Comment ne pas laisser vagabonder son lyrisme devant la beauté des bâtiments.
Tout le long des rues s’agitent les foules, dans un immense éblouissement de couleurs.





Chocolat noir ou chocolat au lait ?



Un ninja à vélo

La vieille ville se trouve à l’intérieur d’une forteresse. Elle est parcourue de ruelles étroites que les rickshaws empruntent à toute vitesse.





Vendeur de laine

Expérience unique, il faut le voir pour le croire, dans des rues d’à peine 4 m. de large, circulent frontalement piétons, vélos, scooters, rickshaws, chameaux, dans un désordre indescriptible, sans oublier la vache qui sans prévenir se met à traverser cette route et qu’il faut absolument éviter sinon sacrilège !! Les chauffeurs se frayent un passage avec une dextérité qui force notre admiration.









Ce dédale cache quelques charmantes haveli, vielles maisons traditionnelles des riche marchands d’antan, outrageusement gravées et ornées de superbes fresques murales colorées. Beaucoup sont faites de grès rouge.








Piment fourré au piment






Dans quelques minutes, lui il va devoir bouger



LE TEMPLE LAKSHMI NATH JI
en l’honneur des dieux Vishnu et Laxmi

Le temple de Laxmi Nath, construit en 1488, est d’une magnifique conception artistique et artisanale.
Les photos étant interdites nous ne pouvons que vous raconter son intérieur.

On peut y voir les statues des divinités Vishnu et Laxmi, auxquelles les indiens vouent une dévotion constante depuis maintenant près de 4 siècles et demi. Une célébration se prépare, et nous avons l’autorisation d’y assister. Moment intense que ces chants religieux, égosillés à plein poumons par un groupe de femmes dévotes.





Petit cadeau offert à la sortie

Sanctuaire à vaches : on peut les nourrir ou faire des offrandes financières


LE TEMPLE JAIN « BANDHASA »

Le jaïnisme (du sanskrit Jina, « vainqueur du soi ») est une des plus anciennes religions, dont les origines sont peu connues, qui seraient venus de l’animisme et qui prend ses racines dans la plus haute antiquité.
Le but de la vie pour les jaïns est le même que pour l’hindouisme, le bouddhisme et le sikhisme. Le croyant doit atteindre l’illumination appelée moksha ou nirvana. L’humain doit sortir du flux perpétuel des réincarnations : le samsara, par des choix de vie appelés vœux comme la non-violence ; la méditation et le jeûne sont aussi des pratiques jaïns.
Les Maîtres éveillés, moteurs spirituels de cette religion dénommés les Tirthankaras (en sanskrit « les faiseurs de pont ») ont enseigné avant notre ère les principes du jaïnisme. Le terme de chemin de purification est utilisé de nos jours pour décrire la route que doit suivre le pèlerin afin d’atteindre le but de toute vie : l’illumination.
Tout un programme.
Sur ces colonnes, nous pouvons apprécier des statues d’Ajitnath et Tîrthankara, « créateur de chemin », du cycle du temps jaïn actuel.
Ce temple date du 15ème siècle. C’est le plus vieux monument de Bikaner, consacré à la divinité Sumati Nath Ji. Nous sommes seuls à l’intérieur avec le prêtre qui prend tout son temps pour nous faire le tour du propriétaire.

Les fondations du temple sont enduites de gheer (beurre) que nous voyons suinter avec la chaleur. L’intérieur est décoré de miroirs, de fresques et de peintures peintes à la feuille d’or.




Une statue de marbre blanc représentant Sumatinath a été installée sur un trône argenté, lui-même perché à 2 m. de haut sur une autre statue. Le hall à colonnes massives retient l’attention avec ses piliers de marbre blancs décorés de modèles floraux colorés, ainsi que ses piliers de grès sculptés de corps de femmes.



Combien de moines, de Sadhus, d’ascètes et de pèlerins ont défilés ici depuis des siècles entre ces murs bleutés ?
Des fresques d’un raffinement éblouissant recouvrent les pièces et le corridor. De véritables livres d’histoire : scènes rupestres, caravanes du désert, maharadja en parade, dignitaires richement vétus…
Quand l’Islam proscrit toute représentation divine, ici on accumule la surenchère d’images et de couleurs.



Quelques sucreries entre deux visites


LE FORT DE JUNAGARTH

Lieu touristique, nous y rencontrons des Français. La 1ère fois en 3 semaines, depuis Manali !

Le fort de Junagarth domine les toits de la ville. C’est un fort impressionnant par sa taille et son apparence composite (citadelle d’un kilomètre de circonférence). Construit à la fin du XVIème siècle, il renferme divers palais, temples, labyrinthe de couloirs, d’escaliers, de terrasses et de cours intérieures.





D’origine arabe, ce balcon appelé « caravansérail » permettait aux femmes de voir sans être vues.

Les intérieurs sont travaillés et particulièrement bien conservés. Le fort est bâti en partie dans du grès rose et en partie dans une pierre blanche. Certains endroits sont en marbre, comme la piscine située à l’intérieur. De nombreuses pièces sont ornées de plafonds aux peintures magnifiques…



Quelques curiosités agrémentent la visite comme les planches à clous ou à scies pour les fakirs, une cuillère qui permet de ne pas se salir les moustaches quand on mange la soupe…


Et d’autres choses que nous n’avons pas photographiées comme le premier ascenseur du Radjasthan fabriqué en 1914, la salle d’armes et son fusil de 4m de long à placer sur un éléphant, le biplan offert par la Couronne Britannique au Maharadjah de Bikaner après la première guerre mondiale…

Quelques dessins de Jérémie pêle-mêle


Ces turbans multicolores sont appelés des « safas ». Ils sont portés par des personnes particulièrement respectées ou lors d’occasions spéciales.

LE TEMPLE KARNI MATA (Ou temple des rats traités ici comme des Dieux:)

Pensée spéciale pour la maman de Jérémie qui est rat-phobique niveau 10 !
Nous quittons Bîkaner en prenant plein sud sur une trentaine de kilomètres, pour la ville de Deshnok. Tout juste sorti de la ville, nous « tombons » sur ce temple Hindou où un groupe de chanteuse sont en train de… chanter. Leurs sourires nous contaminent.




Le Temple de Karni Mata est un lieu de culte exceptionnel en Inde dédié à la déesse Durga. En effet, Karni Mata est considérée comme la réincarnation de Durga, la femme de Shiva, mère de Ganesh. Et, la légende affirme que les âmes des dévots de Karni Mata sont incarnées dans les rats du temple.
Les croyants vénèrent ces rats qui sont libres de circuler dans l’enceinte !





L’extérieur présente de grandes portes argentées et quelques sculptures en marbre mais la véritable attraction se trouve à l’intérieur…
Chacun doit se déchausser à l’entrée pour entrer dans l’univers des rats sacrés… et marcher sur un sol jonchés de nourriture et d’excréments de rats en tentant de ne pas toucher un des spécimens qui traverse la cour. Les rats sacrés seraient les réincarnations d’anciens conteurs protégés par un dieu. Quelques centaines vivent dans le Temple et sont nourris par les disciples jaïns.









De quoi se faire hérisser les poils des pieds !
Des rats partout : les uns sur les autres, qui dorment, se cherchent les poux, se montent dessus,… La visite ne s’éternise que pour immortaliser ces instants magiques et vous le faire partager 😉





SCOOT TOUJOURS !

Nous quittons Deshnok en milieu d’après-midi par des petites routes aux raccourcis introuvables. Les alentours ne sont que petits villages.




Le nouveau tableau de bord de Jérémie

Le sable arrive !

Nous projetons de trouver un lieu pour manger puis d’aller demander à l’une des maisons de planter la tente près de chez eux. Les petites bicoques se succèdent sans qu’un semblant de restaurant ne pointe son nez.
Notre bonne étoile de voyageur est toujours parmi nous. Un passant en scooter, à qui nous demandons la route, reste un moment à nos côtés pour discuter. Finalement, il nous propose d’aller dormir chez lui à 12km de là. Le jour se couche, nous arrivons de nuit.

Sa femme nous prépare un délicieux repas

Ce policier, Siya Ram, en service à Bikaner vit avec sa femme, Susheela, son fils et ses deux neveux. Et au milieu de la pampa, il a internet ! Nous pouvons lui montrer notre site internet, la carte de notre itinéraire…



Moment de cérémonie dans la cuisine







6 litres d’eau à pomper tous les matins, on s’entraine pour les futures crevaisons !

Deux traites par jour et deux tournées de scooter pour récupérer le lait des vaches, qu’ils vendent.

KOLAYAT – Pièce montée grandeur nature

Le lendemain, en route pour Kolayat.





Pendant le petit déjeuner, on entend un gros bruit. La réponse quelques centaines de mètre plus loin. Le conducteur s’est endormi au volant mais s’en sort avec une simple blessure à la jambe. Un peu sonné tout de même, mais ça lui parait plus opportun à ce moment précis de venir faire la causette avec nous pour savoir d’où on vient…

C’est une petite ville construite autour d’un grand lac, magnifique avec son champ de nénuphars au milieu (et si l’on fait abstraction du 1er mètre de détritus qui le borde). Tout autour, on y trouve une congrégation de temples de marbre, de grès et des ghats.



Lorsque l’eau se pare de ses plus beaux atours: les nénuphars. Une eau paisible et animée à la fois, par toute la faune du coin: grenouilles qui croassent, insectes qui volent, petits poissons qui passent.
Et des détritus.
Beaucoup.


Un temple Hindou où une très chouette famille nous invite à boire le thé à l’intérieur (on a pas tout à fait compris si c’était un temple ou leur maison ou les deux à la fois…).




Nathalie se retrouve avec les deux petits dans les bras avant d’avoir compris ce qui se tramait !

Les occupants des lieux








Il nourrit la vache avec de la pâte à chapati ! Sacrilège !!



Pause de midi : au boulot !

Vu que personne n’en dit mot sur internet, l’article fournit ici présent, lu par des milliers d’internaute, rendra justice à ce noble lieu.



Encore 272km de chaleur et désert et nous arrivons à Jaisalmer

Le soir, nous trouvons l’hospitalité auprès d’un temple Hindou.


Ganesh, le Gainsbourg Indien


On aime bien les animaux mais pour celui-là, on est content qu’un camionneur soit passé avant nous

L’HINDI, C’EST DU CHINOIS…

L’hindi est la plus parlée des 1652 langues recensées en Inde. Pour toutes les langues sans alphabet romain, c’est pareil, on panne que dalle. Leurs écritures ressemblent à des chiures de mouche analphabètes, de la calligraphie, des hiéroglyphes, du chinois, de l’Indien.
Les sons diffèrent, mais les grandes idées sur la vie quotidienne, ou le simple bon-sens, se recoupent. Il existe des particularismes cocasses. Ainsi, en hindi, hier et demain se traduisent par le même mot : Kal, c’est-à-dire « un jour au delà ». En avant ou en arrière, qu’importe. Est-ce révélateur de la nonchalance légendaire des Indiens ? Nous aimons ce genre d’analyse à l’emporte moi le nœud 😉

TRADITIONS RAJASTHANIQUES

Après les rencontres Punjabiques, voici celles du Rajasthan.
Depuis le début du voyage, nous nous attendons à trouver à chaque tournant sur-population, accidents, pick-pockets, arnaques en tous genres, routes incarossables et autres méfaits du même genre.
Nous attendons encore…
A la place, stupeurs, sourires et invitations jalonnent notre route. Nous allons volontiers nous réchauffer aux foyers allumés par des Indiens au bord du chemin, prétexte à d’agréables échanges. Nos quelques mots d’Hindi ne sont pas suffisants, et nous agrémentons la « discussion » de sourires, de « ha ha » et de « Ho ho », prouvant tout l’intérêt et la profondeur de nos échanges. Cela nous suffit, nous sommes heureux d’être là.


Mais que voit-on ?


Des gazelles !

Depuis plusieurs semaines, nous sommes stupéfaits par l’omniprésence des femmes et leur suractivité. On les rencontre partout : aux champs, aux puits, sur les marchés, dans les boutiques, près des enfants ou sur les chemins transportant toutes sortes de trucs… Il faut dire qu’on a affaire aux championnes du portage sur la tête. On retrouve souvent les classiques : sacs, jerricans, fagots de bois, régime de bananes. La semaine dernière, nous achetions des tomates à une femme au bord de la route, un enfant qui tète, qui, tout en nous servant dans son panier sur la tête, rendait la monnaie et rigolait avec sa copine.


On croise des troupeaux qui sont gardés par des femmes, des hommes. Enfin, ils marchent à côté, leur présence s’arrête un peu à ça car ils ne les empêchent jamais de traverser la route à n’importe quel moment ! Faudrait pas les bousculer…



Les Dhanis sont des villages traditionnels dans cette zone aride du Rajasthan. Constitués de huttes rondes réalisées en torchis et en toit de branches, ils disposent d’une organisation sociale et économique rare que l’on trouve uniquement ici. Le système de décision, de coopération, les croyances, le système de castes et les traditions de ces tribus sont uniques en leur genre, et varient d’un village à l’autre. Nous vous en aurions bien dit plus, mais on a la flemme de traduire les infos que nous avons trouvées en anglais sur le sujet.
La population des villages est proportionnelle aux ressources agricoles, mais surtout des points d’eau, essentiels à la vie.




Cette petite fille voulait être absolument sur TOUTES les photos


Nos journées sont clairsemées de grands-mères au sourire uni-dentaire !


Conséquence de deux mois de vélo



Autre conséquence, on fait des siestes ! On a même croisé un parc, le 1er. Les Indiens ne manquent pas de toupet et viennent s’installer avec nous comme de vieux amis.


Très accueillants, nous avons dormi et mangé dans leur restaurant


Monte-charge humain. 1er étage SVP

MAIS COMMENT CA SE PASSE QUAND VOUS DORMEZ CHEZ LES GENS ??

Voici une question qui revient souvent. Nous abordons alors ce point hautement caractéristique de notre voyage.
Avant que la nuit ne tombe, nous essayons de « choisir » l’endroit où nous pourrons solliciter l’hospitalité. Une maison pas trop isolée, mais pas trop entourée non plus. Nous essayons systématiquement d’y déceler une présence féminine ou familiale : vêtements qui sèchent, enfant qui jouent…
Nous arrivons et expliquons notre requête pour planter notre tente dans un endroit « sûr», si possible un jardin.
Ce soir là, le hasard de la route nous a offert une famille musulmane.
Le sourire qui illumine leurs visages exprime toute la joie de notre visite.
En quelques minutes nous sommes adoptés.

De nuit, nous distinguons peu les visages. Juste des ombres à la lumière vacillante du feu, ou de la lune.




Le matin, nous les découvrons, comme eux nous découvrent, avec beaucoup d’émotion de part et d’autres.

Les fours dans lequel ils cuisent toutes sortes de choses, sont appelés des « tchoolas ».





Cette grand-mère a 6 garçons venus vivre avec leurs femmes, soit 20 petits enfants. Tous vivent ici et sont musulmans.
Anif et Fatzima sont les noms de nos hôtes.

Après 7 enfants morts, 3 sont nés et ont survécu après qu’elle a mis un collier de protection… Chaque enfant porte aussi ce collier de protection.

Explication de notre itinéraire, de nos familles respectives, carte et photos à l’appui




La cage à poule pour la nuit


Jérémie commence à filtrer l’eau. Les hommes se précipitent pour tester leurs biceps !



La traite du matin, notre tchai est bientôt prêt !


Sur le départ, Nathalie s’aperçoit de sa 2ème crevaison ! Mauvaise pioche !

Passer du temps avec ces familles, c’est prendre conscience des plaisirs simples, plaisirs accrus par l’effort physique, plaisir de l’expression corporelle, apprécier les petits besoins corporels et naturels : un verre d’eau, une sieste, un fruit, savourez les plaisirs simples pour très bien vivre.


NUITS AU CŒUR DE L’INDE

Il fait quarante degrés. Sans cesser de pédaler, nous buvons 5 litres d’eau par jour. Nous veillons à bien uriner régulièrement, signe que la déshydratation n’est pas encore là. Nous transpirons tellement que la sueur assure à elle seule presque toute l’élimination dont notre corps a besoin.
Ce soleil là n’est pas celui qui donne envie de sortir et profiter de la vie. C’est celui qui colle les chiens au sol. Il brûle la terre et pompe les hommes.
Nous dormons très régulièrement dans ces Dhabas / restaurants dont nous avons déjà parlé. Des lits posés au bord de la route, un repas, un seau pour se laver (quand il fait jour pour Jérémie, quand il fait nuit pour Nathalie), et un dodo au ventilateur naturel qu’est le vent.




Pause douche et lessive ; les routiers apprécient ce bassin mis à disposition par les dhabas

Avec la fatigue nous avons l’impression d’être ivres. Une fois le camp installé, nous tombons dans nos duvets. L’inde nous emprisonne de sa nuit colossale.
Même dans notre tente, l’Inde est là. Loin de se laisser vaincre par notre tentative de sommeil, elle se rapproche, s’impose, se gonfle d’une terrible existence sonore.

Putains de chiens.

Ils aboient et se coursent toute la nuit. Ils sont si laid, si décharnés, si sales, si bruyants, galeux, poussiéreux, sans poils, couvert de croutes et de morsures…
Les chiens, figures pathétiques et martyres qui nous accompagnent à petites foulées depuis le matin, n’en peuvent plus d’être des chiens. Montre-moi tes chiens, je te dirais qui tu es !
Les chiens de l’Inde, en l’occurrence, ont un sérieux problème d’identité, une crise aigue de schizophrénie : ils se prennent pour des cochons !
Sans doute trop impatients d’attendre leur réincarnation, ils se vautrent dans la boue, s’y rafraîchissent le jour et la nuit, ne laissant sortir que leur langue rose. Las de leur condition, un certain nombre (plutôt pluriel) se suicident sous les camions. Personnellement, j’opterais plus pour une réincarnation en truite du Cachemire…

Dès l’aube, le cri des paons nous sort de nos duvets. La campagne est déjà inondée par le soleil.
La végétation change, l’ambiance avec.
Les sentiers nous emmènent plus loin encore dans les secrets du décor. Les subtilités de la nature ne laissent pas place à l’ennui. L’émerveillement permanent nous fait oublier avec douceur la fatigue avec laquelle nous apprenons à vivre.

POKARAN – CENOTAPHES ROYAUX AU COEUR DU DESERT


Nous les apercevons au loin et décidons de faire quelques kilomètres de détour pour les observer de plus près. Heureuse idée !
Au fin fond du désert du Thar, Pokaran est connue pour ses magnifiques chhatris royaux.
Les chhatris sont des cénotaphes (sépultures) érigés en mémoire des plus fameux guerriers rajputs. Ils sont bâtis à l’endroit de leur mort au combat ou de leurs funérailles.







Des dizaines de chauve-souris se cachent dans un recoin.

Pokaran, c’est aussi un des sites d’essais nucléaires de l’Inde. La Smiling Buddha, 1ère arme nucléaire souterraine, a explosé sur ce site le 18 mai 1974. Le gouvernement indien déclara alors qu’il n’allait pas construire d’armes nucléaires, bien qu’il en ait acquis la capacité technologique, et que l’explosion de Pokaran était destinée à développer une énergie atomique dans un but pacifique et à rendre l’Inde indépendante en technologie nucléaire. Fin de l’histoire.



Sur la route, encore et toujours, vous vous en doutiez, non ?

Le midi, on se retrouve à manger là, dans le village de Chacha, entourés par une quinzaine de paires d’yeux et une chaleur étouffante (40°C). A défaut d’un dhaba, cette famille nous a très gentiment préparé un repas que nous dévorons sous leur regard.





Les Indiens sont comme les mouches, dès le levé du soleil, ils se regroupent autour de nous. L’un part, un autre arrive. Le relais est assuré. Nous avons pu vérifier ce constat à de nombreuses reprises maintenant. Ils ne font rien à part nous regarder, même si nous ne faisons rien nous-même.

DISCOURS DE SOURDS

– Pouet
– Salut toi !
– Pouet
– Namasté (=signe de la main en vélo)
– POUET
– Ah non, ça va pas être possible, y’a pas la place
– POUET POUET POUET
– Non mais tu vois bien que un camion + un bus + un vélo, ça rentre pas !! La route est trop étroite !
– POUET POUET POUUUUUUUUUUET
– Tu veux un décamètre ??? Ça peut pas passer !!!
– POUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUEEEEEEEEEEEEEEEEEETTTTTTTTTT
– Ok ok, ça va, je vais sur le bas-côté rempli de sable et d’épines d’acacia. Tant pis pour ma chaîne et mes pneus. Je préfère y aller de ma propre volonté.
– POUUUUUUUUUUUOUUUUUUUUUUUOUUUUUUUEEEEEEEEETTTTT
– GROUMPHGRRRRRRRRR
– Nananana Pouet Pouet (tout fier)

Moments épisodiques qui restent de l’ordre de l’anecdote. Les autres nous saluent avec un gentil Pouet de bienvenue et d’encouragement.



Attention, passage de cham…, de drom…, on ne sait pas comment les appeler quand ils ont trois bosses !

JAISALMER : Le château dans le sable

Apres une semaine de sable, de soleil, de sueur, de dromadaires et de vent, nous entrons dans la mythique ville de Jaisalmer.
Nous sommes éreintés des 67km parcourus d’une traite dans la matinée, car il y a très peu de Dhaba/restaurant sur ces routes, beaucoup moins qu’avant. Il devient difficile de trouver des lieux où manger ou juste se reposer tranquillement…



L’Inde médiévale surgie du désert. Jaillit au loin une grande masse rocheuse, des murailles, des bastions, des tours : une forteresse posée sur le rocher.
A l’époque féodale, le Rajasthan comptait des milliers de seigneurs féodaux qui se livraient bataille et tenaient tête aux armées Musulmanes descendues d’Afghanistan.
Chacune des grandes villes du Rajasthan, Jaipur, Jodhpur, Udaipur et bien sûr… Jaisalmer, possède sa forteresse, son palais.
Située à l’époque sur la route des épices (et vu comme ils pimentent tout ici, ceci n’a pas du changer beaucoup), la ville de Jaisalmer s’élève comme un château de sable géant depuis le milieu du Désert du Thar. Elle apparaît, tel un mirage, au bout de la longue route ancestrale des caravanes allant de l’Inde à la Perse, et surplombe le désert du Thar par une enceinte de 5 km dans laquelle sont aménagées 99 tours de garde.
La ville est un mirage moyenâgeux, doré, couleur merveilleuse qui nous éblouit dès notre arrivée. Au coucher du soleil, la ville s’éteint petit à petit comme un feu laissant quelques braises jusqu’à ce qu’il fasse noir… Un arrière gout de 1001 nuits avec ses palais, son sable, ses dromadaires, ses turbans, ses mosquées.
Ça vous va la description type conte de fée ?
Ou en plus succinct : Jaisalmer, merveilleuse cité d’or.
Harmonie des couleurs aux tons de sable et appel vers les dunes.




NOS AMIS POLYGLOTTES: « HELLO MY FRIEND »

Des types nous accostent en français, italien, anglais, avec un grand sourire comme si nous étions les meilleurs amis du monde. Ils nous aiment et nous vendent de tout, à prix d’amis, spécialement pour nous, dans un magasin tenu par leur frère. Ne sommes-nous pas tous frère ? Nous ne parlons que d’emmerdeurs masculins. Les rues sont envahies par les hommes. Les femmes nous appellent sister pour vendre bijoux et autres babioles à accrocher, ou restent cloîtrées dans leurs maisons.

Garanti non touristique avec des chameaux qui parlent toutes les langues !

Une de leurs techniques les plus rependues est de te dire bonjour en tendant leur main. Une fois dans la sienne, ils ne te lâchent plus. Alors on a appris à mettre des vents, à tracer sans adresser la parole.
Tous les touristes de moins de 30 ans adoptent le look baba en arrivant ici. A croire qu’il y a un truc dans l’air qui appelle au port de bracelet indien, au sarouel et à la pashmina.

Fort bien logés dans un hôtel CouchSurfeur, nous restons 6 jours pour se reposer et profiter de la ville. 99% des CouchSurfeurs de cette ville sont en fait des hôtels : c’est un appel du pied pour manger à leur restaurant et aller faire un camel safari avec eux (comprendre safari à dos de dromadaire).


Nous passons devant la devanture d’un magasin dans lequel un type vend des boulettes de bhang. Ce sont des magasins d’état de drogue. Le bhang et la marijuana sont associés à la religion hindoue comme le vin à l’eucharistie catholique. Et en Inde, beaucoup de gens en consomment.

Petit aperçu des merveilles que l’on a découvertes dans la « merveilleuse cité d’or »:






Même Ganesh a besoin d’un « plus petit que soi »


La récolte de papier pour Jérémie

J’ai toujours porté un regard amusé sur les touristes qui, en France, prennent un croissant en photo. Je comprends donc les rires moqueurs des indien autour de moi quand je prends avec la même ardeur un temple Sikh ou un gâteau…

Encore, oui encore des friandises !



LE FORT D’OR DE JAISALMER

Le fort fut érigé en 1156 et se nomme Sonar Kila (Fort d’Or). Il s’agit de l’enceinte de la vielle ville.
Fort et citée antique ne font qu’un.
Ce bastion imposant de grès jaune, se tient dans toute sa splendeur et domine la ville. Les façades rayonnantes semblent éclater en flammes dorées aux rayons du soleil désertique.
La vie à l’intérieur de cette citadelle évoque des images de la majesté médiévale, visible dans les ruelles étroites, taillées dans le grès, qui serpentent entre palais magnifiques, havelis, temples et bien sûr artisans et chameaux. Artisans pour collectionneur de pièces d’Art et pour souvenirs en tous genres, car ici le touriste abonde.
Le fort est accessible à travers quatre portes – Akhaiya Pol, Ganesh Pol, Suraj Pol et Hava Pol.
Notre esprit d’analyse, non dénué de bon sens, en conclut que « pol » veut dire « porte », ou alors « style architectural révélant un mélange rajput-islamique ».







On se demande comment les bâtiments survivent année après année à la mousson. D’ailleurs le fort s’affaisse progressivement ; plusieurs tours se sont déjà effondrées à cause de l’utilisation excessive de l’eau.








LA TOURNEE DES HAVELIS (maisons des riches négociants du 18ème siècle)

Jaisalmer a longtemps été une étape importante sur la route des épices, de la soie et de l’opium entre la vallée de l’Indus (Pakistan) et l’Asie centrale. Cela explique le nombre et la qualité des havelis, maisons de riches marchands, qui sont parfois de véritables petits palais aux façades de pierre finement sculptées. D’influence arabe, elles sont construites autour de cours intérieures qui assuraient un peu de fraîcheur pendant les mois chauds.
Et unité oblige, les nouvelles constructions suivent le même schéma que les anciennes demeurent, pour le plus grand plaisir de nos pupilles.


Ces bâtiments sont ouverts à la visite et de nombreux Indiens se proposent de nous conter les histoires rocambolesques qui y sont emprisonnées.



Paetwa-ki-Haveli, avec ses dentelles de pierre couleur pierre, est le plus bel haveli de Jaisalmer. Il se tient dans une ruelle étroite et l’un de ses appartements est décoré de merveilleuses peintures murales. Cette demeure est un amoncellement de cinq petits haveli, commencée par Guman Chand Patwa, un riche marchand et banquier, pour ses cinq fils. Il fallut cinquante ans pour terminer l’ornementation des cinq étages, tout en balcons et colonnettes, minutieusement sculptés dans le grès jaune.


Le Salim ki Haveli, construit pour le tyrannique premier ministre Salim Singh en 1815, est aussi remarquable par son toit en forme de paon et sa longue galerie en façade rappelant la poupe d’un bateau.


On peut aussi admirer la façade du Nathmalji ki Haveli, ornée de multiples motifs, tels que des fleurs, oiseaux, éléphants, soldats, vélos ou encore locomotives, et dont l’entrée principale est gardée par deux éléphants.

LES TEMPLES JAINS

Cinq jolis temples jaïns sont bâtis au centre de la place forte et nous offrent un panorama imprenable sur la ville et le désert alentour. Ils sont reconnaissables à leurs stupas, faits de grès jaune comme les autres édifices du fort, qui dominent les ruelles. Plusieurs sont ouverts au public et montrent un intérieur finement sculpté. Ces temples restent un lieu de culte, il nous est conseillé de venir après 11h du matin pour ne pas outrager les croyants.
Ces temples ont été construits entre les 12ème et 15ème siècles. Ils sont dédiés à divers ermites, grands maîtres jaïns, appelés Tirthankars (ce sont des humains, comme nous, qui s’élèvent à un certain niveau d’âme).




A l’intérieur, la sculpture du marbre atteint un tel niveau que certains plafonds pourraient être assimilables à des ouvrages de dentelle. Elles représentent des animaux et des personnages, tels que les Tirthankars ou encore des danseuses. Le temple Chandrabrabhu présente plus d’une centaine de statues de marbre alignées d’un grand maître jaïn. Le temple Shitalnath abrite lui, dans son sanctuaire, une statue du dixième grand maître jaïn, faite de huit métaux différents.






Quant aux temples Shantinath et Kunthunath, les derniers réalisés, ils sont ornés de sculptures érotiques. L’ambiance, l’odeur de l’encens, et l’observation des différents rites nous plongent dans un univers d’une spiritualité incomparable.






Magnifique vue d’en haut


Palais de Ramajal

Ce magnifique palais, construit à l’origine au 15ème siècle dans le fort de Jaisalmer, s’est retrouvé à la fin de notre programme. Gavé comme des oies de fioritures ornementales en tous genres, nous l’avons seulement admiré de l’extérieur. L’intérieur est parait-il magnifique. Vous nous raconterez 😉


LE LAC GADI SAGAR

Point de migration et de passage pour une grande variété d’oiseaux aquatiques et de touristes, c’est un ancien réservoir qui, formé grâce à l’eau de pluie, assurait autrefois l’approvisionnement de la cité, et ce jusque dans les années 1950.

De splendides monuments se situent autour.


En bons petits touristes à l’emploi du temps chronométré, nous sommes venus au petit matin pour voir le lever du jour.


Des poissons chats nourris qui attendent la gueule ouverte la béquée


Des chauves-souris géantes !

Nous sommes aussi revenus au coucher du soleil


Au détour d’une rue, on découvre le « Dhosa » ! Très bon !

SURYARAM BOPA : Une rencontre merveilleuse

Un petit coup de vélo et nous voilà au « Sunset point » dûment marqué sur la carte.
Magnifique vue sur la citadelle… Nous sommes bercés par le son mélodieux d’un curieux instrument.



Bien plus discret et moins « agressif » que les autres musiciens de la ville, cet homme, d’une quarantaine d’année, joue avec un large sourire, sans chercher du regard ni à faire l’aumône des touristes. Il semble discret et humble.
Alors que les autres musiciens s’arrêtent quand un touriste s’éloigne et reprend son chant de manière « forcée » lorsque le suivant s’approche, lui a joué sans discontinuité une musique d’ambiance.
Vient qui veut, regarde qui veut les CD qu’il a devant lui.
Lorsque les groupes de touristes, bruyants et pressés, quittent l’endroit par paquet, il ne reste que les plus calmes, ceux qui n’ont pas gesticulé pour prendre 10 000 photos de la femme qui porte la moindre perle…
Nathalie ne résiste pas à l’envie de lui demander de manipuler son instrument.
Surjaram se rend compte rapidement que 15ans de violoncelle lui permettent une prise en main rapide.
La discussion s’engage, et se poursuit par une invitation à manger chez lui.



Très fier de son parcours, il nous raconte en détails sa vie précaire de musicien.
Son père, son grand-père et son arrière-grand-père étaient musiciens. Ils font tous partie de la caste des « Bopa », la caste des musiciens, tout comme sa femme (Bopi au féminin). Après la mort de son père, quand il n’était encore qu’un enfant, il fut un peu livré à lui-même car sa maman était débordée par ses 7 frères et sœurs plus âgés que lui.
A 11 ans, son oncle l’envoie à Jaisalmer. Il ne sait pas faire grand-chose, ne parle ni hindi ni anglais, ne sait ni lire ni écrire. Pendant une quinzaine d’année il gagne quelque roupies comme agriculteur, de quoi s’acheter un dhal et des chapatis, une biri (cigarette) chaque jour, et dormir sur une carpette.
Quelques années après, il s’installe près d’autres musiciens et apprend à jouer en les regardant. Peu à peu, il gagne ses roupies en faisant de la musique pour les touristes dans la rue. Il apprend à cette occasion l’anglais à leur contact, langue qu’il maîtrise à ce jour assez bien par rapport aux autres Indiens.
Vers la trentaine, son oncle et ses parents lui choisissent une femme de 15 ans plus jeune que lui. Il la « découvre » le jour du mariage. Elle aussi.
Sans enfant, une femme se doit de mettre un voile devant son visage. A partir d’un ou deux enfants, elle peut se découvrir. Les personnes âgées n’en ont souvent plus du.
Antra, sa femme donc, s’est mariée avec lui à 15 ans. A 16 ans, elle accouchait de son 1er enfant.







Aujourd’hui, à 27 ans, elle est maman de six enfants. La 1ère fille (7 ans et demi) reste à la maison pour s’occuper des plus petits. Elle confectionne deux fournées de chapati par jour. D’ici 1 ou 2 ans, quand les petits auront grandi, elle pourra aller à l’école.

Les deux garçons suivants vont à l’école. Leurs parents en sont très fiers. C’est les 1ers de leur famille. L’école n’est pas donnée pour tout le monde. Elle coûte 300 roupies/mois, plus livres et vêtements.

Ayant vécu un mariage arrangé, ils veulent pareil pour leurs enfants ; choisir le conjoint pour être sûrs que ce soit le « bon pour leur enfant ». Et puis, comme ils se marient à 15 ans, c’est trop jeune pour choisir. Donc les parents choisissent pour eux. Légalement, le mariage n’est autorisé qu’à partir de 18 ans.
Dans leur caste, il n’y a pas de dot. La famille la plus aisée aide la plus démunie pour couvrir les frais du mariage, que ce soit la famille du garçon ou de la fille.

Après ce mariage, ils vivent dans leurs familles au village. Mais sans maison ni argent, Surjaram s’est demandé comment subvenir aux besoins de sa famille. Il s’est retroussé les manches et il est revenu à Jaisalmer où il développe l’aspect musical déjà commencé auparavant. Ils habitent une petite maison construite de ses mains il y a quelques années en bordure de Jaisalmer. La télé et l’électricité sont arrivés il y a un an.





Maintenant il donne des cours à des Indiens et à des Européens (certains restent plusieurs mois, venant le voir chaque jour pour se former), il vend des CDs de musique trad enregistrés par son oncle, et joue dans la rue le matin pour vendre des instruments de mauvaise facture à des touristes.
Il en a quand même toujours un ou deux bons sous le coude pour les vendre à un « vrai » musicien de passage. C’est l’instrument sur lequel il joue actuellement qu’il vend à Nathalie.
Il va donc prendre un autre de ses instruments, il va jouer dessus tous les jours pour « le faire », jusqu’à ce qu’il le vendre à un autre musicien qui a besoin d’un vrai instrument et pas d’un jouet, et ainsi de suite…

A la fin de la soirée, Nathalie est sous le charme et sent que cet instrument va venir se joindre à ses sacoches. Mais qu’en est-il de cette nouvelle bête ?
C’est un Ravanhattha.
Un instrument à 16 cordes du Rajasthan. Pour les spécialistes, une seule corde est frottée par un archet, en crin de cheval tout comme la corde elle-même. Les autres cordes, en métal, servent pour la résonance. Chaque corde est accordée sur un des tons de la gamme de l’instrument.




Un extrait est écoutable sur notre passage à la radio « Allo la Planète »
Nous restons donc deux jours de plus pour que Nathalie bénéficie de son savoir. De quoi s’occuper pendant les prochaines pauses repas !

Et Jérémie en profite pour dessiner le portrait de sa femme, une magnifique Rajasthanie en habit traditionnel.





Les voisines

On a donc eu du temps à Jaisalmer. Du temps pour écrire aussi.
Au fur et à mesure de notre voyage, un recensement a commencé à s’établir, le voilà !




LES COMPORTEMENTS QUE L’ON NE PEUT COMPRENDRE

Un pas mal, c’est celui du gars qui, lors d’une sieste où nous dormons profondément, à l’ombre d’un arbre, sur une natte avec un foulard sur la tête pour être caché de la lumière, vient taper sur l’épaule de Jérémie pour demander… s’il peut prendre une photo de lui !!!!!!!
Un autre, presque habituel maintenant :
Après une matinée à se dessécher les os, nous nous octroyons une bouteille de Sprite bien frais. A la fin du repas, le serveur vient récupérer les assiettes et jette la bouteille par terre, sur le sol bien lisse du sable tassé. Il y met aussi toutes les miettes pleines de gras.
1h après, on le voit trimer avec un minuscule balai pour nettoyer par terre…
Même dans les hôtels, on ne trouve pas de poubelle dans les chambres. Obligés de tout mettre par terre dans un coin.
Un autre comportement incompréhensible c’est la rangée d’interrupteurs que l’on retrouve dans toutes les pièces munies d’électricité. Pour l’ampoule au-dessus, celle plus loin, le ventilo, la prise électrique, l’autre lampe à l’autre bout de la pièce… pas moins d’une dizaine de bouton et JAMAIS au grand JAMAIS un signe distinctif pour expliquer le lien de cause à effet.

Tromperie : les toilettes qu’on nomme « Turques » en France sont ici appelées « Indiens ». Le trône, par contre, est lui Européen.

Et au milieu, on vole ?
Nous vous gardons la suite pour les prochaines newsletters 😉

STEACK THAR-THAR

Nous quittons Jaisalmer et ses trésors pour rejoindre Khuri et ses dunes.
50km (et non 40km comme le disaient les panneaux) avec les jeeps, les bus de touristes, et notre ami le vent, mais nous en reparlerons plus longuement par la suite.

La chaleur est écrasante, dès 10h nous fondons littéralement.
Ça c’était pour l’explication du Steak.
Pour le Thar, c’est en référence au désert qui porte son nom. Nous y sommes depuis un moment déjà, depuis Bikaner exactement, mais là, nous nous dirigeons vers les dunes, les vraies, celles pleines de sable, alors pour le côté envoyé spécial du reporter ça collait mieux.

Mais que fait Nathalie ?

Elle utilise son pisse-debout ! Vous rigolez, mais c’est vach’ment pratique !




Le Désert du Thar s’étend en Inde et au Pakistan. Classé 7ème par sa superficie (200 000km²), c’est le plus densément peuplé au monde. Il est nettement plus végétal que celui du Sahara : quelques arbres, steppe herbeuse et prairies sèches cohabitent entre les dunes. Cette région est le « grenier à céréales » du Rajasthan et nourrit des millions de têtes de bétail. Le canal Indira Gandhi qui coule du Penjab à Jaisalmer irrigue des milliers d’hectares de cultures et de coton le long de son tracé. Des milliers d’arbres ont été plantés pour stabiliser les dunes. Ces nouveaux milieux attirent des espèces d’oiseaux, d’insectes, de batraciens qui ne devraient pas se trouver si loin à l’ouest en plein désert, d’où le nombre de 250 espèces d’oiseaux répertoriés sur les 2 biomes : désert de Thar et Rann de kuchh au sud qui fera parti du prochain état (et donc épisode).





Elle se fait piquer son lait par sa copine !

En fait, le désert de dunes est très limité et sur-fréquenté. Deux spots regroupent l’essentiel des touristes : Sam et Khuri qui a été l’élu de notre cœur car déjà un peu moins loin de notre ligne directive : le Sud.
La route malgré le désert reste verte et boisée et les oiseaux s’en donnent à cœur joie : perroquet vert, échassier à tête jaune, oiseaux au fin bec rouge, martin pêcheur bleuté et surtout de magnifiques paons et paonnes aux couleurs parfaites, dont le cri résonne tous les kilomètres. Sur la route nous dépassons de lents chameaux qui tirent de petites carrioles chargées de fourrage ou de paquetages. La tête fière, ils nous regardent passer sans sourciller.
Puisque nous abordons le sujet du désert, nous devons aussi traiter de ses inconvénients et les drôles de rencontres que cela amène. Il fallait s’y attendre, notre première crevaison. Il n’y a pas beaucoup de feuilles dans les arbres mais plutôt des épines. Nathalie est la chanceuse à qui ça arrive et Jérémie le chanceux qui va réparer la crevaison. On ne veut pas dire que Nathalie n’est pas capable de réparer une crevaison, mais disons que Jérémie voulait que ça aille rapidement (ou qu’il aime encore moins attendre sans rien faire que regarder bosser quelqu’un d’autre). En moins de deux, une dizaine de jeunes se regroupent autour de nous pour le voir changer la chambre à air.
Nous nous rapprochons ostensiblement de la frontière pakistanaise, à peine une cinquantaine de kilomètres.

Miajlar est le poste-frontière avec le Pakistan

Nous en profitons pour faire une photo de famille

A Jaisalmer, nous avons renvoyé un 2ème colis bien chargé. Ce qui nous amène maintenant à avoir une sacoche chacun pour ses affaires personnelles, une pour la tente et les tapis de sol, une autre pour les duvets et le ravanhatta et la dernière pour le reste ! (matériel de réparation, un peu de nourriture, bâche,…)
Quelques fermes survivent de ci de là ; leurs structures, murs de terre et toits de branches, n’est pas sans évoquer l’Afrique. Corvées de bois et d’eau pour les femmes qui portent élégamment une voire deux cruches sur leur tête.


Zone aussi où gazelles, antilopes et dromadaires sauvages gambadent et détalent au premier bruit suspect.
On fait notre propre safari.

Au loin, au loin, des gazelles ! Elles sont farouches !




Attention ! Zone de dromadaires sauvages !




Le chef nous a repérés. En deux temps, trois mouvements, ils décampent.

Ici, les chameaux ne font pas de vieux os


Au détour d’un village, nous croisons une grande famille de nomades. Les hommes sont en tête, les femmes à l’intérieur chargées de tous leurs biens. Chacun tenant et marchant à côté du chameau.
Trois générations se balancent doucement au rythme de son pas. Un lit retourné sur lequel a été tendu un voile les protège du soleil. La vision est surréaliste et nous amène tout droit dans un récit des milles et une nuit.




LES AVANTAGES A ROULER LE VENT DE FACE : Le plat de résistance

VENT DE FACE : n.m.
Phénomène météorologique correspondant au déplacement d’importantes masses d’air à des vitesses beaucoup trop élevées et qui vont toujours dans la direction opposée à la votre.
Syn : cauchemar du cyclo-voyageur.
Comme vous le savez, nous roulons actuellement vers le sud. A priori, rien d’extraordinaire ! Sauf que le vent dominant vient du sud… Ce qui signifie que nous roulons 95% du temps avec le vent de face ! Et en allant vers Khuri, il soufflait très très fort !
Ok pas facile me direz vous mais ça se fait… C’est ce que nous nous sommes dit aussi avant d’arriver ici. Car dans le Rajasthan, il n’y a pas de montagne qui nous protège du vent, donc faut faire avec. Malgré tout ça, il y a d’innombrables avantages à rouler contre le vent et en voici quelques uns :
– On a beaucoup plus de temps pour admirer la beauté de la route (le paysage c’est plus compliqué car il faudrait lever la tête pour cela !)
– La pluie, comme la sueur, sèche instantanément
– On n’effraie pas les animaux en arrivant à 10 km/h et on en croise donc plus (d’ailleurs les oiseaux restent au sol, ils ne sont pas fous eux!)
– On apprécie beaucoup plus les montées car elles nous cassent un peu le vent
– Les descentes sont beaucoup moins dangereuses à 20 km/h en pédalant qu’à 70 km/h en roue libre
– Les freins ne nous servent pas, il suffit de se relever et d’arrêter de pédaler pour s’arrêter en 5 mètres
– La respiration ne représente aucun effort puisque si l’on ouvre la bouche, l’air arrive directement aux poumons
– Il suffit de se mettre derrière un mur pour se croire au Paradis et se sentir reposé
– On a une impression de vitesse folle même à 10 km/h (si le vent de face souffle à 50 km/h, c’est la même sensation que de rouler à 60 km/h!)
– On est encore plus heureux d’être deux plutôt que seul !
Il y a certainement beaucoup beaucoup d’autres avantages mais ceux-ci nous suffisent, on repart sur les vélos, à bientôt !

KHURI

Après cette longue matinée à user nos mollets contre le vent, nous arrivons à Khuri. 3 genoux sur nos 4 ici présents s’en rappellent encore quelques heures après. Sieste bien méritée.
Si, pour une raison quelconque, la population de Khuri désertait cette ville du jour au lendemain, le désert se jetterait dessus pour la dévorer. Il n’attend que ça.




Situé à environ 40 km au sud-ouest de Jaisalmer, ce petit village en plein désert du Thar est entouré de dunes de sable. Quelques maisons sont construites sous forme de huttes en pisé décorées de motifs traditionnels ocre et rouges. Les autres maisons sont également en pisé avec des toits de chaume.
Ce village paisible a un charme unique avec ses ruelles foulées par les dromadaires, ses cours intérieures ouvertes où l’on peut entrevoir les habitants vaquant à leurs occupations, croiser les femmes allant au puits avec leur cruche sur la tête et les hommes s’occupant des chèvres et des moutons.
Comme partout sur la planète, les enfants jouent entre eux et sont irrésistiblement attirés par les quelques touristes se promenant dans le village pour leur demander quelques roupies, des bonbons, des stylos…
Dans la cour intérieure, après avoir trait la vache, la femme chez nos hôtes répète un geste séculaire qui lui permet d’obtenir une pâte onctueuse que l’on appelle : beurre



Un sentier nous emmène vers l’horizon.
Une dune.
Nous prenons de la hauteur. Bientôt le sable remplit tout notre champ de vision, le vent a balayé toute trace humaine, hormis nous, des jeeps et des bus pour touristes venus se promener à dos de dromadaire.
Nous sinuons parmi les vagues de sable sculptées par les souffles océaniques.
La dune nous emmène au plus haut de son estrade pour assister au plus beau des spectacles : un coucher de soleil flamboyant sur l’horizon immense.


On n’a pas pu s’en empêcher



Ce coucher de soleil est autant de feux de Bengale. Hé oui, en Inde, même les métaphores sont Indiennes !









LE PAKISTAN

Localisée non loin de la frontière avec le Pakistan, cette région est sous contrôle de l’armée. Khuri est le dernier village accessible aux quelques touristes s’aventurant dans cette zone.
A notre grande tristesse, nous ne pouvons aller plein sud à travers les villages traditionnels, et nous devons faire 60 Km à l’ouest pour nous éloigner du Pakistan et rejoindre la grosse NH15 qui nous conduira sur quelques centaines de kilomètres au Gujarat, le prochain état de notre périple.

Nous ne nous lassons pas d’admirer la diversité des habillements dans la région : les femmes portent une longue jupe colorée, un boléro aux motifs compliqués qui mixent toutes les couleurs possibles. Le dos est entièrement dévoilé. Un grand voile de couleur vient le couvrir. Leurs bras sont recouverts de gros bracelets blancs qui épousent la forme des biceps : resserrés au niveau du coude, ils s’agrandissent au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de l’épaule. Les narines sont ornées de gros piercings ronds en argent ou d’une boucle en demi-lune reliée à l’oreille par une fine chaîne dorée. Les hommes ne sont pas en reste : yeux soulignés de noirs, boucles d’oreilles pendantes ou anneau sur le lobe de l’oreille, foulards fleuris rose, mauve ou bleu, ceints d’un gros turban…

Il y a de nombreux bergers nomades aussi. Caractéristiques avec leur large dothi blanc dont un pan est ramené entre les jambes pour faire un pantalon, un chemisier blanc très cintré et brodé dans le dos, un turban blanc ou rouge noué sur la tête.


Une yamaha sauvage du désert se cache sur cette photo. Saurez-vous la trouver ?

La guerre, loin d’être terminée entre l’Inde et le Pakistan, est quand même en sommeil.
Là où nous passons aujourd’hui, était autrefois une zone contrôlée par la révolution. Nous ne passerons peut-être plus demain.
Des guérillas marxistes affrontaient les forces gouvernementales, organisées depuis près d’un demi-siècle, et devant l’incapacité de l’État à combattre cette insurrection, des factions paramilitaires s’étaient développées pour protéger les intérêts d’autres clans. Il n’y avait pas d’issues.
Dans la campagne, nous nous sentons loin, très loin de ce conflit, nous sommes pourtant en son épicentre.

Le paysage est assez monotone : petite route rectiligne au milieu des buissons épineux qui s’étalent à perte de vue. La chaleur est écrasante et nous laisse peu de répit.

En dignes représentants de l’espèce humaine, nous apprécions le confort. Après tout, l’histoire de notre civilisation n’est-elle pas tournée entièrement vers la recherche de la facilité et la réduction des tâches ingrates ? Pourtant, aujourd’hui, en traversant ce désert par une piste de terre, on rêve de cabane sous les pins, de bains dans les torrents, de pêche et de cueillette.

Et de sieste

UNE FAMILLE BISHNOI

Qui sont les bishnoi ?


Les Bishnoïs (de bish, « vingt » et noï, « neuf » en rajasthani), sont les membres d’une communauté vishnouïte surtout présente dans l’État du Rajasthan.
Les Bishnoïs sont des hindous vaishnav qui suivent vingt-neuf principes édictés par leur gourou au 14ieme siècle (d’où leur nom). Ils se caractérisent par leur végétarisme, leur respect strict de toute forme de vie (non-violence, ahimsâ), leur protection des animaux et des arbres, leur tenue vestimentaire particulière. On les définit souvent comme ayant une forte conscience écologique. Les Bishnoïs vivaient paisiblement dans des villages isolés loin des centres de peuplement, mais depuis une dizaine d’années, ils sont de plus en plus nombreux à vivre en ville. Ils seraient environ 700 000 dans l’ouest de l’Inde. Ce sont les rares hindous à enterrer leurs morts, du fait du bois qu’il faudrait couper pour la crémation (les sadhus vishnouites, eux non plus, ne sont pas brûlés après leur mort, mais enterrés, généralement en position assise ; le site où ils sont enterrés devient un endroit sacré).

Enfants comme adultes fuient à notre approche. Visiblement, peu de « blancs » passent par ici, peut-être même aucun.





Une maison en construction

BARMER

Ville où nous faisons une journée de pause. Les genoux de Nathalie ont décidé de la laisser tranquille mais elle a réussi à attraper froid par les 35-40° environnant. Pour sa défense, les nuits tombent à 20-25°maintenant, et sa petite gorge n’était pas préparée à un tel choc thermique. Bref pause, que Jérémie apprécie tout autant pour finaliser le 2nd lot de cartes postales !

Nous vous tenons aussi informé de l’état des bobos de Jérémie qui méritent toute l’attention des lecteurs : ils ne guérissent pas à cause de l’humidité, de son ancien Staphylocoque chopé en Afrique, du pédalier qui se raccroche dessus régulièrement, bref, ça fait bientôt 1 mois qu’il se traîne sa bétadine et son lot de coton !

Nous sommes hébergés via CouchSurfing par …

Chandra Prakash , CP pour les intimes, n’a pas choisi sa femme. Son père, alors que CP était en âge de se marier, lui a proposé de choisir entre plusieurs photos mais il a préféré le laisser choisir. C’est vrai que quitte à devoir supporter une femme toute sa vie, autant qu’elle soit agréable à regarder (dixit CS). Son père a alors choisi suivant une checkliste bien ficelée : situation des parents, de la jeune fille, de ses frères et sœurs, des grand-parents, oncles et tantes et j’en passe, emploi de tout ce beau monde, santé… bref si c’est une famille respectable et digne de la leur ou non.
Officiellement ils ne se sont jamais vus avant le mariage, ça ne se fait pas.
Officieusement, CP a réussi à récupérer le 06 de la demoiselle pour qu’ils se rencontrent une dizaine de fois avant le jour J. Très ingénieux, il a demandé à un ami, habitant comme de par hasard proche de la maison de sa future épouse, de lui transmettre un téléphone portable tout neuf qu’il avait acheté exprès. Une fois tout le monde couchés dans la maisonnée, 3-4h de discussion ont alors été possible pendant l’année les séparant du mariage. En effet, cela faisait bizarre à CP de ne pas connaître sa femme avant le mariage, car ayant vécu une quinzaine d’années à Bombay où les mentalités sont plus ouvertes, il avait du mal à revenir à un mode plus « traditionnel ». Il a maintenant une petite fille de 13 mois et compte avoir un 2ème enfant.
On est loin du « Papa, Maman, je vous présente mon amoureux, ça fait 2 ans qu’on habite ensemble, on va pédaler en Inde pendant 6 mois ! ».
Ndlr : toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est que pure coïncidence.

EN CONCLUSION


Nous sommes sur la route qui nous emmène au Gujarat, ça vous donne envie de voir la suite, hein ?? 😉




Des nids géants au-dessus de notre tête !

Nos deux mois en Inde ont été extrêmement riches en découvertes et rencontres. Nous avions tellement été mis en garde négativement contre ce pays que nous avons été agréablement surpris en tout.
Peu de trafic, des conducteurs attentionnés pour la plupart à notre présence sur la route, des familles et des villages certes démunis mais dont la misère nous semble acceptable. Ils vivent avec peu mais vivent et mangent tous les jours. Seul les abords des « grandes » villes (tout est relatif, ce n’est pas Lyon, ni Marseille), sont marqués par la misère. Ils se reconnaissent par les bidons-villes à l’entrée.
Donc pour l’instant, le moral est au beau fixe et l’Inde ne cesse de nous surprendre et de nous émerveiller…

Nous vous laissons sur la route du sel ; en direction du Great Rann of Kachchh !
Mais ça, c’est une autre histoire…

A tout bientôt, la prochaine sera plus courte 😉

Nath et Jérem

5 Responses

  1. MmeB
    MmeB at |

    J’attendais ces nouvelles avec impatience, merci merci merci …. c’est super agreable, encore une fois .Je dévore les commentaires et me régale des images .
    Bon, les photos sont parfois un peu peu en vrac … mais ça fait tourner mon imagination encore plus …hihihi
    Les couleurs des saris, c’est époustouflant,les centaines de bon vieux vrais gros rats pelés …et vous pieds nus au milieu, c’est brrrrrrrrrrrrrr, et …
    je trouve super touchant le kikadikoi n° 7 !

    nb: »troquet », c’est parigot …Dans notre bonne ville de Lyon, on dit « cani » 😉
    A bientôt, les enfants ..ça fait plaisir de vous entendre dire que vous êtes heureux
    Mme B 🙂

    Reply
  2. Natéjerem'
    Natéjerem' at |

    Et oui, on a eu quelques soucis avec le renomage de certaines photos …
    Les webmasters font un travail de FOU !!! Et on ne leur a pas simplifier la tâche avec ce bug de photo .. alors patience patience, une mise à jour va bientôt apparaître … 😉

    Reply
  3. Lacroix Christine
    Lacroix Christine at |

    Les photos sont magnifiques..et votre dynamisme est incroyable..vous allez revenir plein de sagesse…Merci de ce partage..et Bonne suite..bizous..christine

    Reply
  4. GILLES G
    GILLES G at |

    un vrai grand depaysement…je me delecte….au dessus de mon ecran un superbe dessin de jeremy a zanzibar…!
    prenez encore soin de vous .. see you

    Reply
  5. LiliBzh
    LiliBzh at |

    Un régal, j’ai l’impression d’y être 🙂 je ne pensais voir aujourd’hui en me réveillant des poissons chats, des chauves souris, des chameaux, des rats, des vaches, un serpent écrasé (ouf) et des oiseaux aussi beaux! Merci 🙂 les mets et les douceurs sucrées commencent à me donner vraiment envie! Et toutes ces couleurs!!!

    A Lyon, il fait 6° C ressenti 4 ou 5°C, les gants et les bonnets pointent enfin le bout du nez. Il était temps! Demain, c’est le 1er Décembre et la fête des lumières s’installe avec son flot de curieux visiteurs le week-end prochain.

    Prenez soin de vous! Une petite pensée folk; vendredi nous avons dansé au bal du 6ème Continent, on devait avoir aussi chaud que vous en ce moment en Inde 😀

    Reply

Laisser un commentaire